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Notre prochain débat citoyen aura lieu le samedi 09 Février à 17h00
Maison de la Challe à ERAGNY

Les circuits courts alimentaires
Les jardins partagés


vendredi 19 décembre 2008

Les prix Pinocchio : halte aux mensonges!




Les Amis de la Terre ont décerné mardi 16 décembre, à l'Entrepôt, à Paris, les prix Pinocchio du développement durable 2008, à trois entreprises parmi les 12 nominées pour des pratiques allant à l'encontre du développement durable, ou des campagnes de communication abusives. Sur la base de cas concrets en Europe ou dans les pays du Sud, plus de 4100 citoyens ont élu cette année deux lauréats : Louis Dreyfus (droits humains) et Areva (environnement et greenwashing).

Les concepts de développement durable et de responsabilité sociale et environnementale des entreprises sont des avancées essentielles de ces dernières années. Toutefois, en l'absence de cadre juridique clair et contraignant, ils ont souvent été récupérés par les entreprises qui, les vidant de leur sens, les utilisent pour redorer leur image auprès des citoyens, des actionnaires et des décideurs publics.

C'est pour dénoncer cette situation que les Amis de la Terre ont décernés mardi 16 décembre à Paris trois prix Pinocchio du développement durable, dans les catégories « environnement », « droits humains », et « greenwashing ». Ces prix se basent sur douze cas concrets au Sud ou en Europe, particulièrement révélateurs du double discours d'entreprises qui se présentent souvent comme irréprochables, mais dont les impacts des activités sont en réalité beaucoup plus négatifs.



Dans la catégorie « Droits humains », le prix Pinocchio a été remis au groupe Louis Dreyfus, deuxième plus gros producteur d'agroéthanol et de sucre au Brésil. Après avoir exploité des populations indigènes Guarani dans des conditions proches de l'esclavage, sa décision récente d'automatiser la récolte de la canne à sucre conduira à plus de 10 000 licenciements. Cet exemple rappelle à quel point le développement des agrocarburants, inutiles en terme de lutte contre le réchauffement climatique, représente en outre une véritable menace sociale et économique pour les pays du Sud.

Dans le catégorie « Environnement », le géant du nucléaire AREVA a été récompensé d'un prix Pinocchio pour les pollutions radioactives graves survenues début juillet sur le site français du Tricastin (Drôme), suite à ce que les autorités ont décrit comme une « série de dysfonctionnements et de néglicences humaines ». Ces événements rappellent à quel point le nucléaire est une énergie dangereuse, malgré ce qu’Areva, soutenu par de nombreux responsables politiques, veut faire croire aux citoyens.

Enfin, dans la catégorie « Greenwashing », c'est également AREVA qui a obtenu le prix Pinocchio 2008 pour son slogan « Nos énergies ont de l'avenir, un avenir sans CO2 ». Malgré les tentatives du groupe pour présenter le nucléaire comme une solution propre et positive en matière de réchauffement climatique, son bilan en la matière reste très loin derrière les énergies renouvelables, que ce soit en termes d'efficacité ou de coût financier, et l'omission permanente dans ses publicités des risques spécifiques au nucléaire (déchets, fuites, démantèlement, etc.) scandalise plus d'un citoyen.

Pour Gwenael Wasse, chargé de campagne pour la Responsabilité sociale et environnementale aux Amis de la Terre, « cette première édition des prix Pinocchio a été un véritable succès, avec plus de 4000 votes en l'espace de quelques semaines. Cela montre que les citoyens ne sont pas dupes des beaux discours des entreprises lorsqu'elles se présentent comme des parangons de vertu. Il faut désormais que les pouvoirs publics légifèrent ! ».

Selon Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes, « Les citoyens ne tolèrent plus le verbiage des entreprises en matière de RSEE. C'est d'actualité : les scandales financiers à répétition illustrent également, dans le secteur financier, l'irresponsabilité des grandes entreprises. Le législateur doit donner un cadre clair, précis et contraignant de reporting environnemental et social aux entreprises, dans la même logique que les normes comptables, et lier la responsabilité juridique de la maison mère à toutes ses filiales en matière environnementale et sociale. Ces outils sont impératifs notamment pour mettre un terme à l'impunité quasi totale des grandes entreprises françaises dans les pays du Sud. »

Les résultats des votes détaillés par catégorie sont accessibles sur le site www.prix-pinocchio.org

vendredi 12 décembre 2008

Les petits fours : ah, non! Pas en ce moment!

Les Verts ont raison. Ce n'est pas la première fois que les écologistes dénoncent des gâchis au moment où beaucoup de citoyens n'ont pas le nécessaire, souffrent du froid et sont sans emploi. Cette fois d'autres sensibilités expriment les mêmes réserves. Sarreguemine, Marseille (pour les corps constitués), Enghien-les-Bains donnent l'exemple.Cela avance, mais trop lentement!



SUPPRESSION DES CÉRÉMONIES DES VŒUX : LOGIQUE ET DÉCENCE L'EXIGENT.

Les communes de l’agglomération de Cergy-Pontoise vont voter leurs budgets. Nombre de ceux-ci seront marqués par une augmentation des impôts locaux pour maintenir le niveau des services à la population.

Notre propos n’est pas, à ce stade, de juger, ni de condamner par principe, ces augmentations. Nous sommes conscients que les ressources budgétaires des communes sont contraintes (désengagement de l’Etat, évolution de la taxe professionnelle …).

Alors, justement, ces ressources diminuant, la logique d’abord, la décence ensuite, voudraient qu’en parallèle à ces augmentations d’impôts soit engagée la chasse aux gaspillages budgétaires.

Parmi ceux-ci se trouvent les cérémonies des vœux dont le coût est généralement augmenté au fil des ans et dont l’utilité sociale est plus que contestable et contesté depuis plusieurs années par les Verts Cergy Pontoise. Entre ceux de la communauté d’agglomération et des communes de Cergy Pontoise, ce sont plusieurs centaines de milliers d’euros qui partent en champagne et petits fours.

Dans le contexte de crise qui frappe cruellement la population la plus fragile, cet argent pourrait trouver une bien plus grande utilité dans le domaine social (soutien aux associations d'aides caritatives ou épiceries sociales), ou encore culturel ou environnemental.

Certains continueront à considérer notre proposition comme démagogique. Libres à eux !

Néanmoins, il nous faut constater que quelques communes de couleurs politiques diverses commencent, après bien des années de pratique, à reconsidérer ce rituel plus « royaliste » que républicain. Puisse cela inciter de nouvelles équipes municipales à suivre ces exemples et à revoir ou supprimer ces cérémonies coûteuses et superflues.



http://lorraine-champagne-ardenne.france3.fr/info/49268591-fr.php
http://www.laprovence.com/articles/2008/12/11/656109-Region-en-direct-Le-maire-de-Marseille-annule-la-ceremonie-des-voeux-aux-corps-constitues.php
http://www.vonews.fr/article_4634

lundi 8 décembre 2008

Poznam : entre deux logiques...

Faut-il, afin de relancer l'économie mondiale, réduire les ambitions de ceux qui veulent des mesures très fortes pour réduire les risques considérables liés au réchauffement climatique, ou faut-il compter sur la récession économique qui pourrait faire chuter les émissions de gaz à effet de serre?


Urgence climatique Poznan


La Conférence de Poznan (Pologne) sur le Changement climatique, la 14ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et quatrième Réunion des Parties au Protocole de Kyoto, entre dans sa deuxième semaine de négociations.


Cette deuxième semaine à Poznan, qui accueille plus de 190 pays (192 parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques – CCNUCC - et 183 parties au Protocole de Kyoto) au chevet de la planète et de son climat depuis le 1er décembre 2008, la dernière ligne droite vers l’après Protocole de Kyoto, l’après 2012, s’avère comme décisive pour réduire la menace climatique.


