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Les circuits courts alimentaires
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mardi 26 février 2008

L'envolée des prix alimentaires: un phénomène mondial

La faute à qui? Aux producteurs? Aux intermédiaires? À l'industrie alimentaire? Aux grandes surfaces? Et s'il s'agissait d'une crise nouvelle due aux déséquilibres engendrés par l'économie de marché quand elle accélère la transformation des modes de vie dans les vastes pays émergents afin d'augmenter les profits?

Mondiale, la hausse des prix des denrées alimentaires s'explique notamment par la demande croissante des pays émergeants et la vogue des biocarburants.


Aucun pays n’échappe à la hausse des prix alimentaires. Selon l’indice de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui mesure leur évolution dans le monde entier, ils se sont envolés de près de 40% l’an dernier.

Champion de la hausse : le blé. Depuis le 1er janvier 2006, son cours a flambé de 287% sur les marchés des matières premières. Les cours du maïs et du café ont pris respectivement 149% et 139%, celui du soja 129%, tandis que les prix du riz ont grimpé de 60%.

Commencé il y a deux ans, c’est « un phénomène qui s’est accéléré en 2007 », observe Chris Lupoli, stratège inflation chez UBS. Les explications de cet emballement sont multiples.

En premier lieu joue le changement de mode de vie dans les pays émergents, au premier rang desquels se trouve la Chine. Plus riches, leurs populations adoptent une alimentation plus carnée. Cela nécessite plus de bétails, donc plus de maïs, de blé et de soja pour les nourrir et davantage de surfaces cultivées.

Autre facteur clé : la vogue des biocarburants. Les céréales et les oléagineux ont été présentés comme un nouvel « or vert », capable de remplacer l’essence ou le diesel, et lutter ainsi contre le réchauffement climatique. Mais la production massive de bioéthanol ou de biodiésel fait concurrence à une utilisation alimentaire de ces ressources. Et tire les prix vers le haut.

A ces raisons s’ajoutent d’autres, plus conjoncturelles, comme les caprices de la météo. La violente sécheresse en Australie, l’année dernière, a conduit à une mauvaise récolte de blé, avivant un peu plus la hausse des cours. De même en Europe, une mauvaise anticipation de la politique agricole commune (PAC) a conduit à réduire les surfaces cultivables, car les autorités tablaient sur une baisse de la demande. Il s’agit aujourd’hui de faire machine arrière.

Enfin, en période d’incertitude économique, les matières premières sont devenues des valeurs refuge pour les investisseurs. Leur arrivée sur ces marchés, pour se couvrir d’éventuelles déconvenues de leurs autres actifs, est un facteur supplémentaire de hausse des cours. C’est le cas notamment pour le pétrole. Cela vaut aussi, désormais, pour les denrées alimentaires.

Cette hausse des prix alimentaires va-t-elle cesser ? Au contraire, il s’agit d’un « problème structurel qui va durer », estime Chris Lupoli. Un avis partagé par Thierry Lefrançois, analyste matières premières chez Natixis. Sauf à « augmenter les surfaces agricoles », remarque-t-il, une baisse des cours paraît improbable. Or la hausse des surfaces cultivées ne peut aller au-delà de la mise en culture des jachères. Quant à voir la population chinoise revenir à une alimentation exclusivement à base de riz…

Source : http://www.lexpress.fr:80/info/economie/infojour/infos.asp?id=145143

lundi 25 février 2008

"il faut arrêter de croire que le nucléaire va nous sauver"

Un bel article de Stéphane Lhomme publié dans Le Monde, le 27.03.07, à ne pas oublier. Il reste, pour l'essentiel, actuel. Il résume, avec clarté et précision, une argumentation antinucléaire sérieuse et documentée.

Quelle est la part de l'énergie nucléaire dans l'énergie consommée en France ?

Stéphane Lhomme : L'énergie nucléaire représente 16 % de l'énergie consommée en France. Il ne faut surtout pas confondre la part de l'électricité, qui est à 75 %, et celle de l'énergie qui n'est pas si importante que ça malgré 58 réacteurs nucléaires. Ce qui fait qu'il est beaucoup plus facile de se passer du nucléaire qu'on ne le croit en général.

Au niveau mondial, le nucléaire ne couvre que 2 % de la consommation d'énergie, c'est donc une énergie en fin de compte marginale, même si son danger est, lui, maximal.

Que représente le secteur du nucléaire dans l'économie française, % du PIB, nombre d'emplois...

