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vendredi 19 décembre 2008

Les prix Pinocchio : halte aux mensonges!




Les Amis de la Terre ont décerné mardi 16 décembre, à l'Entrepôt, à Paris, les prix Pinocchio du développement durable 2008, à trois entreprises parmi les 12 nominées pour des pratiques allant à l'encontre du développement durable, ou des campagnes de communication abusives. Sur la base de cas concrets en Europe ou dans les pays du Sud, plus de 4100 citoyens ont élu cette année deux lauréats : Louis Dreyfus (droits humains) et Areva (environnement et greenwashing).

Les concepts de développement durable et de responsabilité sociale et environnementale des entreprises sont des avancées essentielles de ces dernières années. Toutefois, en l'absence de cadre juridique clair et contraignant, ils ont souvent été récupérés par les entreprises qui, les vidant de leur sens, les utilisent pour redorer leur image auprès des citoyens, des actionnaires et des décideurs publics.

C'est pour dénoncer cette situation que les Amis de la Terre ont décernés mardi 16 décembre à Paris trois prix Pinocchio du développement durable, dans les catégories « environnement », « droits humains », et « greenwashing ». Ces prix se basent sur douze cas concrets au Sud ou en Europe, particulièrement révélateurs du double discours d'entreprises qui se présentent souvent comme irréprochables, mais dont les impacts des activités sont en réalité beaucoup plus négatifs.



Dans la catégorie « Droits humains », le prix Pinocchio a été remis au groupe Louis Dreyfus, deuxième plus gros producteur d'agroéthanol et de sucre au Brésil. Après avoir exploité des populations indigènes Guarani dans des conditions proches de l'esclavage, sa décision récente d'automatiser la récolte de la canne à sucre conduira à plus de 10 000 licenciements. Cet exemple rappelle à quel point le développement des agrocarburants, inutiles en terme de lutte contre le réchauffement climatique, représente en outre une véritable menace sociale et économique pour les pays du Sud.

Dans le catégorie « Environnement », le géant du nucléaire AREVA a été récompensé d'un prix Pinocchio pour les pollutions radioactives graves survenues début juillet sur le site français du Tricastin (Drôme), suite à ce que les autorités ont décrit comme une « série de dysfonctionnements et de néglicences humaines ». Ces événements rappellent à quel point le nucléaire est une énergie dangereuse, malgré ce qu’Areva, soutenu par de nombreux responsables politiques, veut faire croire aux citoyens.

Enfin, dans la catégorie « Greenwashing », c'est également AREVA qui a obtenu le prix Pinocchio 2008 pour son slogan « Nos énergies ont de l'avenir, un avenir sans CO2 ». Malgré les tentatives du groupe pour présenter le nucléaire comme une solution propre et positive en matière de réchauffement climatique, son bilan en la matière reste très loin derrière les énergies renouvelables, que ce soit en termes d'efficacité ou de coût financier, et l'omission permanente dans ses publicités des risques spécifiques au nucléaire (déchets, fuites, démantèlement, etc.) scandalise plus d'un citoyen.

Pour Gwenael Wasse, chargé de campagne pour la Responsabilité sociale et environnementale aux Amis de la Terre, « cette première édition des prix Pinocchio a été un véritable succès, avec plus de 4000 votes en l'espace de quelques semaines. Cela montre que les citoyens ne sont pas dupes des beaux discours des entreprises lorsqu'elles se présentent comme des parangons de vertu. Il faut désormais que les pouvoirs publics légifèrent ! ».

Selon Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes, « Les citoyens ne tolèrent plus le verbiage des entreprises en matière de RSEE. C'est d'actualité : les scandales financiers à répétition illustrent également, dans le secteur financier, l'irresponsabilité des grandes entreprises. Le législateur doit donner un cadre clair, précis et contraignant de reporting environnemental et social aux entreprises, dans la même logique que les normes comptables, et lier la responsabilité juridique de la maison mère à toutes ses filiales en matière environnementale et sociale. Ces outils sont impératifs notamment pour mettre un terme à l'impunité quasi totale des grandes entreprises françaises dans les pays du Sud. »

Les résultats des votes détaillés par catégorie sont accessibles sur le site www.prix-pinocchio.org

vendredi 12 décembre 2008

Les petits fours : ah, non! Pas en ce moment!