Rappelons que pour la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), avec la hausse des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), par les pays industrialisés en 2007, il y a urgence à adopter des mesures politiques à la réunion de Poznan en Pologne sur les changements climatiques.


L'objectif est de parvenir à un accord avant la conférence de 2009 à Copenhague, qui prendra effet à partir de 2013, lorsque le Protocole de Kyoto arrivera à expiration. Plus de 11.000 participants travaillent à trouver cet accord sur le climat.


Les ministres de l’environnement sont attendus en milieu de semaine, avec l’espoir que leur présence permettent d’accélérer des négociations qui semblent, pour le moment, peu avancer. Cette deuxième semaine de négociations s’avère donc décisive face à l’urgence climatique, d’autant que la première semaine a semblé bien fade, malgré des rappels très durs sur les conséquences actuelles et à venir de la dérive climatique.


En effet, après une semaine de débats, aucune avancée majeure n’a émergé à Poznan, alors que, comme l’a rappelé lors de l’ouverture Rajendra Pachauri, chef de file des experts internationaux sur le climat le (GIEC), les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés doivent baisser impérativement pour prévenir une flambée des températures d’ici la fin du siècle dans le monde. L’heure tourne et l’urgence climatique est bien réelle.

Rajendra Pachauri,président du GIEC


Les premiers débats ont pour l’essentiel tournés à la guerre de clocher sur fond d’émissions de gaz à effet de serre, entre les pays industrialisés et les pays en développement qui reprochent aux pays industrialisés le fait de ne pas assumer leurs responsabilités historiques.


Rappelons, à titre d’illustration sur l’urgence climatique, le dernier rapport du WWF intitulé « +2°C, c’est déjà trop ! » qui montrait que respectivement 50% et 75% des colonies du manchot empereur et du manchot Adélie sont actuellement menacées.

dimanche 7 décembre 2008

Une bonne nouvelle brésilienne

Une zone de déforestation dans la forête amazonienne en octobre 2008
Une zone de déforestation dans la forêt amazonienne en octobre 2008

Oui, enfin, c'est une très bonne nouvelle, et qui nous concerne!

Brasilia - Le gouvernement brésilien a annoncé lundi un plan national sur les changements climatiques dans lequel il se fixe comme objectif, pour la première fois, de réduire de 70% la déforestation d'ici à 2018.

Le Brésil est considéré comme le quatrième principal émetteur de gaz à effet de serre et la déforestation représente 75% de ces émissions.

C'est la première fois que les autorités du Brésil, qui possède la plus grande forêt tropicale du monde, surnommée le "poumon de la planète", acceptent de se fixer des objectifs précis de réduction des déboisements.

Des organisations de défense de l'environnement se sont félicitées de cet engagement chiffré mais ont estimé qu'il était encore loin de répondre au défi de la déforestation. Le plan a été annoncé lundi lors d'une cérémonie en présence du président Luiz Inacio Lula da Silva. Il sera présenté par le ministre de l'Environnement Carlos Minc à la conférence de l'ONU sur le changement climatique à Poznan, en Pologne, qui s'est ouverte lundi.

"Avec la seule réduction de la déforestation en Amazonie, le plan prévoit que 4,8 milliards de tonnes de C02 en moins seront émises d'ici à 2018 (dans l'atmosphère), ce qui est supérieur aux efforts annoncés par tous les pays riches", a affirmé M. Minc à la presse.

M. Minc a annoncé que le Brésil avait l'intention par le biais de ce plan d'"augmenter le nombre de contribuables au Fonds pour l'Amazonie" créé par Lula en août dernier et destiné à recevoir des dons du monde entier pour lutter contre la déforestation. En septembre dernier, la Norvège a fait don d'un milliard de dollars à ce fonds.

L'engagement pris par le gouvernement brésilien équivaut à réduire de 70% les déboisements en Amazonie (sur la base de la moyenne de déforestation des années allant de 1996 à 2005), progressivement sur des durées de quatre ans.

La moyenne avait été de 19.500 km2 de jungle détruite chaque année, mais dans les faits, comme la déforestation actuelle est de 12.000 km2, cela équivaudra à diminuer de 50% les déboisements. De 2004 à 2007, le Brésil a réduit de 59% la déforestation après un pic historique en 2004 de 27.000 km2 de forêt détruite.

Les ONG se sont montrées prudentes, considérant que le gouvernement aurait pu partir d'une moyenne inférieure de déforestation pour garantir des résultats plus immédiats. "Mieux vaut tard que jamais", a déclaré le directeur des Amis de la Terre, Roberto Smeraldi. Mais il a estimé que ce plan était encore "loin de répondre à la taille du défi" qu'exige la lutte contre la déforestation.

"C'est une proposition timide qui ne donne pas au Brésil une position de leader et j'espère qu'on le dira à Poznan", a estimé le spécialiste de l'environnement à la radio CBN, Sergio Abranches.

Néanmoins, un scientifique de l'Institut des recherches spatiales (INPE), (un institut qui surveille les progrès de la déforestation), José Marengo, a estimé qu'il s'agissait d'un progrès car "désormais nous parlons au moins d'objectifs" à respecter alors qu'avant le gouvernement du Brésil ne reconnaissait pas sa responsabilité dans les émissions de C02. D'après M. Marengo, si la déforestation se maintient au rythme actuel, "à partir de 2040 la végétation amazonienne pourrait devenir une sorte de savane qui n'arrivera plus à absorber le C02 mais en sera un émetteur."

http://www.lexpress.fr/actualites/1/le-bresil-s-engage-a-reduire-la-deforestation-de-70-pourcent-d-ici-a-2018_716762.html

vendredi 5 décembre 2008

Poznan, entre Bali et Copenhague

Greenpeace a installé une station de sauvetage climatique aux abords  d’une vaste mine de charbon à ciel ouvert située à Konin, en Pologne.  Le charbon constitue de loin la plus grande menace environnementale  pour notre climat. La Pologne utilise le charbon pour produire 93% de  son électricité.  La Station a été mise sur pied tout juste avant que ne débute à Poznan  la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques. En  dépit d’agir en tant qu’hôte, la Pologne tente d’entraver les  négociations et d’atténuer les efforts de l’Union européenne pour  réduire ses émissions de CO2.
Une station de sauvetage climatique près d’une vaste mine de charbon à ciel ouvert en Pologne.
Le charbon constitue de loin la plus grande menace environnementale pour notre climat.
La Pologne utilise le charbon pour produire 93% de son électricité.

Fin 2007, les scientifiques du Giec ont publié un rapport dessinant un futur catastrophique. Lors de la conférence des Nations unies de Bali, les gouvernements se sont alors engagés à conclure un accord ambitieux d’ici à décembre 2009, à Copenhague, qui prendrait la suite du protocole de Kyoto expirant fin 2012. Un an plus tard, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et la fonte des glaces en Arctique comme en Antarctique a surpassé les pires scénarios établis par les scientifiques. Pourtant, aucun progrès significatif n’a été réalisé dans le sens d’un accord international…

Même l'Europe, qui s'est toujours targuée d'être le champion de la lutte contre les changements climatiques, arrive en position de faiblesse à Poznan. La délégation européenne, emmenée par la France, ne va présenter qu’un objectif a minima de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et aucune contrainte à financer l'aide aux pays en développement. Si tous les pays industrialisés s'alignaient à Poznan sur le plan européen, nous sommes sur la voie d'une augmentation de 3,2 à 4°C des températures !

http://www.greenpeace.org/france/news/conference-internationale-sur

mardi 2 décembre 2008

Vers un krash alimentaire mondial ?