Stéphane Lhomme : Je n'ai pas tous les chiffres sous la main. Au niveau de l'emploi, le projet de nouveau réacteur, l'EPR, prévu à Flamanville dans la Manche, officiellement doit créer 300 emplois pérennes, alors qu'il coûte 3,3 milliards d'euros. Ce qui donne un seul emploi pour 11 millions d'euros, soit un nombre absolument ridicule. Le nucléaire donne l'impression d'être favorable à l'emploi, parce qu'il y a effectivement beaucoup de gens qui travaillent dans une centrale nucléaire, mais autour, c'est le désert. Donc finalement, le nucléaire est très peu créateur d'emplois, contrairement à une idée reçue.

Avec la prévisible catastrophe écologique que représente l'utilisation grandissante du charbon comme source d'énergie (le charbon rejette encore plus de CO2 que le gaz ou même le pétrole), ne pensez-vous pas que le nucléaire, malgré le problème de la gestion de ses déchets, reste, en attendant de nouveaux développement technologiques, une solution ?

Stéphane Lhomme : Si le nucléaire pouvait permettre de se passer du charbon, ou même de réduire de façon quantifiable la consommation de charbon, on pourrait se poser la question : peut-être que ça vaut le coup d'avoir les risques de catastrophe nucléaire, les déchets radioactifs, la prolifération vers l'arme atomique, dans la mesure où cela nous permettrait de lutter contre le réchauffement climatique.

Hélas, on a bien tous les risques du nucléaire, mais cela ne permet absolument pas de réduire la consommation mondiale de charbon : on revient à ce que j'ai dit au début, le nucléaire, c'est 2 % de la consommation mondiale d'énergie, une part marginale qui n'a aucune perspective de croissance. Il faut tenir compte des déclarations de M. Mandil, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie, qui, le 10 novembre 2006, a déclaré : "La tâche principale de l'industrie nucléaire dans les années à venir sera d'essayer de remplacer les centrales qui auront atteint leur fin de vie. Cela signifie qu'on aura besoin de nombreuses nouvelles centrales sans pour autant augmenter la part du nucléaire dans la production d'électricité." Ce qui veut dire que le nucléaire va rester une énergie marginale sur la planète, incapable d'empêcher le réchauffement climatique, même partiellement.

Est-ce que tous les grands pays industrialisés utilisent le nucléaire ?

Stéphane Lhomme : Non, le nucléaire est principalement concentré dans quelques pays : France, Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, par exemple. Mais la plupart des réacteurs sont vieux et vont fermer dans les 15 à 20 ans qui viennent. Il y a hélas des projets de nouveaux réacteurs nucléaires, mais ils ne feront que freiner le déclin irrémédiable de cette industrie, et d'ailleurs le 1er janvier 2007, 7 réacteurs nucléaires ont définitivement cessé de fonctionner : 4 en Angleterre, 2 en Bulgarie, 1 en Slovaquie, et ce n'est qu'un début.

Combien va coûter le démantèlement de toutes les centrales nucléaires françaises arrivées en "fin de vie" ? En tenant compte de cela, quel devrait être le prix de l'électricité vendu par EDF ?

Stéphane Lhomme : Heureusement (façon de parler) il y a aussi des centrales nucléaires en Grande-Bretagne. Et là, on a des chiffres pour le démantèlement des installations : 103 milliards d'euros. Or, en France, on a à peu près cinq fois plus d'installations nucléaires. Donc on peut logiquement évaluer à 500 milliards d'euros le prix du démantèlement des installations nucléaires françaises.

Or EDF annonce avoir budgété quelques dizaines de milliards, et encore, cet argent n'est pas mis à part dans ce qu'on appelle un "fonds dédié", qui serait par exemple géré par la Caisse des dépôts et consignations et dont on serait sûr de pouvoir disposer le moment venu. Donc finalement, étant donné qu'EDF est toujours une entreprise extrêmement endettée, on peut dire que l'argent du démantèlement des installations françaises n'existe pas.

Pour ce qui est du prix, il est quasiment impossible d'évaluer le coût réel de l'électricité nucléaire. Il faudrait une étude indépendante qui prendrait en compte les centaines de milliards d'argent public investi dans le nucléaire depuis 50 ans, et le coût du démantèlement des installations et de la gestion des déchets radioactifs pendant des millénaires. De toute évidence, l'électricité nucléaire est la plus coûteuse, financièrement et pour l'environnement. Pour nous, et pour les générations futures qui vont assumer nos déchets.

Estimez-vous que le modèle français - eu égard au poids des lobbies pro-nucléaires - peut prendre la même orientation énergétique que l'Allemagne ?

