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jeudi 27 août 2009

La prospérité sans la croissance est possible.


Quand une commission du gouvernement britannique publie un rapport appelant à mettre un terme à la croissance économique, il semble tout à coup que notre monde soit en pleine mutation. La croissance est l’objectif central pour les économistes depuis le début de la révolution industrielle. Aujourd’hui le professeur Tim Jackson, le Commissaire Economique de la Commission du Développement Durable du Royaume-Uni publie un ouvrage qui résume l’état actuel de nos connaissances sur la croissance économique et montre de façon convaincante qu’il faut y mettre un terme.

Nous avons tous entendu parler des effets de la croissance sur l’environnement, tels que l’épuisement des ressources et le réchauffement de la planète. L’opinion communément admise est que nous pouvons y faire face en adoptant des technologies plus efficace. Mais ce livre affirme qu’il n’existe pas de scénario plausible dans lequel le progrès technologique pourrait à lui seul réduire suffisamment les émissions de gaz à effet de serre si la croissance se poursuit à son rythme actuel. « La taille de l’économie mondiale est presque cinq fois supérieure à ce qu’elle était il y a un demi-siècle. Si elle continue à croître au même rythme, ce chiffre sera de 80 en 2100. » Les efforts déployés pour utiliser au mieux la technologie afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre seront vraisemblablement submergés par ce rythme rapide de croissance.

Si nous voulons sérieusement éviter les pires effets du réchauffement de la planète, nous devons aller au-delà de ce genre de solutions technologiques et repenser la croissance économique elle-même.

Mettre un terme à la croissance économique n’implique pas pour autant faire des sacrifices. Les données montrent que, au-delà d’un certain point, la croissance n’entraîne pas un accroissement de notre bien-être. Par exemple :

- Les comparaisons internationales sur la perception du bonheur indiquent que l’élévation du revenu par habitant est corrélée avec la perception du bonheur jusqu’à ce que le revenu atteigne un niveau situé environ entre la moitié et les deux tiers de ce qu’il est aujourd’hui aux États-Unis. Au-delà, il n’y a pas de corrélation entre l’augmentation des revenus et celle du sentiment de bonheur. Aux États-Unis et dans plusieurs autres pays développés, la hausse du revenu ne s’est pas traduite par une hausse de cette perception durant les dernières décennies.

- Les indices qui pondèrent le PIB pour mesurer le bien-être avec plus de précision donnent des résultats similaires. Par exemple, l’Indicateur de progrès véritable (Genuine Progress Indicator) montre que, jusqu’aux années 1970, le bien-être des américains augmentait avec le revenu. Mais depuis lors le sentiment de bien-être a baissé, bien que le PIB par habitant ait continué à augmenter.

- Les comparaisons internationales des autres mesures du bien-être, comme l’espérance de vie et la réussite scolaire, donnent également des résultats similaires. L’augmentation du revenu n’améliore plus le bien-être après que le revenu par habitant ait atteint environ la moitié de ce qu’il est aux États-Unis aujourd’hui.

Dans les pays développés, nous sommes arrivés à un point où la croissance économique ne nous apporte que peu ou pas d’amélioration. Mais la croissance menace de causer de grands dommages à nous-mêmes et au reste du monde, avec le réchauffement de la planète, l’augmentation du prix des ressources et le risque d’effondrement écologique.

Pourtant, il semble encore difficile de nous défaire de notre dépendance à la croissance. Le consensus est que la croissance est nécessaire pour réduire le chômage et promouvoir la stabilité économique. Comme on peut le constater au cours de cette récession, lorsque la croissance faiblit, les entreprises réduisent leurs niveaux d’investissement et licencient les travailleurs, rendant l’économie moins efficace et augmentant le chômage. On pense également que nous avons besoin de croissance pour faire face à des niveaux élevés de dette privée et publique.

En réponse à ces questions, l’ouvrage cite les études de Peter Victor, un économiste canadien qui a utilisé des modèles informatiques pour étudier la manière dont l’économie canadienne réagirait à un arrêt de la croissance. Les résultats se transforment de façon spectaculaire en modifiant les valeurs des variables macro-économiques telles que le taux d’épargne, les taux d’investissement public et privé, et la durée de la semaine de travail. Dans l’un des modèles testé, la fin de la croissance entraîne l’instabilité économique, un chômage élevé et une augmentation de la pauvreté. Avec d’autres paramètres, la fin de la croissance apporte la stabilité économique, une réduction de moitié à la fois du chômage et du taux de pauvreté, et une réduction du ratio de la dette au PIB de 75%. Ces différences dans ce deuxième scénario proviennent en partie d’un taux d’épargne plus élevé, d’un plus faible taux de l’investissement privé et d’un taux plus élevé de l’investissement public.