Navré! Encore une émission angoissante! Mais pourquoi se fait-il que toutes les sonnettes d'alarme soient tirées en même temps si ce n'est parce qu'il y a le feu et qu'il faut se mettre tous à pomper!

Soirée Théma d’Arte, ce soir mardi 2 décembre, à 21 heures



Alors que la mondialisation est censée être synonyme de croissance, le monde se trouve dans une situation qu'il n'a plus connue depuis trente ans : les stocks de céréales n'assurent plus que 37 jours de nourriture à la population mondiale. C'est bien en-deçà du niveau officiel de la sécurité alimentaire, fixé à soixante jours. Le monde risque d'être plongé dans une crise très grave. Les statistiques indiquent que les récoltes de 2008 seront insuffisantes pour nourrir tous les habitants de la planète, pour la septième fois en huit ans. Au moment même où la demande chinoise en céréales s'est brusquement accélérée, les biocarburants ont commencé à redessiner la carte de l'agriculture mondiale. Aux Etats-Unis, la production d'éthanol à base de maïs engloutit le tiers des récoltes du pays
.

Ce document coup de poing donne une alerte très précise sur ce qui nous attend si nous ne nous saisissons pas collectivement du problème agricole et alimentaire mondial. Malheureusement il ne donne guère de solutions, mais il fixe très clairement les enjeux.

Ci-dessous une interview que Bruno Parmentier a donné à Arte, à cette occasion.

« Pour une révolution de la pratique agricole »
Directeur de l’ESA (École Supérieure d’Agriculture), Bruno Parmentier, ingénieur des mines et économiste, est l’auteur d’un ouvrage référence Nourrir l’humanité (Ed. La Découverte, 2007, prix Terra 2008) sur le défi alimentaire. Il en décrypte les enjeux.

Pourquoi n’a-t-on pris conscience de la crise alimentaire qu’en 2007 ?

Alors que huit des dix dernières ont été déficitaires en céréales, les stocks préalablement constitués (environ six mois de consommation depuis des décennies) ont un temps permis de maintenir les cours à bas niveau, jusqu’à ce qu’apparaisse la réalité d’une légère pénurie : nos stocks de céréales sont actuellement au plus bas depuis la 2ème guerre mondiale. Or quel que soit le prix, la demande des 6,5 milliards d’habitants sur la planète, elle, ne fléchit pas. Elle augmente même de 2% par an, entre les 80 millions de « convives supplémentaires », la croissance de la consommation de viande et de lait par une partie de la population, notamment les classes moyennes d’Asie, et la production de biocarburants. En outre, au gâchis à la production dans le Sud – les récoltes pourrissent par insuffisance de transports et de stockage -, s’ajoute celui, effrayant, à la consommation dans le Nord. Ainsi, en 2007, les courbes de croissance structurelle de la demande mondiale et celle de l’offre, très dépendante des conditions climatiques, se sont croisées.

Comment vont évoluer l’offre et la demande alimentaire mondiale dans les prochaines décennies ?

Avec environ 3 milliards d’habitants en plus d’ici 2050, la demande alimentaire variera en fonction des continents. Afin que chacun mange à sa faim, il faudrait doubler la production agricole mondiale, mais en réalité la multiplier par 5 en Afrique, 2, 3 en Asie et 1,9 en Amérique latine. L’offre aura beaucoup de mal à suivre. Pourtant, le XXème siècle a enregistré certains succès en la matière. Ce n’est peut-être pas glorieux, mais alors que la population quadruplait, le chiffre de ceux qui souffraient de la faim est resté stable, à savoir 850 millions. On a donc produit nettement plus, mais avec beaucoup plus de ressources. Désormais, nous allons devoir faire toujours plus, mais avec moins de ressources, ce qui est beaucoup plus difficile.

Moins de terres, mais aussi moins d’eau et d’énergie…

Les terres arables (1,5 milliard d’hectares soit 12% de la planète) ne sont pas extensibles. Bien que les réserves, essentiellement les forêts tropicales, soient mises en culture à un rythme déraisonnable, accélérant le réchauffement climatique, nous perdons plus de terres que nous n’en gagnons, à cause de la pollution et de l’urbanisation massive. La Chine, par exemple, perd 1 million d’hectares par an ! Si en 1960, nous mangions à deux sur un hectare de terre cultivée pour quatre aujourd’hui, nous serons six en 2050. De plus, le réchauffement de la planète augmente les problèmes dus à l’eau et nous aurons à la fois davantage de sécheresse (par exemple depuis cinq ans, il ne peut plus en Australie, qui était un grand pays exportateur de céréales) et davantage d’inondations. Nous exploitons 200 millions d’hectares irrigués sur la planète et ne pourrons augmenter ce chiffre que de 20%, avec d’énormes investissements, tandis que le niveau des nappes phréatiques va baisser de façon très importante dans de nombreuses régions. Enfin, l’agriculture est très « énergétivore » : pour produire une tonne deblé, il faut près de 300 litres de pétrole, pour les engins, mais surtout pour les engrais et les pesticides. Les agriculteurs devront impérativement produire avec moins d’énergie. Dans le même temps, on leur demande de remplir les réservoirs d’essence avec les biocarburants. C’est un défi gigantesque.

Quelles solutions préconisez-vous ?

Au XXème siècle, on a artificialisé au maximum l’activité agricole, et notamment par la chimie, à travers les engrais, les fongicides, les insecticides et les herbicides. Une solution coûteuse, tant sur le plan financier qu’en termes d’énergie, de pollution et d’impact sur la santé. L’âge de la chimie pour l’agriculture est maintenant révolu. Le XXIème siècle devra être celui de la biologie, et en particulier de l’agriculture à « haute intensité environnementale ». Il faut trouver des moyens de faire jouer à la nature le rôle des engrais et des pesticides, c’est à dire par exemple avoir recours à des associations de plantes qui se protègent et se nourrissent entre elles et plus généralement faire appel à la biodiversité. Les vers de terre, par exemple, qui sont d’excellents laboureurs, les abeilles pollinisatrices, les bactéries, les champignons, etc. En outre, comme dans les régions tropicales, nous devrons récolter au moins deux fois l’an : une l’hiver pour nourrir la terre avec des plantes fixant le carbone et l’azote et économiser les engrais, et une l’été pour nourrir les hommes. Cette révolution urgente de toute la pratique agricole implique de vastes programmes de recherches. D’autant qu’il va falloir inventer des milliers d’agricultures, une par canton et par micro-climat…



Que pensez-vous du débat sur les OGM ?


Il est faussé, parce que les premiers OGM n’apportent pas de réelle solution aux problèmes de l’humanité et qu’ils ont été fabriqués par une multinationale américaine spécialisée dans les herbicides et les insecticides, Monsanto, dont le gouvernement américain a assuré des conditions favorisant le monopole, la privatisation du vivant et une impunité face aux dérives. Mais les vrai enjeux sont autres, par exemple la mise au point de céréales moins consommatrices d’eau ou de plantes productrices de protéines ou de vitamines, ou résistantes au froid ou à l’altitude, etc. Il peut y avoir des OGM « de vie ». Tandis que l’Europe bloque sur la question, les OGM plantés dans le monde recouvrent déjà cinq fois la surface agricole française. S’il faut d’abord parier sur une agriculture à haute intensité environnementale, nousdevons aussi lancer des recherches, publiques, sur les OGM en garantissant la sécurité pour calmer les peurs qui se sont multipliées. Car si les paysans échouent, la faim, elle, sera également très dangereuse quand elle engendrera émeutes et guerres.

Quelle est la responsabilité de l’OMC dans la crise alimentaire ?