Stéphane Lhomme : Il est évident qu'on peut sortir du nucléaire comme en Allemagne, même si, avec 58 réacteurs nucléaires, on ne peut malheureusement pas le faire immédiatement. Mais un plan de sortie du nucléaire rapide ferait merveille parce qu'en même temps, on développerait massivement les économies d'énergie et les énergies renouvelables.

La décision de sortie du nucléaire en Allemagne a été définitivement arrêtée en 1999 et la durée du processus n'est pas fixée fermement. Mais normalement, la dernière centrale nucléaire devrait fermer avant 2020. Les Allemands ferment leurs centrales avant qu'elles n'arrivent en fin de vie, il s'agit donc d'une politique volontariste.

Contrairement à une idée reçue, c'est l'Allemagne qui est exportatrice nette d'électricité vers la France (il y a des échanges dans les deux sens, mais c'est bien l'Allemagne qui nous envoie plus d'électricité). Il est donc complètement faux de dire que l'Allemagne sort du nucléaire grâce à l'électricité nucléaire française.

De même, lors de la panne géante de novembre dernier, dont l'origine se situait en Allemagne, il a été dit qu'avec le nucléaire ça ne serait jamais arrivé. Mais il faut rappeler que pour le moment, l'Allemagne n'a fermé que trois réacteurs, qu'il en reste encore 17, et que cette panne a donc trouvé son origine dans un pays qui est toujours un pays très nucléarisé, ce qui prouve bien que le nucléaire n'empêche pas - bien au contraire - les pannes géantes.

On nous parle sans arrêt de sortir du nucléaire, parce que c'est polluant et dangereux. Mais quelles énergies préconisez-vous pour remplacer le nucléaire ?

Stéphane Lhomme : Par exemple, il faudrait un véritable plan Marshall de rénovation des bâtiments. On fait aujourd'hui des maisons dites "à énergie positive" qui produisent plus d'énergie qu'elles n'en consomment, et qui n'ont donc plus besoin d'être reliées au réseau EDF. Si l'on développe ces solutions à grande échelle, on pourra se passer du nucléaire tout en réduisant les émissions des gaz à effet de serre. A nouveau, la solution passe par une réduction très importante de la consommation d'énergie, principalement dans les pays riches.

On peut dire que c'est utopique, mais dans ce cas, on ne sauvera pas la planète. Par contre, on peut réduire de façon très importante notre consommation d'énergie sans pour autant aller vivre dans des grottes avec des bougies. Les maisons à énergie positive permettent de vivre tout à fait normalement (et même avec un bien-être supérieur par rapport aux habitations ordinaires). Il est anormal que l'on continue à fabriquer des bâtiments ordinaires qui laissent s'échapper la plus grande partie de leur énergie à l'extérieur.

Pour "justifier" le nucléaire, EDF a installé en France des millions de chauffages électriques et maintenant, avec le réchauffement climatique, il y a de plus en plus de climatiseurs. Donc, dès qu'il fait froid ou chaud, on a des consommations extraordinaires d'électricité, dont on pourrait se passer avec des bâtiments bien conçus.

Donc la chose la plus importante est de réduire notre consommation d'énergie. Il ne faut surtout pas essayer de produire (et de gaspiller) avec les énergies renouvelables autant qu'avec les centrales nucléaires, ce serait absurde. Les énergies renouvelables doivent venir en complément d'une politique ambitieuse d'économies d'énergie. L'énergie nucléaire "sûre" ou "propre" n'existe pas. Le nucléaire est par nature injustifiable (risques, déchets, prolifération vers l'arme atomique). Il faut donc s'en passer totalement. Et ne pas se contenter d'en réduire la part.

Peut-on rendre les déchets nucléaires inoffensifs ? Combien en produit-on en France chaque année ?

Stéphane Lhomme : Il n'y a aucune façon de régler le problème des déchets radioactifs. Les plus dangereux vont durer des centaines de milliers d'années et l'industrie nucléaire prévoit de les enfouir sous terre à Bure, dans la Meuse. C'est un véritable crime contre les générations futures, parce que dans 500, ou 1 000 ou 5000 ou 10 000 ans, la radioactivité sera libérée, contaminera les nappes phréatiques et reviendra à la surface.

Mais ce n'est pas le seul problème. En plus de ces déchets ultimes, l'industrie nucléaire produit en permanence des quantités de résidus et autres ferrailles plus ou moins contaminés qui s'accumulent un peu partout en France dans des centaines de sites nucléaires. Récemment, Areva a essayé d'intégrer dans la production d'une fonderie ordinaire des ferrailles radioactives pour s'en débarrasser. Heureusement, la population locale (à Feurs, près de Saint-Etienne) s'est mobilisée et a empêché ce scandale. Mais malheureusement, il y a de plus en plus d'éléments contaminés que l'on retrouve dans les objets de la vie courante.