Les Verts ont raison. Ce n'est pas la première fois que les écologistes dénoncent des gâchis au moment où beaucoup de citoyens n'ont pas le nécessaire, souffrent du froid et sont sans emploi. Cette fois d'autres sensibilités expriment les mêmes réserves. Sarreguemine, Marseille (pour les corps constitués), Enghien-les-Bains donnent l'exemple.Cela avance, mais trop lentement!



SUPPRESSION DES CÉRÉMONIES DES VŒUX : LOGIQUE ET DÉCENCE L'EXIGENT.

Les communes de l’agglomération de Cergy-Pontoise vont voter leurs budgets. Nombre de ceux-ci seront marqués par une augmentation des impôts locaux pour maintenir le niveau des services à la population.

Notre propos n’est pas, à ce stade, de juger, ni de condamner par principe, ces augmentations. Nous sommes conscients que les ressources budgétaires des communes sont contraintes (désengagement de l’Etat, évolution de la taxe professionnelle …).

Alors, justement, ces ressources diminuant, la logique d’abord, la décence ensuite, voudraient qu’en parallèle à ces augmentations d’impôts soit engagée la chasse aux gaspillages budgétaires.

Parmi ceux-ci se trouvent les cérémonies des vœux dont le coût est généralement augmenté au fil des ans et dont l’utilité sociale est plus que contestable et contesté depuis plusieurs années par les Verts Cergy Pontoise. Entre ceux de la communauté d’agglomération et des communes de Cergy Pontoise, ce sont plusieurs centaines de milliers d’euros qui partent en champagne et petits fours.

Dans le contexte de crise qui frappe cruellement la population la plus fragile, cet argent pourrait trouver une bien plus grande utilité dans le domaine social (soutien aux associations d'aides caritatives ou épiceries sociales), ou encore culturel ou environnemental.

Certains continueront à considérer notre proposition comme démagogique. Libres à eux !

Néanmoins, il nous faut constater que quelques communes de couleurs politiques diverses commencent, après bien des années de pratique, à reconsidérer ce rituel plus « royaliste » que républicain. Puisse cela inciter de nouvelles équipes municipales à suivre ces exemples et à revoir ou supprimer ces cérémonies coûteuses et superflues.



http://lorraine-champagne-ardenne.france3.fr/info/49268591-fr.php
http://www.laprovence.com/articles/2008/12/11/656109-Region-en-direct-Le-maire-de-Marseille-annule-la-ceremonie-des-voeux-aux-corps-constitues.php
http://www.vonews.fr/article_4634

lundi 8 décembre 2008

Poznam : entre deux logiques...

Faut-il, afin de relancer l'économie mondiale, réduire les ambitions de ceux qui veulent des mesures très fortes pour réduire les risques considérables liés au réchauffement climatique, ou faut-il compter sur la récession économique qui pourrait faire chuter les émissions de gaz à effet de serre?


Urgence climatique Poznan


La Conférence de Poznan (Pologne) sur le Changement climatique, la 14ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et quatrième Réunion des Parties au Protocole de Kyoto, entre dans sa deuxième semaine de négociations.


Cette deuxième semaine à Poznan, qui accueille plus de 190 pays (192 parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques – CCNUCC - et 183 parties au Protocole de Kyoto) au chevet de la planète et de son climat depuis le 1er décembre 2008, la dernière ligne droite vers l’après Protocole de Kyoto, l’après 2012, s’avère comme décisive pour réduire la menace climatique.


Rappelons que pour la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), avec la hausse des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), par les pays industrialisés en 2007, il y a urgence à adopter des mesures politiques à la réunion de Poznan en Pologne sur les changements climatiques.


L'objectif est de parvenir à un accord avant la conférence de 2009 à Copenhague, qui prendra effet à partir de 2013, lorsque le Protocole de Kyoto arrivera à expiration. Plus de 11.000 participants travaillent à trouver cet accord sur le climat.