Depuis vingt ans, la pensée unique a imposé l’idée qu’il fallait arrêter de soutenir les agriculteurs et ouvrir les frontières, pour une plus grande émulation. C’est pourquoi on a retiré à la FAO l’organisation de l’agriculture mondiale pour la confier aux commerçants de l’OMC. On a ainsi expliqué aux États africains que s’acharner à faire de la nourriture ne servait à rien, puisque d’autres pays étaient plus efficaces pour produire. Au nom du remboursement de la dette, la Banque mondiale et le FMI ont découragé le soutien à l’agriculture vivrière, au profit de celle génératrice de devises : arachide, coton, café, cacao... Cette politique s’est effondrée en 2007 lorsque les pays exportateurs de céréales ont fermé leurs frontières, affamant les pays qui avaient bradé leurs agricultures. Si dans l’imaginaire français traumatisé par les pénuries de la 2ème guerre mondiale, la faim est un phénomène urbain, ce sont en réalité des paysans qui meurent aujourd’hui de faim dans le monde, en silence. Le problème n’est donc pas de les nourrir, tâche pratiquement impossible, mais plutôt de cesser de les empêcher de se nourrir eux-mêmes ! D’où la nécessité d’une sorte de « plan Marshall » pour reconstruire et soutenir l’agriculture vivrière et familiale dans ces pays. La paix mondiale sera à ce prix.



http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article8907
http://television.telerama.fr/tele/emission.php?id=11114179

samedi 29 novembre 2008

Sperme: l'humanité en péril?

ARTE a encore frappé, le 25 novembre dernier.
En-dessous de la ceinture?
Aussi grave que l'effet de serre : "les mâles en péril"!
Difficile de produire des infos positives, en ce moment!
Et pourtant, dès qu'on sait, on peut agir!



Arte présentait un reportage cette semaine sur la baisse du nombre de spermatozoïdes chez l’homme. Un constat alarmant, puisqu’en 20 ans une baisse de 40% est constatée, aggravée par une baisse de qualité. L’étude réalisée à Paris est d’une grande fiabilité et va devenir une référence mondiale.

En cause dans cette baisse: certains produits chimiques, (dont l’absorption via des cosmétiques) ou l’alimentation (qui trouble le système endocrinien des hommes et des femmes).

Voici quelques extraits d’un article du monde du 22 novembre sous la plume de Sandrine Blanchard (http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2008/11/21...) :

"Les problèmes de l'appareil reproducteur masculin sont aujourd'hui potentiellement aussi graves que le réchauffement climatique", affirme sans détour le professeur danois Niels Skakkebaek, directeur de recherche à l'hôpital universitaire de Copenhague.

“Tout se passe comme si le système endocrinien était piégé par des molécules chimiques. Des grenouilles mâles exposées à des pesticides deviennent hermaphrodites, des alligators voient le taux de testostérone chuter, des populations de poissons dans les rivières et les estuaires se féminisent.”

“Au Danemark, les femmes enceintes reçoivent une liste de conseils pratiques afin qu'elles limitent leur exposition aux produits chimiques. Il leur est recommandé d'utiliser le moins possible de cosmétiques, de ne pas se colorer les cheveux, de bannir les peintures et les produits en spray...”

Le 17 octobre, le gouvernement canadien a annoncé un nouveau règlement visant à interdire l'importation et la vente des biberons en plastique qui contiennent du bisphénol A.

Les produits chimiques ne sont pas seuls en cause. Le déversement de tonnes d’oestrogènes dans les eaux, conséquence de traitements médicaux ou de l'usage de la pilule contraceptive, agit également comme un féminisant pour toutes les espèces:

“Une étude réalisée par des chercheurs de l’Institut Armand-Frappier et un chercheur d’Environnement Canada durant environ cinq ans a révélé, quant à elle, que les concentrations de substances oestrogènes dans le fleuve du Saint-Laurent (Québec) sont telles, que la féminisation de certaines espèces a atteint des proportions de 30 à 50% et qu’un pourcentage inquiétant des poissons mâles analysés affichent une diminution quasi-totale de leurs fonctions reproductrices.

Afin de compléter ces recherches, ils ont également étudier les répercutions possibles sur l’homme en nourrissant des rats de laboratoire avec l’eau potable de millions de Québécois. Ils ont alors vérifié une baisse de la production de spermatozoïdes chez les rats mâles et une réduction sensible de la motricité de leurs spermatozoïdes. Cette recherche révèle que la bioaccumulation de substances oestrogènes est possible et qu’elle se transfère d’une espèce à l'autre dans la chaîne alimentaire, d'un poisson à un mammifère, et... de moi à toi.

D'autres études ont montré la dévirilisation des crapauds mâles, des alligators, des tortues de Californie, des panthères de Floride, et même des ours polaires, ainsi que des mouettes mâles qui se mettent à couver des œufs, en raison du taux quasiment pharmaceutique dans les eaux de rivières, des oestrogènes hormonaux et médicamenteux, provenant des pilules contraceptives consommées par des dizaines de millions ou peut-être même de centaines de millions de femmes dans le monde, et quotidiennement rejetées via les urines dans les eaux usées des sanitaires et non traitées en stations d’épuration, oestrogènes qui vont se joindre aux actions des composés chimiques mimant les effets des oestrogènes naturels (oestrogène-like) : les pesticides organochlorés, eux-mêmes répandus par milliers de tonnes par an dans le monde, les dioxines, les phtalates (utilisés dans les produits en PVC, sols, jouets, tuiles, dans les colles, les encres, les solvants des cosmétiques et des produits de toilette), les alkyl phénols et leurs dérivés (utilisés comme détergents industriels et incorporés dans certaines peintures et certains plastiques), le bisphénol A utilisé dans les couvercles alimentaires et les bouteilles plastiques en polycarbonate, les hydrocarbures aromatiques, les retardateurs de flamme au brome (BFRs) utilisés dans les tissus d’ameublement, les meubles, les ordinateurs, et certains métaux lourds (cadmium, mercure, plomb), etc.”



Rediffusions :
29.11.2008 à 09:40
13.12.2008 à 05:00
Les mâles en péril
(France, 2007, 52mn)

http://postraumatik.com/content/view/148/27/
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hnC_gUGXFu9cy4QvrY9DxvWVrIXQ
http://hommelibre.lejdd.fr:80/2008/11/28/14-sperme-l-humanite-en-peril

vendredi 28 novembre 2008

Sans les abeilles allons-nous disparaître?

Ce n'est pas de catastrophisme qu'il faut parler (car rien n'est jamais irréversible, si l'on agit), mais bel et bien de catastrophe (car notre sort dépend de la pollinisation et donc des abeilles).

Un film-documentaire de Dominique Guillet et d’Ananda Guillet,
DVD de
2h15, sur la Disparition des Abeilles et sur la Terreur Pesticide:
L’empoisonnement de l’humanité et de toute la biosphère.




Les Abeilles transhument vers le néant nouvelle catastrophe, qui s’annonce d’amplitude planétaire, car les abeilles pollinisent 40 % des récoltes agricoles et une grande partie de la flore naturelle. Cette catastrophe se nomme “syndrome d’effondrement des colonies”.

Ce film documentaire de 2h15, réalisé par Dominique Guillet et Ananda Guillet, est un cri d’alarme. Que deviendrait l’humanité sans les Abeilles? C’est aussi un réquisitoire implacable contre les empoisonneurs publics, les Monsanto, les Bayer, les Basf, les Syngenta, etc. Ainsi que le demandait Roger Heim, Président de l’Académie Nationale des Sciences, en 1965, dans son introduction au “Printemps Silencieux” de Rachel Carson: «Quand mettra-t-on les empoisonneurs publics en prison?»