Les alternatives au nucléaire sont les énergies renouvelables. Or celles-ci ne peuvent que se développer par dizaines de milliers de sites déconcentrés de 10, 20, 50, 1000 kW. Cela signifie que les particuliers sont les plus à même de s'investir et d'investir dans le développement de ces sites. Que comptez-vous faire pour développer cette démarche citoyenne ?

Stéphane Lhomme : Au lieu d'investir, encore une fois, des milliards d'euros dans le nucléaire, l'Etat devrait subventionner l'isolation des bâtiments et l'installation d'énergies renouvelables : par exemple des panneaux solaires sur toutes les habitations. De cette manière, les énergies renouvelables seraient disponibles pour tout le monde et pas seulement pour ceux qui en ont les moyens. On peut d'ailleurs signaler que le chauffage électrique a poussé à la ruine et au surendettement des milliers de familles modestes. Tout ça à cause du nucléaire.

Si la décision de sortir du nucléaire en France devait être prise aujourd'hui en France, concrètement que devrions-nous faire demain ?

Stéphane Lhomme : Comme je l'ai expliqué précédemment, c'est un plan d'ensemble qui doit programmer la fermeture progressive (mais la plus rapide possible) des centrales nucléaires, tout en développant évidemment simultanément les alternatives, qui passent par une réduction importante de la consommation d'énergie, et en complément, le développement le plus important possible des énergies renouvelables.

Je rappelle que la majorité des pays sur la planète n'ont pas de nucléaire, que même dans les pays nucléarisés, la part du nucléaire est très faible : par exemple le nucléaire ne couvre que 4 % de la consommation d'énergie aux Etats-Unis, 0,2 % de la consommation d'énergie en Chine. A nouveau, il faut redire que la part du nucléaire dans l'énergie mondiale est infime. Il n'y a qu'en France qu'on croit qu'on ne peut pas s'en passer.

Concernant le réchauffement climatique, je le redis, le nucléaire est tellement marginal qu'il n'influe pas sur le cours des événements. Si l'on veut sauver la planète, il faut une véritable réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais il faut arrêter de croire que le nucléaire va nous sauver.

Pourquoi la France mise-t-elle sur cette énergie depuis un demi-siècle?

Stéphane Lhomme : En France, le nucléaire est une idéologie avant même d'être une industrie. Au départ, c'est même une double idéologie, portée à la fois par le gaullisme et le communisme (il faut rappeler que le PCF a pesé jusqu'à 25 % des voix en France). Pour les gaullistes, c'était la grandeur de la France, y compris avec l'arme nucléaire. Pour les communistes, c'est l'idée que la science triomphante allait sortir l'humanité des ténèbres. Du coup, on se retrouve en France avec 58 réacteurs nucléaires !

Quand l'EPR sera-t-il prêt ? Si le candidat élu décide de maintenir sa construction, quel recours existe-t-il et que prévoit de faire le réseau Sortir du nucléaire ?

Stéphane Lhomme : La construction de l'EPR est supposée commencer en décembre. Pour la fin du chantier, personne ne sait, puisque le seul EPR qui est en construction actuellement, en Finlande, a plus de trois ans de retard (et plus d'un milliard d'euros de pertes). C'est une raison de plus pour ne pas tenter cette expérience insensée en France. Mais si le futur président et le futur gouvernement décident de continuer, il faudra très certainement des manifestations géantes. Le 17 mars dernier, il y avait 60 000 manifestants en France contre l'EPR. C'est de très loin la plus grosse mobilisation de la campagne présidentielle. Mais il semble qu'il faille faire encore plus pour contraindre les "élites" à tenir compte de l'avis de la population. D'ailleurs, il faut préciser que tous les sondages montrent que 80 % de la population ne veut pas de nouveau réacteur nucléaire : même les gens qui s'accommodent des réacteurs actuels disent qu'il ne faut pas en fabriquer de nouveaux.

Savez-vous que la balance commerciale française est très déficitaire et qu'un des postes les plus coûteux est celui de l'énergie ? Ne pensez-vous pas que l'énergie nucléaire est une formidable chance pour l'économie française ? Etant donné que la France n'a rien à vendre à l'étranger à part des cosmétiques et des centrales nucléaires. Que proposez-vous de faire pour remplacer ces ventes ?