En outre, « le chômage est évité... en réduisant à la fois le nombre total et le nombre moyen d’heures de travail. La réduction de la semaine de travail est la solution structurelle la plus simple et la plus souvent citée au problème du maintien du plein emploi, avec une stabilité du niveau de production. » La fin de la croissance rendrait la vie plus facile en réduisant la quantité de travail que nous avons à fournir.

Il y a très peu d’études macro-économiques de ce genre, alors que d’évidence, il en faudrait beaucoup plus.

Le livre insiste en permanence sur le fait qu’une double approche est requise pour mettre un terme à la croissance : en plus de ces changements économiques, il est nécessaire qu’aient lieu des changements sociaux remettant en cause la place accordée aux valeurs matérialistes. On peut déplorer que l’ouvrage soit plus faible en ce qui concerne les changements sociaux que pour les changements économiques. Il appelle au passage d’une économie qui vise à l’opulence ou l’utilitarisme à une économie qui vise à l’épanouissement humain, mais il ne propose pas une vision convaincante de ce que la vie pourrait être dans une société où les gens ont un niveau de vie confortable et jouissent de temps libre en abondance pour développer leurs talents et de leur humanité dans toute la mesure du possible. Il existe une longue tradition philosophique à ce sujet, remontant à Aristote, mais ce livre, écrit par un économiste, n’est pas très convaincant en ce domaine.

Malgré cette limitation, « La prospérité sans la croissance ? » est le meilleur résumé disponible des enjeux économiques de la fin de la croissance. Il s’agit d’une lecture obligatoire pour tous ceux qui oeuvrent pour éviter un effondrement écologique.

Le fait qu’il soit publié par une Commission du gouvernement britannique fait naître l’espoir que nous pourrions faire mieux que d’éviter simplement l’effondrement. Si l’on applique les suggestions de cet ouvrage, le monde à la fin de ce siècle serait meilleur qu’il n’est aujourd’hui, bénéficiant d’une grande prospérité, non pas consacrée à une vaine consommation, mais au bien vivre.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2688

http://www.sd-commission.org.uk/pages/redefining-prosperity.html

vendredi 21 août 2009

Vous avez dit autonomie politique?

Le texte qui suit n'engage que son auteur.


Ont toujours eu tort ceux qui, en politique, ont eu raison trop tôt.
René Dumont

Vraies divergences ou fausses ruptures?
Ce n'est pas moi qui qui pose la question! C'est, page 8, dans sa rubrique la rentrée politique, le quotidien Le Monde qui titre ainsi sa double interview de Vincent Peillon (pour le PS) et Daniel Cohn Bendit (pour Europe-Écologie).

Le matin même, à l'occasion de l'ouverture des Journées d'été des Verts, à Nîmes, le quotidien Libération, concluait son éditorial par l'étonnante et sibylline phrase suivante: "c'est en verdissant son post matérialisme que que Martine Aubry bâtira des alliances durables".

Bref, les grandes manœuvres politiciennes ont recommencé. Les médias s'en mêlent car, comme l'écrit Patrick Roger, du Monde, : "derrière le combat des régionales, c'est la présidentielle de 2012 qui déjà se prépare".

Ecologie, autonomie, solidaritéL'autonomie politique des écologistes lors des précédentes élections régionales, en 2005, a connu des hauts et des bas. En Ile de France, l'alliance PS-Verts, dès le premier tour, a connu un succès net, de même que l'autonomie des Verts dans la région Rhône-Alpes. Autrement dit, autonomie ou pas, les listes de gauche, unies au premier ou second tour, ont permis que la quasi totalité des régions sauf l'Alsace soient gérées par le PS avec le concours de ses alliés.

C'était au temps où s'opposaient ceux qui croyaient possible l'affirmation politique directe de l'écologie politique et ceux qui pensaient qu'il fallait entrer dans les exécutifs pour peser sur les politiques publiques, quitte à se fondre dans les listes qu'ouvrait le PS. La calamiteuse élection présidentielle a renforcé considérablement le camp des "réalistes" et, pour les élections municipales de 2007, les alliances PS-Verts de premier tour ont encore augmenté.

Puis vint "la crise". Puis vint la guerre intestine affaiblissant, à l'évidence, le PS. Puis vint la mise à la mode de l'écologie ( par les films et brillants shows médiatiques d'Al Gore, Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand, entre autres...), après la révélation du drame planétaire que causait, inexorablement, une activité humaine illimitée. Puis vint Dany Cohn-Bendit et son coup de poker génial des élections européennes...