Dans ce premier tome du Titanic Apicole, “la Terreur Pesticide”, l’empoisonnement des abeilles, de l’humanité et de la biosphère est dénoncé par de très nombreux lanceurs d’alerte: Fabrice Nicolino (journaliste), Jean-Pierre Berlan (INRA), Christian Vélot (CNRS), Professeur Bonmatin (CNRS), Professeur Belpomme (cancérologue), Dominique Guillet (Kokopelli), Cécile Fléché (anciennement Affsa),
Patrick Drajnudel (Etoiles des Abeilles) et de nombreux apiculteurs de France (Maurice Coudoin, Franck Alletru, etc), de Suisse et des USA. La partie adverse est représentée par Jean-Charles Bocquet,
directeur de l’UIPP, le lobby des pesticides, et Jean-Paul Faucon, chef d’unité au laboratoire de pathologies des abeilles de l’Afssa de Sophia-Antipolis.

Dans ce film-documentaire, nous exposons l’affaiblissement et l’effondrement des colonies d’abeilles suite à l’épandage massif de pesticides depuis des dizaines d’années, la corruption des hautes administrations et de l’INRA, la collusion entre ces administrations, les industriels des pesticides et les scientifiques “indépendants” (mais néanmoins à la solde de l’agro-chimie), la complicité des coopératives agricoles, les mensonges de l’UIPP (le lobby des pesticides), la lâcheté et la duplicité de l’Afssa, les fondements mortifères de l’agriculture moderne, le refus d’écouter les lanceurs d’alertes...

Ce premier DVD de la trilogie “Titanic Apicole” se termine sur un appel, du journaliste Fabrice Nicolino, à la révolte, un appel à se révolter tout de suite, maintenant, contre les industriels pesticideurs, un appel à les poursuivre devant les tribunaux, un appel à dénoncer les crimes contre l’humanité perpétrés par l’industrie des pesticides.

Le prix, de 17 euros, inclut le port.

Écoutez la petite musique de Kokopelli.

jeudi 27 novembre 2008

L'écologie politique passe à l'ATTAC (ou l'inverse)


Urgence climatique, justice sociale
29 novembre 2008
Manifestation à 11h à Paris (métro Rue du Bac)
Débat public 13h30-17h30,
Bourse du travail, 2, rue du Château d’Eau
(métro République)



Le dérèglement climatique constitue un défi écologique et social majeur.


La convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique se tiendra à Poznan début décembre 2008. Le protocole de Kyoto arrive en effet à échéance en 2012, et un nouveau cycle de négociations a été ouvert et se conclura à Copenhague en 2009.

Pour espérer contenir les effets du changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre (GES) doivent être a minima divisées par deux d’ici 2050 à l’échelle de la planète, voire largement plus, et donc a minima par quatre pour les pays les plus émetteurs. Et pourtant, pour les trente-sept pays industrialisés engagés dans le protocole, la baisse des émissions entre 1990 et 2006, due pour une grande part au démantèlement d’installations obsolètes dans les pays de l’ex-bloc soviétique, masque le fait que ces émissions augmentent à nouveau entre 2000 et 2006.

L’urgence climatique, désormais reconnue à l’échelle globale, met en jeu des intérêts fortement contradictoires, notamment entre les tenants d’une croissance verte, qui permettrait de sortir de la récession mondiale, mais n’apporterait pas de réponse à la hauteur du problème climatique et de l’ensemble des questions environnementales, et ceux pour qui cette crise climatique impose de redéfinir les modes de production, de consommation et d’utilisation des ressources naturelles.

De même s’affrontent ceux pour qui l’équilibre climatique pourra se construire par l’utilisation prioritaire des mécanismes de marché, et ceux pour qui cet équilibre ne pourra se construire qu’à partir de mécanismes contraignants et de prélèvements, de l’intégration de la dette écologique vis-à-vis des pays du Sud, et plus globalement d’objectifs de redistribution des richesses.

Enfin, s’affrontent ceux pour qui les négociations climatiques doivent se passer dans le cadre de l’ONU, plutôt que de déléguer ce pouvoir à un G8 ou un G20 et à des institutions financières comme la Banque mondiale. Cette dernière finance en effet des projets de déforestation, de poursuite d’extraction des ressources fossiles à fort coût écologique, tout en se posant comme l’outil de financement des adaptations au changement climatique.

L’Union européenne joue un rôle clé dans ces négociations. La réunion des ministres de l’environnement de l’Union et le Conseil européen qui se tiendront à Paris début décembre définiront la position européenne et les objectifs pour l’Union. Dans le contexte actuel de récession, de réduction de l’aide publique aux pays du Sud, de remise en cause des droits sociaux, il est à craindre que l’urgence climatique soit considérée comme une opportunité pour poursuivre le mode de développement actuel, inégalitaire et destructeur, même s’il s’appuie sur des technologies plus propres.

Attac France est partie prenante des initiatives qui se tiendront le 29 novembre et sera présente également à Poznan avec les objectifs suivants :
- favoriser les négociations dans le cadre de l’ONU, qui doit se doter d’un fonds conséquent d’adaptation au changement climatique,
- mettre en place de mécanismes de prélèvements qui soient à la fois incitatifs et redistributifs,
- donner la priorité aux mesures d’efficacité et de sobriété énergétique,
- développer à l’échelle internationale et à la hauteur des enjeux un projet de recherche publique et de développement dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique,
- soutenir les initiatives qui vont dans le sens de la relocalisation des activités, de l’agriculture vivrière et de la reconversion des industries polluantes.

Attac France,
Montreuil, le 26 novembre 2008
http://www.france.attac.org/spip.php?article9262

dimanche 23 novembre 2008

La ville écolo , c’est pour quand ?

ARTE, le 22 novembre 2008, au cours d'une longue émission (1h30) remarquable, bien trop tardive (22h55) : Énergies, le futur à contre courant (1) révélait que la ville écolo n'est plus un mythe et que la séparation entre l'urbain et le rural pourrait bien, plus vite que prévu, se dissiper. Laisser à distance les lieux de production et les lieux de consommation n'est plus ni rentable ni... concevable, écologiquement. Paris était jadis nourri par l'Ile de France. Aujourd'hui, l'Ile de France n'apporterait plus que 1% à ce que consomme la capitale. Ce qui arrive dans nos assiettes aurait, en moyenne, parcouru... 3 000 km! Ce qui se passe (et fonctionne) dans plusieurs cités est observé, enfin, de très près. Changer, et vite, devient pensable. Le gouvernement britannique vient de faire adopter une loi qui oblige à limiter de ...80% l'effet de serre, d'ici 2050! Une première mondiale. Betzed, dans la banlieue de Londres, devient un exemple, très visité par les architectes.

Des villes où les piétons et les cyclistes seront rois. Des métropoles avec des quartiers où les transports collectifs et les voitures ne pollueront pas. Des rues et des boulevards sans embouteillage, dotés de technologies rendant fluide la circulation...c’est en cours. Depuis plusieurs années déjà, en Suède, en Allemagne, au Royaume-Uni, de nouveaux quartiers « flexibles et modulables » sortent de terre. Ils proposent des techniques de construction prenant en compte, dès la conception, des paramètres énergétiques. L’aménagement et la desserte sont prévues dans le souci de faciliter les accès et la coordination entre transports en commun et urbanisme.

Le quartier londonien de Betzed se distingue par son réseau de mutualisation des véhicules combinés avec le train. La ville de demain disent les urbanistes sera une ville truffée de technologies, avec des automobiles guidées quasi automatiquement grâce à des capteurs disposées dans les rues et dans les véhicules. Les technologies de vidéo embarquée, les dispositifs de guidage optique réguleront la fluidité du trafic. Elle sera couverte par des énergies renouvelables produites localement. L’enjeu ? Que tous les habitants puissent organiser l’ensemble de leur vie sur place.