Les ministres de l’environnement sont attendus en milieu de semaine, avec l’espoir que leur présence permettent d’accélérer des négociations qui semblent, pour le moment, peu avancer. Cette deuxième semaine de négociations s’avère donc décisive face à l’urgence climatique, d’autant que la première semaine a semblé bien fade, malgré des rappels très durs sur les conséquences actuelles et à venir de la dérive climatique.


En effet, après une semaine de débats, aucune avancée majeure n’a émergé à Poznan, alors que, comme l’a rappelé lors de l’ouverture Rajendra Pachauri, chef de file des experts internationaux sur le climat le (GIEC), les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés doivent baisser impérativement pour prévenir une flambée des températures d’ici la fin du siècle dans le monde. L’heure tourne et l’urgence climatique est bien réelle.

Rajendra Pachauri,président du GIEC


Les premiers débats ont pour l’essentiel tournés à la guerre de clocher sur fond d’émissions de gaz à effet de serre, entre les pays industrialisés et les pays en développement qui reprochent aux pays industrialisés le fait de ne pas assumer leurs responsabilités historiques.


Rappelons, à titre d’illustration sur l’urgence climatique, le dernier rapport du WWF intitulé « +2°C, c’est déjà trop ! » qui montrait que respectivement 50% et 75% des colonies du manchot empereur et du manchot Adélie sont actuellement menacées.

dimanche 7 décembre 2008

Une bonne nouvelle brésilienne

Une zone de déforestation dans la forête amazonienne en octobre 2008
Une zone de déforestation dans la forêt amazonienne en octobre 2008

Oui, enfin, c'est une très bonne nouvelle, et qui nous concerne!

Brasilia - Le gouvernement brésilien a annoncé lundi un plan national sur les changements climatiques dans lequel il se fixe comme objectif, pour la première fois, de réduire de 70% la déforestation d'ici à 2018.

Le Brésil est considéré comme le quatrième principal émetteur de gaz à effet de serre et la déforestation représente 75% de ces émissions.

C'est la première fois que les autorités du Brésil, qui possède la plus grande forêt tropicale du monde, surnommée le "poumon de la planète", acceptent de se fixer des objectifs précis de réduction des déboisements.

Des organisations de défense de l'environnement se sont félicitées de cet engagement chiffré mais ont estimé qu'il était encore loin de répondre au défi de la déforestation. Le plan a été annoncé lundi lors d'une cérémonie en présence du président Luiz Inacio Lula da Silva. Il sera présenté par le ministre de l'Environnement Carlos Minc à la conférence de l'ONU sur le changement climatique à Poznan, en Pologne, qui s'est ouverte lundi.

"Avec la seule réduction de la déforestation en Amazonie, le plan prévoit que 4,8 milliards de tonnes de C02 en moins seront émises d'ici à 2018 (dans l'atmosphère), ce qui est supérieur aux efforts annoncés par tous les pays riches", a affirmé M. Minc à la presse.

M. Minc a annoncé que le Brésil avait l'intention par le biais de ce plan d'"augmenter le nombre de contribuables au Fonds pour l'Amazonie" créé par Lula en août dernier et destiné à recevoir des dons du monde entier pour lutter contre la déforestation. En septembre dernier, la Norvège a fait don d'un milliard de dollars à ce fonds.

L'engagement pris par le gouvernement brésilien équivaut à réduire de 70% les déboisements en Amazonie (sur la base de la moyenne de déforestation des années allant de 1996 à 2005), progressivement sur des durées de quatre ans.

La moyenne avait été de 19.500 km2 de jungle détruite chaque année, mais dans les faits, comme la déforestation actuelle est de 12.000 km2, cela équivaudra à diminuer de 50% les déboisements. De 2004 à 2007, le Brésil a réduit de 59% la déforestation après un pic historique en 2004 de 27.000 km2 de forêt détruite.

Les ONG se sont montrées prudentes, considérant que le gouvernement aurait pu partir d'une moyenne inférieure de déforestation pour garantir des résultats plus immédiats. "Mieux vaut tard que jamais", a déclaré le directeur des Amis de la Terre, Roberto Smeraldi. Mais il a estimé que ce plan était encore "loin de répondre à la taille du défi" qu'exige la lutte contre la déforestation.