Et revoici réapparue, donc, l'autonomie politique chez les Verts. Le succès électoral franc mais relatif, avec une énorme abstention, aux Européennes autorise-t-il les Verts à faire cavalier seuls? "Pas question de faire le jeu de la droite" s'exclame dans Libération Serge Morin, le Vice-Président Vert de la région Poitou-Charentes, au mieux avec Ségolène Royal. La mécanique à construire des alliances binaires n'est pas cassée et s'est remise en route. Le premier, Sarkozy l'a bien compris qui, à présent, racle les fonds de tiroir, à droite, en ouvrant sa majorité à De Villiers et aux Chasseurs, après avoir vidé le tiroir des ralliés possibles, à gauche.

Dilemme pour le PS : le succès des Verts, élargis en réseau est-il structurel ou conjoncturel? Dans le premier cas, il faut, coûte que coûte, faire avec eux une alliance de premier ou second tour, mais une alliance de projets autant que de candidats. Dans le second, il faudra limiter les ambitions de ces impudents quitte à "verdir le postmatérialisme", (c'est-à-dire le post-marxisme résiduel du socialisme historique).


Nous allons avoir droit à des mois de faux débats. Il ne sera question, en réalité que de sauver des places, soit au prix de concessions (pour ceux qui, dans la gauche ancienne, étaient des acharnés productivistes) soit au prix de limitations des ambitions (pour ceux, tels les Verts et le PCF, qui ne peuvent espérer, dans les Régions, pour ceux qui y occupent déjà des fonctions dirigeantes, mieux que ce que permet la situation actuelle).

Vraies divergences ou fausses ruptures? En effet! La chance du PS est que le choix n'est pas encore vraiment fait, chez les écologistes : se démarquer du PS et s'unir à lui, tout à la fois, leur est une nécessité électorale. La rupture idéologique publique aurait des effets dévastateurs. Le renoncement à l'affirmation de la spécificité politique de l'écologie, tout autant.

Le calme temporaire qui est apparu, cet été, dans la conjoncture économique (mais au prix d'une aggravation dramatique du chômage) permet ces jeux traditionnels où excellent les états-majors des partis. Les journées d'été sont les derniers festivals de vacances où les vedettes remontent sur scène.

Dany Cohn-Bendit "qui n'est plus candidat à rien", qui ne se veut que "l'animateur d'Europe-Écologie", qui pense "réseau" et non parti, qui parle de "changer la gauche", a une plus grande marge de manœuvre, et il sait que casser le premier et fragile élan produit par les Européennes renverrait tous les écologistes à leur marginalisation précédente. Alors, quitte ou double, et vive l'autonomie : là se situe la motivation réelle de cette stratégie.

Ce qui est de nouveau clair, autonomie ou pas, c'est que la prolongation du débat ouvert avant, pendant et après les élections européennes va continuer à faire la politique. Il y a une vraie divergence avec le PS : elle porte sur la croissance. Il y a une vraie rupture à effectuer avec la gauche : elle n'est pas à changer; il faut en changer! Seuls les écologistes ont les outils intellectuels pour cela : non pas changer la gauche, mais changer de gauche. La gauche qui n'est plus identifiée par ses électeurs comme la gauche, n'est plus elle-même depuis qu'elle a rallié, peu ou prou, le productivisme capitaliste, abandonné l'internationalisme (comprendre la solidarité entre tous les peuples) et occupé des sphères de pouvoir comme on gère des entreprises ou des rentes. Cette gauche-là a fini son cycle historique. S'en est ouvert un autre.

Chacun sait que l'UMP n'existe que comme un agrégat d'opposants à un mythe fondateur. Ce mythe est actuellement vidé de son espérance. Face à ce rien, le peu s'impose et occupe toute la place. Cela ne saurait durer. Il ne peut y avoir de gauche, désormais, qu'écologique c'est-à-dire qui conteste le capitalisme à sa racine pas en le détruisant par la force mais en le privant de ce dont il se nourrit dans tous les domaines : le culte du moi.