En France, une dizaine d’ « Ecopolis », projet de cités modèles technologiques et écologiques, est à l’étude. L’objectif de la FFB (Fédération Française du Bâtiment) et de la Fédération nationale des Travaux publics qui mènent cette réflexion est d’apporter des solutions d’aménagement concrètes pour l’environnement, les transports et les services. Certains cabinets d’architectes, en association avec des chercheurs, planchent sur la réalisation d’ « architectures réactives » permettant à des bâtiments de changer de forme pour s’adapter aux aléas du climat, aux usages des habitants et aux nouveaux moyens de circulation. L’interconnexion de ces bâtiments donnerait alors naissance à des villes intelligentes, capables de résoudre les grands problèmes qui découlent d’une croissance urbaine incontrôlée. Le futur verra une nouvelle forme de ville dans laquelle l’empreinte écologique de ses habitants est réduite au maximum.

Une ville écologique est en train de naître près de Shanghaï. Son nom ? Donstan. Inaugurée dans deux ans, elle sera couverte d’éoliennes, de panneaux solaires. Est également prévu la transformation de la biomasse des rizières environnantes. Une usine de transformation agroalimentaire sera construite, et les cultures de produits bio seront privilégiés. Il n’y aura pratiquement pas de voitures à essence. La ville encouragera le vélo et la marche à pied. Aucun domicile ne sera à plus de 5 minutes à pied du premier transport collectif... à l’hydrogène. (2)

(1) http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2306616,scheduleId=2287282.html

(2) http://www.place-publique.fr/article2834.html

samedi 22 novembre 2008

Impossible de continuer comme ça en Europe!




80 % des émissions de gaz à effet de serre en Europe proviennent encore du secteur de l’énergie, ainsi que le souligne un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement rendu public le 20 novembre 2008. Ce secteur continue à avoir un impact important sur l’environnement, même si l’amélioration de l’efficacité de la production d’électricité et de chaleur, l’augmentation de la part des énergies renouvelables, ainsi que le remplacement du charbon et du pétrole par le gaz contribuent peu à peu à diminuer les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique en Europe.


Le rapport 2008 Energie et Environnement confirme que si les Européens se contentent des politiques et mesures actuelles, la consommation d’énergie augmentera de 26 % d’ici 2030 – et les combustibles fossiles resteront la source principale d’approvisionnement. «Continuer ainsi n’est plus une option pour le système énergétique», a déclaré le professeur Jacqueline McGlade, directrice exécutive de l’AEE, lors de la présentation du rapport au Parlement européen, le 20 novembre à Strasbourg. L’évolution vers une société à faible émission de carbone «ne se fait pas assez rapidement pour assurer l’avenir de notre environnement», a-t-elle affirmé.

«L’énergie provenant de combustibles fossiles est la cause première des changements climatiques induits par l’homme», a expliqué le professeur McGlade lors de la rencontre parlementaire conjointe sur l’énergie et le développement durable qui s’est tenue le 20 novembre. «L’engagement de l’Europe en faveur d’une économie post-carbone et des énergies durables et renouvelables est primordial pour la sécurité énergétique et la lutte contre les changements climatiques» a-t-elle encore ajouté.

Le rapport 2008 Energie et Environnement met en avant des points positifs concernant la croissance du secteur des énergies renouvelables et son potentiel de réduction des émissions et d’amélioration de la qualité de l’air. En 2005, les sources d’énergie renouvelable ne représentaient néanmoins que 8,6 % de la consommation finale d’énergie en Europe - encore bien loin de l’objectif de 20 % que s’est fixé l’UE pour 2020.

Autres conclusions clés du rapport

Les ménages européens ont augmenté leur consommation d’électricité de 31 % ces quinze dernière années, malgré une hausse moyenne de 17 % du prix de l’électricité pour l’utilisateur final par rapport au milieu des années 1990.

Plus de 54 % de l’énergie utilisée en Europe en 2005 provenaient d’importations hors UE. La Russie est le plus grand exportateur d’énergie vers l’UE, fournissant ainsi 18,1 % de la consommation totale d’énergie primaire de l’UE-27 en 2005.

Entre 1990 et 2005, l’UE-27 a connu un taux de croissance moyen du PIB de 2,1 %, tout en réduisant ses émissions de CO2 liées à l’énergie de quelque 3 % au total. Pendant la même période, les émissions de CO2 ont augmenté de 20 % aux États-Unis et ont doublé en Chine.


l’Agence européenne pour l’environnement a été créée en 1993 et se situe à Copenhague (Danemark), une des villes modèles en matière d’environnement. Cette agence indépendante réalise des études, informe les décideurs et le public, alerte sur les risques liés à l’environnement. L’Agence européenne pour l’environnement est composée de 32 membres : les 27 membres de l’UE mais également l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège, la Suisse et la Turquie.

Le rapport 2008 Energie et Environnement analyse les facteurs clés relatifs à la production et à la consommation d’énergie, les pressions que celles-ci exercent sur l’environnement, ainsi que leurs impacts, en prenant en considération les objectifs principaux des politiques européennes en matière d’énergie et d’environnement, à savoir notamment: la sécurité d’approvisionnement, la compétitivité, l’augmentation de l’efficacité énergétique ainsi que de l’utilisation des sources d’énergie renouvelable, et le developpement écologique durable Ce rapport aborde six problématiques principales relatives aux politiques européennes et présente les tendances actuelles au sein de l’UE par rapport à celles que l’on observe dans d’autres pays.

Les membres du Parlement européen et des parlements nationaux de l’Union européenne et des pays candidats se réunissent les 20 et 21 novembre à Strasbourg pour une rencontre parlementaire conjointe afin de se pencher sur les problématiques de l’énergie et du développement durable.

vendredi 21 novembre 2008

Illuminations de Noël : le grand gaspillage !

campagne illuminations de Noël : le grand gaspillage !

La période des illuminations de Noël se prolonge toujours plus longtemps, de novembre à fin janvier, et engendre une pollution lumineuse toujours plus grande dénoncent les associations Agir pour l’Environnement, l’Association nationale pour la Protection du ciel et de l’environnement nocturnes, le réseau Action Climat France, ainsi que le réseau Sortir du Nucléaire.

Une campagne intitulée « Illuminations de Noël : le grand gaspillage ! » vient d'être lancée par les quatre organisations afin de sensibiliser l’opinion publique aux conséquences climatiques, énergétiques, ainsi qu’à l’impact sur la biodiversité de la pollution lumineuse.

Les économies d’énergie induites par le passage à l’heure d’hiver sont d’année en année réduites à néant par la multiplication d’illuminations de Noël rappellent les associations. Les illuminations de Noël engendrent en période de fortes consommations électriques, un bilan carbone avoisinant les 600 à 700 grammes de CO2 pour chaque kilowattheure supplémentaire consommé. De plus le recours à la lumière artificielle est une source de dégradation des écosystèmes, à titre d’exemple certaines espèces auraient disparu des régions urbanisées.

Les associations appellent donc l’État à intervenir, notamment par l’instauration d’un « bonus-malus kWh » en vue de réduire les pics de consommation électrique. Elles demandent également aux collectivités locales de règlementer localement l’éclairage nocturne afin de limiter dans le temps et dans l’espace cette pollution lumineuse.