"C'est une proposition timide qui ne donne pas au Brésil une position de leader et j'espère qu'on le dira à Poznan", a estimé le spécialiste de l'environnement à la radio CBN, Sergio Abranches.

Néanmoins, un scientifique de l'Institut des recherches spatiales (INPE), (un institut qui surveille les progrès de la déforestation), José Marengo, a estimé qu'il s'agissait d'un progrès car "désormais nous parlons au moins d'objectifs" à respecter alors qu'avant le gouvernement du Brésil ne reconnaissait pas sa responsabilité dans les émissions de C02. D'après M. Marengo, si la déforestation se maintient au rythme actuel, "à partir de 2040 la végétation amazonienne pourrait devenir une sorte de savane qui n'arrivera plus à absorber le C02 mais en sera un émetteur."

http://www.lexpress.fr/actualites/1/le-bresil-s-engage-a-reduire-la-deforestation-de-70-pourcent-d-ici-a-2018_716762.html

vendredi 5 décembre 2008

Poznan, entre Bali et Copenhague

Greenpeace a installé une station de sauvetage climatique aux abords  d’une vaste mine de charbon à ciel ouvert située à Konin, en Pologne.  Le charbon constitue de loin la plus grande menace environnementale  pour notre climat. La Pologne utilise le charbon pour produire 93% de  son électricité.  La Station a été mise sur pied tout juste avant que ne débute à Poznan  la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques. En  dépit d’agir en tant qu’hôte, la Pologne tente d’entraver les  négociations et d’atténuer les efforts de l’Union européenne pour  réduire ses émissions de CO2.
Une station de sauvetage climatique près d’une vaste mine de charbon à ciel ouvert en Pologne.
Le charbon constitue de loin la plus grande menace environnementale pour notre climat.
La Pologne utilise le charbon pour produire 93% de son électricité.

Fin 2007, les scientifiques du Giec ont publié un rapport dessinant un futur catastrophique. Lors de la conférence des Nations unies de Bali, les gouvernements se sont alors engagés à conclure un accord ambitieux d’ici à décembre 2009, à Copenhague, qui prendrait la suite du protocole de Kyoto expirant fin 2012. Un an plus tard, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et la fonte des glaces en Arctique comme en Antarctique a surpassé les pires scénarios établis par les scientifiques. Pourtant, aucun progrès significatif n’a été réalisé dans le sens d’un accord international…

Même l'Europe, qui s'est toujours targuée d'être le champion de la lutte contre les changements climatiques, arrive en position de faiblesse à Poznan. La délégation européenne, emmenée par la France, ne va présenter qu’un objectif a minima de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et aucune contrainte à financer l'aide aux pays en développement. Si tous les pays industrialisés s'alignaient à Poznan sur le plan européen, nous sommes sur la voie d'une augmentation de 3,2 à 4°C des températures !

http://www.greenpeace.org/france/news/conference-internationale-sur

mardi 2 décembre 2008

Vers un krash alimentaire mondial ?

Navré! Encore une émission angoissante! Mais pourquoi se fait-il que toutes les sonnettes d'alarme soient tirées en même temps si ce n'est parce qu'il y a le feu et qu'il faut se mettre tous à pomper!

Soirée Théma d’Arte, ce soir mardi 2 décembre, à 21 heures



Alors que la mondialisation est censée être synonyme de croissance, le monde se trouve dans une situation qu'il n'a plus connue depuis trente ans : les stocks de céréales n'assurent plus que 37 jours de nourriture à la population mondiale. C'est bien en-deçà du niveau officiel de la sécurité alimentaire, fixé à soixante jours. Le monde risque d'être plongé dans une crise très grave. Les statistiques indiquent que les récoltes de 2008 seront insuffisantes pour nourrir tous les habitants de la planète, pour la septième fois en huit ans. Au moment même où la demande chinoise en céréales s'est brusquement accélérée, les biocarburants ont commencé à redessiner la carte de l'agriculture mondiale. Aux Etats-Unis, la production d'éthanol à base de maïs engloutit le tiers des récoltes du pays
.