Le débat sur l'autonomie va maintenant se placer là : pas seulement par rapport au PS (ce serait lui laisser le rôle déterminant de la référence obligée), mais par rapport à tout ce qui fut la gauche, de ses extrêmes jusqu'à son centre mou : oserons-nous placer le partage avant l'avoir pour que l'avoir se partage dans une mondialisation sans domination? Seul le retour à une telle utopie fondatrice peut animer une gauche entiérement nouvelle, assise sur l'initiative permanente des Terriens, où économie et écologie ne seront plus que l'envers et l'endroit d'une même action citoyenne.

http://mamilitance.blog.lemonde.fr/files/fouras_018_1.jpg

jeudi 6 août 2009

Croissance de la décroissance

Éric Dupin, journaliste, vient d'écrire un article qui fait très bien le point sur le "développement" de l'idée de décroissance! À lire de toute urgence pour tout ékolo qui pense et qui agit...

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Éric Dupin : erdupin@gmail.com

"Il fallait voir l’air interloqué de M. François Fillon. Ce 14 octobre 2008, M. Yves Cochet défendait les thèses de la décroissance du haut de la tribune de l’Assemblée nationale. Diagnostiquant une « crise anthropologique », le député Vert de Paris affirmait, sous les exclamations de la droite, que « la recherche de la croissance est désormais antiéconomique, antisociale et antiécologique ». Son appel à une « société de sobriété » n’avait guère de chances d’emporter l’adhésion de l’hémicycle. Toutefois, l’idée provocatrice de « décroissance » avait forcé les portes du débat public.

La récession est passée par là. Bien sûr, la décroissance « n’a rien à voir avec l’inverse arithmétique de la croissance », comme le souligne M. Cochet , le seul homme politique français d’envergure à défendre cette idée. La mise en examen de la croissance apparaît toutefois comme une conséquence logique de la double crise économique et écologique qui secoue la planète. Les penseurs de la décroissance sont subitement écoutés d’une oreille plus attentive. « Je suis beaucoup plus sollicité », se réjouit Serge Latouche, l’un de ses pionniers. « Les salles sont pleines dans nos débats », lui fait écho Paul Ariès, un autre intellectuel de référence de ce courant de pensée.

Le mot même de « décroissance » est de plus en plus repris, bien au-delà des cercles restreints de l’écologie radicale. « Au moment où les adeptes de la décroissance voient leur argumentaire conforté par la réalité, y a-t-il une alternative entre la décroissance subie ou non dite, comme l’est la récession actuelle, et la décroissance conduite ? », s’interrogeait, pendant la campagne européenne, Nicolas Hulot, pourtant régulièrement qualifié d’« écotartuffe » par les objecteurs de croissance. Soutien d’Europe Ecologie, l’animateur avouait douter de la « croissance verte » et envisageait plutôt une « croissance sélective doublée d’une décroissance choisie ». « Seule la décroissance sauvera la planète », lâcha même le photographe Yann Arthus-Bertrand, dont le film Home, au demeurant largement financé par le groupe de luxe (...)"

Extrait du blog d'Éric Dupin. http://ericdupin.blogs.com/ Lire la suite de cette enquête dans le Monde Diplomatique d'août 2009.

mardi 4 août 2009

Abandonnons nos privilèges climatiques!

http://bordeaux33.blogsudouest.com/files/2008/10/apres-4-aout-1789.jpg

En appeler au Président de la République française serait risible s'il y avait moyen de faire autrement! Nicolas Sarkozy n'est pas crédible pour effectuer les changements politiques qu'exige l'urgence de la situation. Il sera pourtant, à Copenhague, celui qui représentera la France! Alors, l'appel qui suit compte plus par l'impact qu'il aura auprès des citoyens que par la conversion espérée du Chef de l'État. Après tout, en 1789, l'abolition des privilèges, en dépit du Roi de France, avec ou sans lui, s'est faite avec le concours des grands privilégiés, "inspirés" par la Grande Peur paysanne. L'abolition des immenses privilèges actuels ne viendra que de la "sagesse", de l'écophilosophie de tous ceux qui, au cours de ce siècle encore, craignent autant pour leurs intérêts que pour leur vie et celle de leurs successeurs.

Le 4 août 2009

ultimatum climatique

Monsieur le Président,

Au mois de décembre de cette année se tiendra à Copenhague le Sommet de l’ONU sur le climat. Confrontés au péril climatique, les dirigeants du monde entier devront parvenir à surmonter leurs divergences d’intérêts de court terme pour se rassembler autour d’un projet politique mondial fondé sur un constat scientifique objectif et ainsi donner une suite au protocole de Kyoto qui soit à la hauteur des enjeux que nous allons devoir tous ensemble affronter dans les décennies à venir. Le résultat de cette conférence dessinera l’avenir climatique de l’humanité. Or comme le rappelait il y a un an le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, « nous sommes au bord d’une catastrophe si nous n’agissons pas ».