En savoir plus sur la campagne :
http://www.agirpourlenvironnement.org/campagnes/a6.htm

jeudi 20 novembre 2008

AG du COPRA184 : un net virage écologiste




L'Assemblée générale du COPRA, la première qui se soit tenue à Conflans Sainte Honorine, salle de la Fonderie, mais en l'absence du maire de la commune, Philippe Esnol, n'a pas rassemblé, hier, 19 novembre, des foules denses, mais n'en a pas moins constitué un temps fort de la vie de cette association, âgée maintenant de 18 ans, composée de 11 Comités de Ville. (1)


Une fois visionné un court film de sensibilisation rappelant les luttes du COPRA et une fois le formalisme de l'Assemblée générale (2) expédié par le nouveau Président du COPRA, résidant à Poissy, Grégoire Lanza, et tous les votes effectués, à main levée et à l'unanimité, on peut considérer que l'essentiel s'est passé ailleurs.

Est-ce la présence de Corinne Lepage, et son influence, qui ont incité les porte-parole à adopter un langage résolument écologiste? Peut-être. On peut aussi penser, et je le crois plus volontiers, que trois influences majeures ont pesé sur le propos des orateurs : Le Grenelle de l'environnement, la crise économique, financière et écologique qui ne s'apaise pas, le marasme de l'industrie automobile et notamment chez Peugeot, à Poissy.

Un professeur de Versailles, Yorgos Remvikos, docteur en sciences, invité (et nullement contredit ni même tempéré), a pu affirmer :
- que le lien scientifique entre santé et pollutions dues à l'automobile était désormais établi.
- que les rejets de particules fines, en dépit des améliorations apportées à l'échappement, restaient dramatiquement nuisibles.
- que le plan régional "Qualité de l'air en Ile de France" était incantatoire mais marqué par l'impuissance à faire face à une situation qui affecte 4 millions de Franciliens.
- que sans action sur le trafic, nous ne savons aller plus loin pour améliorer encore l'état de santé publique en Ile de France.
- qu'il faut aller au-delà de l'opposition à un tracé, au-delà de l'A 104 et concentrer tous les crédits sur d'autres modèles de déplacement.

Invités à s'exprimer, les maires de Poissy et de Carrières sous Poissy, relayés par le maire de Maurecourt (3), et soutenus par l'ex-maire d'Andrésy (J-F Thill), ont insisté sur l'urgence d'un nouvel aménagement concerté du territoire et sur l'importance du débat relatif au schéma national d'infrastructures qui devrait avoir lieu au cour de l'été 2009. Ils se sont prononcés pour un élargissement du Comité des maires contre l'A104 qui regroupe les maires de Poissy, Carrières, Conflans et Achères et pourrait s'ouvrir aux maires d'Orgeval et Maurecourt. Le maire de Pierrelaye, représenté, reste amer, estimant que sa commune a été abandonnée. Le représentant d'Achères a affirmé que les projets de l'A104 et du doublement de la RD30, cumulés, constituaient une catastrophe locale. Plusieurs élus ont fait valoir que le tracé rouge "sous le tracé vert" restait dans les cartons en cas d'impossibilité à réaliser le triple franchissement de la Seine ou de surcoût excessif. Rien pour le Val d'Oise! On a même rapporté que le maire de Saint Ouen l'Aumône, Alain Richard, recevant le COPRA, aurait estimé que les Yvelines pouvaient bien faire ce que voulaient ses élus mais que, dans la Val d'Oise, et jusqu'à la limite départementale, la Francilienne devrait être prolongée.

Corine Lepage a laissé entendre que la saisine du Conseil d'État (qui statuera fin novembre) pourrait ne pas connaître un succès, mais, déjà, elle estime que le débat s'est porté ailleurs que sur le plan de la défense juridique. Le temps joue dit-elle pour les opposants à un projet anti-Grenelle, le plus coûteux qui soit en pleine crise économique, sans justification économique autre que le développement impensable de l'usine Peugeot de Poissy! Elle a estimé que la crise de l'automobile rejoignait la crise du charbon ou de l'acier dans le passé. Il s'agit non plus de changer de tracé, donc, mais d'abandonner ce projet qui appartient au XXe siècle et pas au XXIe.

NB - S'agissant de la seule commune d'Éragny-sur-Oise, s'est levé dans la salle, par la voix d'un habitant puis d'un petit entrepreneur, une vive protestation contre les autorisations de construire en marge du tracé éventuel et surtout le long des Bois de la commune nullement protégés contre l'urbanisation. Qu'en sera-t-il alors si le prolongement de l'autoroute est abandonné!

Quant aux nuisances existantes, liées à la RN184, elles entrent, à présent, dans le même raisonnement anti développement de l'automobile, mais, plus que jamais, il apparaît que supposer une amélioration du trafic grâce à la réalisation de l'A104 est une supercherie.


(1) Le COPRA 184 ou Collectif pour la Protection des Riverains de l'Autoroute A184 (devenue A104) compte 133 administrateurs répartis dans cinq comités en Val d'Oise : Pierrelaye -10-, Herblay -12-, Éragny -14- Neuville -4-, Jouy -4-, et six comités dans les Yvelines : Poissy -16-, Orgeval -18-, Maurecourt -7-, Andrésy -12-, Chanteloup -5-, Carrières -11- et Conflans -20.
http://www.a104.org/
(2) Finances équilibrées, cotisations inchangées, contrôleurs des comptes réélus, motion d'action tonique, autorisation d'ester en justice reconduite, administrateurs réélus ou élus...
(3) Le maire de Maurecourt a estimé que Maurecourt n'était pas concerné par le seul débat contre l'A104, d'où sa solidarité.

samedi 15 novembre 2008

OXFAM France contre les agro-carburants

La Quinzaine pour la qualité de la vie, à Éragny sur Oise, a permis de faire aborder, avec l'aide du CCFD, la question des agro-carburants (ex-biocarburants), très controversée, et dont le Brésil fait une priorité économique. L'ONG OXFAM-France s'engage vigoureusement contre ce carburant qui ne peut suppléer le pétrole!

Agrocarburants: l'assemblée nationale soutient les industriels

23 octobre 2008 - Les députés ont adopté, ce jour, un texte donnant gain de cause aux industriels français qui souhaitaient le maintien des avantages fiscaux liés à la production des agrocarburants.



Les organisations de la campagne
« Les agrocarburants, ça nourrit pas son monde », dont Oxfam France – Agir ici, déplorent que les parlementaires français n'aient pas remis en cause la pertinence du soutien de l'Etat à la filière des agrocarburants alors qu'ils ont des conséquences dramatiques dans les pays du Sud.

La défiscalisation des agrocarburants a coûté à l'Etat 800 millions d'euros en 2008, une somme colossale au regard des piètres résultats des agrocarburants en terme de lutte contre le changement climatique.

http://www.oxfamfrance.org/

jeudi 13 novembre 2008

"Il faut profiter de la crise!"

L'utile débat ouvert dans Télérama du 5 novembre, p. 54, sera-t-il repris comme étant au cœur se toute réflexion politique? Ce n'est pas sûr! Et pourtant!

La logique économique qui a abouti à la crise actuelle nous mène aussi vers un désastre écologique, estiment de nombreux experts. Avant qu'il ne soit trop tard, ils tirent la sonnette d'alarme… depuis plusieurs années. La crise financière pourrait les aider à faire passer le message. A quand la mise en place d'une économie verte et responsable ?