Stéphane Lhomme : La balance commerciale de l'Allemagne, qui est en train de sortir du nucléaire, est extrêmement excédentaire. Ce qui prouve bien que le nucléaire ne nous protège de rien. D'ailleurs, la facture énergétique française a explosé ces dernières années : + 24 % en 2004, + 35 % en 2005, + 20 % "seulement" en 2006, parce qu'on a eu un hiver très doux. Et encore, il faudrait ajouter la facture nucléaire dont on a déjà parlé et qui s'annonce astronomique.

Par ailleurs, il est faux de dire que la France vend des centrales nucléaires à l'étranger. A part un EPR en Finlande, dont le chantier rencontre des difficultés insurmontables, et peut-être deux réacteurs en Chine. Mais pour le moment, c'est purement virtuel. Le nucléaire français est en échec. Tant mieux ! Il est temps de changer de "logiciel".

Dans ce débat, par nucléaire, on sous-entend fission nucléaire. Qu'en est-il de la position des candidats concernant la fusion nucléaire ? Quelles sont leurs ambitions vis-à-vis de la recherche dans ce domaine ?

Stéphane Lhomme : Les réacteurs nucléaires actuels fonctionnent sur le principe de la fission nucléaire. La fusion nous est annoncée pour "bientôt" depuis cinquante ans. D'ailleurs, il y a 50 ans, c'était pour "dans cinquante ans". Maintenant qu'on y est, c'est "pour dans cent ans". Il est vraisemblable que ça ne marchera jamais. D'ailleurs deux Prix Nobel de physique, M. Koshiba (2002) et Pierre-Gilles de Gennes ont clairement expliqué que le projet ITER (réacteur de fusion nucléaire prévu à Cadarache, près de Marseille) n'a aucune chance d'aboutir à quoi que ce soit. Ce réacteur n'est même pas conçu pour produire de l'électricité (par contre, il va en consommer des quantités immenses). Le seul but est d'essayer de maintenir une réaction de fusion nucléaire pendant 400 secondes. Mais il est impossible de récupérer l'énergie pour en faire de l'électricité.

Le nucléaire c'est l'indépendance énergétique, vrai ou faux ?

Stéphane Lhomme : Faux. On l'a bien vu pour la France. Malgré 58 réacteurs nucléaires, l'atome ne couvre que 16 % de notre consommation d'énergie, et notre facture énergétique a explosé, comme pour les autres pays. De plus, tout l'uranium (le combustible des réacteurs nucléaires) est importé, principalement du Canada ou du Niger, où la France maintient une politique coloniale tout en contaminant les populations et l'environnement pour "nourrir" nos réacteurs nucléaires. Donc il n'y a pas d'indépendance énergétique avec le nucléaire.

On a pour le moment des guerres du pétrole, mais il est fort probable qu'on aille vers des guerres de l'uranium, parce que les réserves mondiales s'amenuisent, ce qui fait que de toute façon le nucléaire n'a pas plus d'avenir que le pétrole.

Quelle est la position de chacun des grands candidats sur le nucléaire ?

Stéphane Lhomme : Nous sommes heureux de pouvoir compter sur trois grands candidats (Olivier Besancenot, José Bové et Dominique Voynet) qui sont pour la sortie du nucléaire. Par ailleurs, Mme Royal et M. Bayrou ont reconnu que la décision de construire le réacteur EPR avait été prise dans des conditions non démocratiques. Nous leur demandons de ne pas se contenter de ces déclarations, mais aussi d'en tirer les conséquences, c'est-à-dire, si l'un ou l'autre est élu président, d'annuler la construction de ce réacteur.

Les autres candidats (Sarkozy, Buffet, Le Pen, etc.) sont pour le nucléaire.

Nous développons actuellement une campagne citoyenne avec 600 000 cartes postales envoyées aux candidats pro-nucléaires pour les informer que tant qu'ils soutiennent la construction de l'EPR, ils ne pourront pas compter sur de très nombreuses voix.

Le Parti communiste français a toujours été et reste un fervent promoteur du nucléaire, et il continue à réclamer de nouveaux réacteurs. Cela pose un vrai problème sur le plan démocratique, vu que le PCF prétend construire une société démocratique. En effet, toutes les centrales nucléaires ont été construites à grand renfort de compagnies de CRS, de coups de matraque et de gaz lacrymogènes pour réprimer les populations qui n'en voulaient pas.

Par ailleurs, le 16 mai dernier, la Direction de surveillance du territoire (DST) a mené une perquisition au réseau Sortir du nucléaire, a confisqué du matériel et des documents et mis en garde à vue son porte-parole, qui a été questionné 15 heures d'affilée. Ce sont deux exemples qui montrent que le nucléaire est incompatible avec un projet démocratique. Si l'on dit ça à M. Sarkozy par exemple, il répondra certainement que les compagnies de CRS sont là pour taper sur les gens et que la DST est là pour arrêter les militants. Mais ce genre de pratiques est-il assumé par le PCF ?