Acteurs reconnus de la protection de l’environnement, des droits humains et de la solidarité internationale, conscients des responsabilités qui sont les nôtres, nous avons décidé pour la première fois de parler d’une seule voix pour vous exprimer publiquement notre préoccupation et vous appeler à agir avec ambition et détermination lors de la Conférence de Copenhague. Au regard de l’ultimatum climatique auquel l’humanité est confrontée aujourd’hui, Monsieur le Président, vous aurez rendez-vous avec l’Histoire en décembre 2009.

Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. L’activité humaine en est la cause. Ses impacts se font déjà ressentir en différents points du globe, notamment par la multiplication des catastrophes climatiques. Si nous n’agissons pas maintenant, ils seront sans aucun doute encore plus dévastateurs. C’est le constat sans appel de 2 500 scientifiques du monde entier qui ont reçu collectivement le Prix Nobel de la Paix en 2007 pour leurs travaux sur le phénomène des changements climatiques. Depuis, de nouveaux éléments scientifiques montrent, chaque jour, que le climat se dérègle au-delà des prévisions les plus pessimistes, avec des conséquences bien plus précoces que prévues et d’ores et déjà visibles.

S’il est encore difficile d’évaluer avec précision l’amplitude des impacts, le danger est en revanche déjà certain. Ecosystèmes ravagés, variabilité climatique extrême, hausse du niveau des océans… : les premières victimes de ces catastrophes en chaîne sont les populations déjà vulnérables en Afrique subsaharienne, en Asie centrale, du Sud Est ou dans de nombreux pays insulaires. La sécurité alimentaire, l’accès à l’eau ou à la terre sont gravement menacés et des centaines de millions de personnes risquent d’être poussées à l’exode, grossissant les rangs de ceux que l’on nomme les « réfugiés climatiques ». Dans un monde de crises, nous craignons que la guerre, l’autoritarisme, les inégalités, la misère et la souffrance humaine prennent encore un peu plus le pas sur la paix, la dignité humaine et la démocratie.

L’urgence climatique nous commande donc d’agir à la hauteur des périls qui sont devant nous. Nous maîtrisons déjà la plupart des technologies nécessaires pour relever le défi d’un mode de développement qui intègrerait à sa juste mesure l’impératif climatique. De plus, cette rupture avec un modèle de développement hérité d’un passé révolu recèle des opportunités d’économies, d’emplois et d’innovations considérables. Encore faut-il que nous prenions la décision politique de le faire.

Tout d’abord, il faut impérativement parvenir à stopper la croissance des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2015 avant de les faire décroître. C’est la seule voie pour limiter le réchauffement des températures bien en-dessous de 2°C, seuil au-delà duquel la capacité à s’adapter de nos sociétés et des écosystèmes est menacée. Pour ce faire, les pays industrialisés, dont la France, doivent s’engager collectivement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici à 2020 par rapport à 1990.

Mais cela ne sera pas suffisant. Les pays en développement doivent, eux aussi, mettre en place les politiques industrielles, énergétiques et agricoles qui limiteront la croissance de leurs émissions avant de les réduire, sans compromettre leur légitime aspiration au développement économique et social. L’accord de Copenhague devra permettre à ces pays d’évoluer vers des modèles sobres en carbone. Il devra aussi leur permettre de s’adapter aux conséquences inévitables du changement climatique.

Pour nombre d’entre eux, en particulier les plus vulnérables, ces actions ne pourront se faire sans le soutien financier et technique des pays industrialisés. Les besoins d’ici à 2020 sont évalués à plus de 100 milliards d’euros par an. C’est moins de 10% des dépenses militaires mondiales.

Responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui dans l’atmosphère, munis de capacités d’action plus fortes, les pays industrialisés portent la responsabilité morale, légale et économique de mener le combat contre le dérèglement du climat. Monsieur le Président, vous vous devez de prendre la tête de ce combat qui est sans aucun doute l’enjeu de ce siècle. Notre avenir commun dépendra dans deux cents jours des choix politiques qui seront faits.

Serge Orru, WWF-France. Pascal Husting, Greenpeace France. François Danel, Action contre la Faim. Olivier Braunsteffer, Care France. Souhayr Belhassen, FIDH. Nicolas Hulot, Fondation Nicolas Hulot. Anne Bringault, Les amis de la terre. Michel Bruguière, Médecins du Monde. Luc Lamprière, Oxfam France Agir Ici. Sandrine Mathy, Réseau Action Climat. Michel Roy, Secours Catholique.

www.copenhague-2009.com/appel