M. Trichet, ne reste-t-il plus qu'à prier?

Sait-on au juste combien de dollars, d'euros, de yens ou de couronnes islandaises se sont évaporés dans la débâcle financière d'octobre 2008 ? Entre 1 000 et 5 000 milliards de dollars selon les sources, voire 25 000 – mais sur un an –, comme le titrait récemment Le Monde. Sommes insensées, choquantes, et pourtant qui ne sont rien en comparaison de ce qui nous attend, au-delà de l'univers de la finance. L'auteur d'Une brève histoire de l'avenir, Jacques Attali, livre de sombres pronostics : « Aujour­d'hui, on commence à s'apercevoir que le système financier est incontrôlable. Mais s'il apparaît un jour, d'ici vingt-cinq à trente ans, qu'il en est de même pour le dérèglement du climat, là, ce n'est pas le sort du secteur de la finance, c'est celui de l'humanité entière qui sera en jeu » (1)

Jacques Attali s'appuie notamment sur le rapport du Britannique sir Nicholas Stern, un banquier qui, en 2006, avait chiffré les conséquences du réchauffement à 5 500 milliards d'euros. A la mi-octobre, un autre banquier, Pavan Sukhdev, économiste indien de la Deutsche Bank, chargé par l'Union européenne du rapport TEEB sur « l'économie des systèmes écologiques et de la biodiversité » (publication en 2010), a remis un travail préliminaire sur le seul coût de la déforestation, 2 000 à 5 000 milliards de dollars par an. La déforestation, nous dit-il, ce n'est pas seulement la chute des recettes de l'industrie forestière. C'est surtout la fin des services rendus à l'homme par la forêt : régulation du climat, prévention de l'érosion et des inondations, ressources exploitées par la médecine...

En 2006, sir Nicholas Stern avait fait la une du Financial Times et secoué le monde politique et entrepreneurial. Le rapport Sukhdev est passé plus inaperçu. Peut-être parce que le thème de la biodiversité ne mobilise pas – encore – autant que celui du réchauffement, mais surtout parce que la crise financière jette aux oubliettes les questions environnementales. « Pourtant, martèle Pavan Sukhdev, la crise écologique ne s'arrête pas parce qu'il y a une panique financière. Si on laisse faire, si on continue de ne pas tenir compte des risques qui se développent dans tout système organisé, ce sera encore pire. L'écroulement des marchés offre une occasion historique pour comprendre le coût de notre inaction. »

Le véritable « intérêt » de la crise est que
le désastre boursier affine le diagnostic
sur les enjeux environnementaux

De manière cynique et à courte vue, on est bien obligé de constater qu'une récession est souvent la seule méthode efficace pour réduire les émissions de CO2. Les crises précédentes l'ont prouvé, le trafic aérien, les ventes d'automobiles ralentissent, de même que la construction immobilière, d'où une moindre utilisation d'acier et de ciment, qui figurent parmi les gros émetteurs de CO2… Mais le véritable « intérêt » de la crise est que le désastre boursier affine le diagnostic sur les enjeux environnementaux : jamais, en effet, l'articulation entre crise financière et crise écologique n'aura été aussi claire. Et ce constat n'émane plus des seuls experts et militants verts de la première heure.

Ainsi, l'ex-juge Eva Joly, qu'on s'était habitué à voir batailler sur le front de la lutte anticorruption en France et en Norvège, où elle a récemment été chargée d'une vaste enquête sur les flux financiers illicites, lance officiellement sa candidature aux européennes sous la bannière Europe Ecologie. Aux côtés de Daniel Cohn-Bendit, des Verts, de José Bové et de Jean-Paul Besset, l'ancien porte-parole de Nicolas Hulot, elle explique comment elle en est venue à faire « le lien organique entre crise écologique, crise financière et accroissement des inégalités ». Au croisement de toutes ces crises, dit-elle, on retrouve les fameux paradis fiscaux, trous noirs de la finance mondialisée, qui « accentuent les différences entre riches et pauvres et permettent à un millième de la population mondiale d'y cacher 40 000 milliards de dollars ! ». Elle va plus loin : « Lors de mes voyages en Afrique ou en Amérique latine, j'ai vu concrètement les dégâts environnementaux et sociaux provoqués par les multinationales. L'exploitation des mines de cuivre, par exemple, ne laisse rien à la Zambie, mais procure des dividendes exorbitants aux multinationales qui y opèrent et se servent des paradis fiscaux pour les faire fructifier. J'ai compris que la lutte pour plus de justice entre les populations et la préservation des forêts brésiliennes était fondamentalement le même combat. »

On emprunte à la Terre chaque jour un peu plus,
tout en sachant qu'on ne pourra jamais rembourser

Voici donc les crises environnementale et financière vues comme l'expression d'un seul et même système économique – le capitalisme de casino –, qui « promeut le gaspillage et vise à maintenir les intérêts d'une minuscule oligarchie dominante », plus riche et irresponsable que jamais face aux risques, pour reprendre le journaliste Hervé Kempf dans Comment les riches détruisent la planète (2). Un système économique qui a perdu de vue ce qui fait « la noblesse de l'économie : la juste répartition des biens et des ressources », dénonce Pierre Rabhi dans son Manifeste pour la Terre et l'humanisme. « Un golem assez monstrueux, une intelligence collective qui prolifère, se développe, mais qui est sans but et sans intention », comme le dit Jacques Attali, qui fait passer les profits à très court terme d'un petit nombre d'individus avant la survie à long terme du plus grand nombre. Et impose aux peuples une seule et même logique : celle de la vie à crédit, que ce soit pour l'immobilier ou les services rendus par la nature - on emprunte à la Terre, chaque jour un peu plus, tout en sachant qu'on ne pourra jamais rembourser. Un vaste marché planétaire dérégulé et financiarisé, enfin, qui a accordé les pleins pouvoirs à une poignée de grands groupes et autorisé une spéculation tout-terrain : crédits immobiliers, pétrole, mais aussi matières premières ou droits à polluer...

Dans son dernier livre, La Crise, Des subprimes au séisme financier planétaire, l'ex-trader et anthropologue Paul Jorion explique de façon limpide cette logique infernale qui a permis à la catastrophe financière de naître dans le secteur subprimes de l'immobilier américain avant de se propager à l'ensemble des marchés mondiaux de matières premières. « Pareils au loup se parant de la peau d'une brebis, écrit-il, les spéculateurs, représentés par les banques d'investissement de Wall Street, envahirent les marchés à terme » de matières premières, permettant au prix des céréales et du pétrole d'atteindre des sommets vertigineux. Apparut ainsi une nouvelle catégorie d'intervenants, purement spéculateurs, « n'ayant aucune intention ni de livrer ni de prendre livraison de la marchandise, et dont le seul but est de parier sur la variation du prix... ». Avec des comportements aberrants comme ceux de ces traders débutants qui se dégagent trop tard et « se voient alors obligés de trouver en catastrophe des tonnes de carcasses de porcs ou de graines de soja – ou, pis encore, de devoir en prendre livraison ! ». Pendant qu'à l'autre bout de la chaîne les émeutes de la faim se multiplient...

Eva Joly et ses colistiers, Pavan Sukhdev et bien d'autres économistes et experts de l'environnement s'accordent aujourd'hui sur un point : il faut « profiter » de la crise. Pour remettre la finance au service de l'économie, et surtout repenser nos modes de développement avec une vision à long terme. Il faudra pour cela réapprendre à vivre dans le monde « réel » en y réinsufflant du politique et de la démocratie. C'est notamment l'idée du « Green New Deal », récemment évoquée par Daniel Cohn-Bendit, Gordon Brown et Barack Obama, un programme directement inspiré du New Deal de Roosevelt de 1933. Ces dernières semaines, les propositions fourmillent, elles insistent sur une nouvelle « économie verte » ou sur de nouvelles régulations à mettre en place. C'est au moins une bonne nouvelle.

Weronika Zarachowicz.

(1) Dans un entretien pour Jeune Afrique, no 2493-2494, du 19 octobre 2008.
(2) Ed. du Seuil, 2007, 146 p., 14 EUR.