Pourquoi condamner le nucléaire alors que l'on aura sans doute besoin de toutes les armes possibles pour lutter contre les émissions de CO2 ? D'autant que la 4e génération de réacteur est très prometteuse. Alors pourquoi se couper de ce que le progrès scientifique et technique peut nous apporter ? Ne serait-ce pas pour d'obscures justifications purement idéologiques ?

Stéphane Lhomme : Cette histoire de "4e génération" est un emballage publicitaire pour des réacteurs que l'industrie nucléaire a déjà essayé de faire fonctionner : le réacteur "de 4e génération" français est prévu pour être un réacteur à neutrons rapides, avec caloporteur sodium : c'est tout simplement la même chose que Superphénix, le surgénérateur qui n'a jamais fonctionné mais qui a englouti plus de 10 milliards d'euros pour rien. La 4e génération, c'est donc seulement le retour de Superphénix avec la perspective d'un nouveau désastre comme la première fois, ou comme l'EPR finlandais actuellement.

Si les chercheurs français souhaitent réaliser des prodiges, qu'ils les fassent dans les énergies renouvelables : le Soleil nous envoie à chaque instant 4 000 fois plus d'énergie qu'on en consomme sur Terre. Il suffirait donc d'arriver à capter une toute petite partie de cette énergie pour régler la question. Malheureusement, les chercheurs du Commissariat à l'énergie atomique, qui prétendent depuis 50 ans réaliser des miracles qui n'arrivent jamais, se déclarent par contre incapables de faire progresser les énergies renouvelables. C'est curieux.

Pourquoi les experts n'ont-ils pas tous le même discours ?

Stéphane Lhomme : Si l'on veut bien se pencher sur les chiffres officiels, comme ceux de l'Agence internationale de l'énergie, qui est pourtant favorable au nucléaire, on voit que le nucléaire est et va rester une énergie marginale sur la planète. Ce n'est donc pas une opinion, mais un fait incontournable.

Il faut en prendre acte et ramener le nucléaire à ce qu'il est : une énergie injustifiable à cause de ses tares que nous avons déjà évoquées (risques, déchets, prolifération...). D'ailleurs, concernant le réchauffement climatique, je tiens à ajouter ceci : non seulement le nucléaire ne l'empêche pas, mais la réalité est en fait inverse : c'est le réchauffement climatique qui s'attaque au nucléaire. Pendant les canicules 2003 et 2006, le parc nucléaire français a été en très grande difficulté, il n'y avait plus assez d'eau dans les rivières (ou de l'eau trop chaude) pour pouvoir refroidir les réacteurs, qui ont dû fonctionner à basse intensité ou être arrêtés. Et la France nucléaire n'a évité le black-out qu'en important massivement et à des prix exorbitants de l'électricité de chez nos voisins (Espagne, Grande-Bretagne, Allemagne). De plus, le réchauffement climatique se manifeste aussi par des épisodes très violents, comme les tempêtes, et pendant la tempête de décembre 1999, la centrale nucléaire de Blayais, près de Bordeaux, a été très gravement inondée et a frôlé la catastrophe nucléaire.

Or, même si l'on prenait dès aujourd'hui toutes les mesures nécessaires, il est reconnu que le réchauffement climatique va continuer à s'aggraver pendant des décennies. Donc les canicules et les tempêtes vont être de plus en plus fréquentes et intenses. Le réchauffement climatique est en réalité un argument de plus pour sortir du nucléaire.

Pensez-vous que EDF et Areva développent vraiment les énergies renouvelables ? si oui pourquoi ? est-ce une question d'économie ? d'environnement ? d'image ?

Stéphane Lhomme : Il est vrai que ces entreprises, de même que les pétroliers comme Total, investissent dans les énergies renouvelables, tout simplement parce qu'il y a de l'argent à y gagner. Mais si l'on continue à surconsommer et à gaspiller l'énergie, on aura le pétrole, le gaz, le charbon, le nucléaire et les énergies renouvelables, et la planète sera tout aussi condamnée qu'actuellement.

C'est pour cela que nous répétons que le développement des énergies renouvelables n'a de sens que dans le cadre de la mise en place d'une société sobre qui permettrait à la fois de sortir du nucléaire et de réduire de façon importante notre consommation de pétrole, de gaz et de charbon. Cela peut sembler utopique, mais c'est ça ou la fin de la planète.