Ce document coup de poing donne une alerte très précise sur ce qui nous attend si nous ne nous saisissons pas collectivement du problème agricole et alimentaire mondial. Malheureusement il ne donne guère de solutions, mais il fixe très clairement les enjeux.

Ci-dessous une interview que Bruno Parmentier a donné à Arte, à cette occasion.

« Pour une révolution de la pratique agricole »
Directeur de l’ESA (École Supérieure d’Agriculture), Bruno Parmentier, ingénieur des mines et économiste, est l’auteur d’un ouvrage référence Nourrir l’humanité (Ed. La Découverte, 2007, prix Terra 2008) sur le défi alimentaire. Il en décrypte les enjeux.

Pourquoi n’a-t-on pris conscience de la crise alimentaire qu’en 2007 ?

Alors que huit des dix dernières ont été déficitaires en céréales, les stocks préalablement constitués (environ six mois de consommation depuis des décennies) ont un temps permis de maintenir les cours à bas niveau, jusqu’à ce qu’apparaisse la réalité d’une légère pénurie : nos stocks de céréales sont actuellement au plus bas depuis la 2ème guerre mondiale. Or quel que soit le prix, la demande des 6,5 milliards d’habitants sur la planète, elle, ne fléchit pas. Elle augmente même de 2% par an, entre les 80 millions de « convives supplémentaires », la croissance de la consommation de viande et de lait par une partie de la population, notamment les classes moyennes d’Asie, et la production de biocarburants. En outre, au gâchis à la production dans le Sud – les récoltes pourrissent par insuffisance de transports et de stockage -, s’ajoute celui, effrayant, à la consommation dans le Nord. Ainsi, en 2007, les courbes de croissance structurelle de la demande mondiale et celle de l’offre, très dépendante des conditions climatiques, se sont croisées.

Comment vont évoluer l’offre et la demande alimentaire mondiale dans les prochaines décennies ?

Avec environ 3 milliards d’habitants en plus d’ici 2050, la demande alimentaire variera en fonction des continents. Afin que chacun mange à sa faim, il faudrait doubler la production agricole mondiale, mais en réalité la multiplier par 5 en Afrique, 2, 3 en Asie et 1,9 en Amérique latine. L’offre aura beaucoup de mal à suivre. Pourtant, le XXème siècle a enregistré certains succès en la matière. Ce n’est peut-être pas glorieux, mais alors que la population quadruplait, le chiffre de ceux qui souffraient de la faim est resté stable, à savoir 850 millions. On a donc produit nettement plus, mais avec beaucoup plus de ressources. Désormais, nous allons devoir faire toujours plus, mais avec moins de ressources, ce qui est beaucoup plus difficile.

Moins de terres, mais aussi moins d’eau et d’énergie…

Les terres arables (1,5 milliard d’hectares soit 12% de la planète) ne sont pas extensibles. Bien que les réserves, essentiellement les forêts tropicales, soient mises en culture à un rythme déraisonnable, accélérant le réchauffement climatique, nous perdons plus de terres que nous n’en gagnons, à cause de la pollution et de l’urbanisation massive. La Chine, par exemple, perd 1 million d’hectares par an ! Si en 1960, nous mangions à deux sur un hectare de terre cultivée pour quatre aujourd’hui, nous serons six en 2050. De plus, le réchauffement de la planète augmente les problèmes dus à l’eau et nous aurons à la fois davantage de sécheresse (par exemple depuis cinq ans, il ne peut plus en Australie, qui était un grand pays exportateur de céréales) et davantage d’inondations. Nous exploitons 200 millions d’hectares irrigués sur la planète et ne pourrons augmenter ce chiffre que de 20%, avec d’énormes investissements, tandis que le niveau des nappes phréatiques va baisser de façon très importante dans de nombreuses régions. Enfin, l’agriculture est très « énergétivore » : pour produire une tonne deblé, il faut près de 300 litres de pétrole, pour les engins, mais surtout pour les engrais et les pesticides. Les agriculteurs devront impérativement produire avec moins d’énergie. Dans le même temps, on leur demande de remplir les réservoirs d’essence avec les biocarburants. C’est un défi gigantesque.