Source : http://abonnes.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/ARCHIVES/archives.cgi?


vendredi 22 février 2008

Municipales : les poubelles au fond des urnes?

... C’est le tri des détritus qui arrive en premier dans la liste des préoccupations environnementales des uns et des autres, devant les énergies renouvelables et le réchauffement climatique. Tout simplement parce que le recyclage concerne tout le monde et que le rôle des communes dans sa gestion apparaît non négligeable. En effet, 80% des Français disent trier plus des ¾ de leurs emballages ( ils sont 87% à disposer de poubelles de tri) et une bonne partie d’entre eux (40%) attribue un rôle non négligeable à l’intercommunalité dans le gestion des détritus.

Plus que la simple mise en place de collecte des déchets, citoyens, élus et candidats aux élections revendiquent la mise en place de mesures efficaces de réduction de ceux-ci à la veille des scrutins municipaux. Un désir fondé sur l’idée que le volume de ce qui est jeté est en augmentation, ce qui n’est pas le cas, selon Eco-emballages. Citoyens et candidats privilégient une " uniformisation des consignes de tri des déchets ménagers " et la nécessité d’encourager les achats responsables. Les élus sont particulièrement favorables à l’introduction d’une option " écologie " à l’école.

Reste à voter et à voir.

dimanche 17 février 2008

Sans parler de... l'A104!

Projets routiers du Conseil Général :

les émissions de GES explosent

Par le Groupe local du Val d’Oise.
http://www.amisdelaterre.org/-Val-d-Oise-.html


Les études parues à l’occasion du récent débat public organisé pour le prolongement de l’A16 montre des projections d’augmentation de Gaz à Effet de Serre (GES) très importantes dans l’Est du Val d’Oise et ce, même sans prolongement. Principal responsable de l’augmentation des GES dans notre département : la politique routière du Conseil Général.

Face aux menaces de changements climatiques, la France s’est engagée à réduire ses émissions de GES de 20% en 2020 et 75% en 2050 (« facteur 4 »). Ces objectifs ont été confirmés lors du Grenelle de l’environnement.

Or les conclusions du débat public sur le prolongement de l’A16 montre que l’évolution des émissions dues aux transports dans la zone d’étude, calculées jusqu’en 2030, allait totalement à l’inverse des engagements nationaux.

Les émissions augmenteront d’environ 90% si le prolongement est réalisé, mais néanmoins de 77% sans le prolongement de l’A16 !

Les nombreux projets de développement des infrastructures routières ardemment promus par le Conseil Général et payés par les contribuables :
- mise à 2 X 2 voies de la RD 14,
- Boulevard Interurbain du Parisis et avenue du Parisis,
- déviation de la RD 10 à Fontenay-en-Parisis et Châtenay-en-France,
- RD 411 à Herblay et Pierrelaye,
- prolongement de la RD 409,
- déviation de la RD370,
- liaison RD928-RD311 à Deuil la Barre et Montmagny,
- mise en voie rapide de la RD317,
- probable prolongement de l’A16 au delà de la Francilienne sous forme de voie départementale, pour ne citer que les principaux d’entre eux, contribuent fortement à l’augmentation des émissions des GES dans notre département.

Les Amis de la Terre mènent une campagne internationale de lutte contre le laisser aller en matière de changements climatiques. Localement, les Amis de la Terre Val d’Oise, très actifs pendant le débat public de l’A16, ont donc interpellé le président du Conseil Général pour lui demander ses ambitions en matière de développement durable et de lutte contre le réchauffement climatique. Ils ont également interrogé la plupart des candidats aux élections cantonales des 9 et 16 mars prochains sur ce sujet et sur leur position concernant la politique routière du département.

Source : http://www.amisdelaterre.org/Projets-routiers-du-Conseil.html
Contact : valdoise@amisdelaterre.org

Plus d'OGM = plus de pesticides!

Décisives mais aussi complètes que possible!

Je fais le choix de documents peut-être plus longs mais plus sûrs encore. J-P D.

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Les OGM augmentent l’usage des pesticides et ne réduisent pas la pauvreté


Les OGM augmentent l’usage des pesticides et ne réduisent pas la pauvreté
Agriculteur à Cuba

Un nouveau rapport des Amis de la Terre révèle que les OGM ont conduit à une hausse massive de l’usage des pesticides et n’ont pas réussi à augmenter les rendements ou à vaincre la faim et la pauvreté dans le monde [1]. Ce rapport coïncide avec la sortie annuelle des données de l’industrie des biotechnologies sur les cultures OGM à travers le monde [2].