Quelles solutions préconisez-vous ?

Au XXème siècle, on a artificialisé au maximum l’activité agricole, et notamment par la chimie, à travers les engrais, les fongicides, les insecticides et les herbicides. Une solution coûteuse, tant sur le plan financier qu’en termes d’énergie, de pollution et d’impact sur la santé. L’âge de la chimie pour l’agriculture est maintenant révolu. Le XXIème siècle devra être celui de la biologie, et en particulier de l’agriculture à « haute intensité environnementale ». Il faut trouver des moyens de faire jouer à la nature le rôle des engrais et des pesticides, c’est à dire par exemple avoir recours à des associations de plantes qui se protègent et se nourrissent entre elles et plus généralement faire appel à la biodiversité. Les vers de terre, par exemple, qui sont d’excellents laboureurs, les abeilles pollinisatrices, les bactéries, les champignons, etc. En outre, comme dans les régions tropicales, nous devrons récolter au moins deux fois l’an : une l’hiver pour nourrir la terre avec des plantes fixant le carbone et l’azote et économiser les engrais, et une l’été pour nourrir les hommes. Cette révolution urgente de toute la pratique agricole implique de vastes programmes de recherches. D’autant qu’il va falloir inventer des milliers d’agricultures, une par canton et par micro-climat…



Que pensez-vous du débat sur les OGM ?


Il est faussé, parce que les premiers OGM n’apportent pas de réelle solution aux problèmes de l’humanité et qu’ils ont été fabriqués par une multinationale américaine spécialisée dans les herbicides et les insecticides, Monsanto, dont le gouvernement américain a assuré des conditions favorisant le monopole, la privatisation du vivant et une impunité face aux dérives. Mais les vrai enjeux sont autres, par exemple la mise au point de céréales moins consommatrices d’eau ou de plantes productrices de protéines ou de vitamines, ou résistantes au froid ou à l’altitude, etc. Il peut y avoir des OGM « de vie ». Tandis que l’Europe bloque sur la question, les OGM plantés dans le monde recouvrent déjà cinq fois la surface agricole française. S’il faut d’abord parier sur une agriculture à haute intensité environnementale, nousdevons aussi lancer des recherches, publiques, sur les OGM en garantissant la sécurité pour calmer les peurs qui se sont multipliées. Car si les paysans échouent, la faim, elle, sera également très dangereuse quand elle engendrera émeutes et guerres.

Quelle est la responsabilité de l’OMC dans la crise alimentaire ?

Depuis vingt ans, la pensée unique a imposé l’idée qu’il fallait arrêter de soutenir les agriculteurs et ouvrir les frontières, pour une plus grande émulation. C’est pourquoi on a retiré à la FAO l’organisation de l’agriculture mondiale pour la confier aux commerçants de l’OMC. On a ainsi expliqué aux États africains que s’acharner à faire de la nourriture ne servait à rien, puisque d’autres pays étaient plus efficaces pour produire. Au nom du remboursement de la dette, la Banque mondiale et le FMI ont découragé le soutien à l’agriculture vivrière, au profit de celle génératrice de devises : arachide, coton, café, cacao... Cette politique s’est effondrée en 2007 lorsque les pays exportateurs de céréales ont fermé leurs frontières, affamant les pays qui avaient bradé leurs agricultures. Si dans l’imaginaire français traumatisé par les pénuries de la 2ème guerre mondiale, la faim est un phénomène urbain, ce sont en réalité des paysans qui meurent aujourd’hui de faim dans le monde, en silence. Le problème n’est donc pas de les nourrir, tâche pratiquement impossible, mais plutôt de cesser de les empêcher de se nourrir eux-mêmes ! D’où la nécessité d’une sorte de « plan Marshall » pour reconstruire et soutenir l’agriculture vivrière et familiale dans ces pays. La paix mondiale sera à ce prix.



http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article8907
http://television.telerama.fr/tele/emission.php?id=11114179