Pour Christian Berdot, en charge des OGM aux Amis de la Terre France : "Les OGM ont échoué à apporter les bénéfices promis depuis des années par l’industrie des biotechnologies. A la place, l’augmentation de l’usage des pesticides causé par ces cultures menace l’environnement et les populations à travers le monde.”

Selon Nnimmo Bassey, coordinateur des Amis de la Terre International sur les OGM au Nigéria : “L’industrie des biotechnologies dit aux Africains que nous avons besoin des OGM pour répondre à nos besoins alimentaires. Mais la majorité des OGM sont utilisés pour nourrir le bétail des pays riches, pour produire des agrocarburants causant des dommages énormes et n’ont même pas un rendement supérieur aux cultures conventionnelles.”

Helen Holder, coordinatrice de la campagne OGM des Amis de la Terre Europe, rajoute : “Il est de plus en plus clair que l’Union Européenne et ses états membres ont raison d’appliquer le principe de précaution aux OGM. Ils ne sont pas la solution aux défis environnementaux, économiques et alimentaires que rencontrent les agriculteurs, aussi bien en Europe que dans les pays du sud. Des études de plus en plus nombreuses montrent à travers le monde que des méthodes d’agriculture durable apportent des solutions viables tout en développant l’économie locale et en créant des emplois.”


Les OGM ont conduit à une hausse significative de l’usage de pesticides

Des études gouvernementales montrent une hausse de 15 fois de l’usage du désherbant RoundUp (glyphosate) aux Etats-Unis et de presque 80% au Brésil [3]. Ceci est lié au nombre croissant de mauvaises herbes résistantes au glyphosate à travers le monde, augmentant ainsi les coûts de production et les impacts environnementaux [4]. Les Etats-Unis ont également augmenté leur usage de pesticides plus toxiques, dont l’un est interdit en Europe :
- l’augmentation du glyphosate ne remplace pas pour autant les autres désherbants. Entre 2002 et 2006 l’usage du 2,4,D (un composant de l’agent orange) sur le soja a plus que doublé
- L’utilisation de l’atrazine (interdite en Europe à cause de problèmes pour la santé) sur le maïs a augmenté de 12% entre 2002 et 2005.


Les OGM n’apportent pas de solution à la faim et la pauvreté dans le monde

- La grande majorité des OGM commercialisés est destinée à l’alimentation animale pour le bétail et la viande des pays riches et industrialisés plutôt que pour nourrir les pauvres. Les OGM et le modèle d’agriculture intensive qu’ils véhiculent contribuent à la disparition des petits paysans et d’une agriculture familiale et ne réduisent en rien la pauvreté. [5]
- L’industrie revendique souvent que le coton OGM a stimulé les rendements permettant de réduire ainsi la pauvreté des paysans. Pourtant, un examen approfondi montre que des conditions climatiques favorables, une meilleure irrigation et l’introduction de semences améliorées sans qu’elles ne soient GM expliquent les meilleurs rendements. De plus, dans plusieurs pays, les paysans qui payaient un supplément pour des semences de coton OGM ont fini par dépenser plus en insecticides chimiques que ceux qui cultivaient du coton conventionnel.


Dans l’ensemble, les OGM n’ont pas de meilleurs rendements que les autres semences

Même le département américain de l’agriculture reconnaît qu’aucun OGM sur le marché n’a été modifié pour accroître les rendements. Les principaux facteurs influençant les rendements sont le temps, l’irrigation et les engrais, la qualité des sols et le savoir-faire des paysans [6].


Les OGM toujours en échec en Europe

Moins de 2% de la totalité du maïs cultivé dans l’Union Européenne est génétiquement modifié [7] et cinq pays européens ont maintenant interdit le maïs Monsanto à cause de preuves de plus en plus nombreuses montrant leur impact négatif sur l’environnement. Une revue des biotechnologies en Europe en 2007 confirme que le secteur des OGM se porte mal. En revanche, les méthodes d’agriculture durable comme l’agriculture biologique créent davantage d’emplois, développent les économies rurales et sont plus sûres pour l’environnement [8]

Notes

(1) Le résumé de ce rapport est consultable en ligne.

(2) Le lancement de ce nouveau rapport coïncide avec la parution annuelle du « Statut Mondial des Biotechnologies commercialisées ». Cette publication est rédigée par l’ISAAA, le « Service International d’Acquisition des Applications des Biotechnologies agricoles », organisme financé par l’industrie pour faire la promotion des plantes GM. Son but est de présenter les OGM agricoles comme étant bénéfiques pour l’environnement et comme étant la solution contre la faim et la pauvreté dans le monde. Les industriels des biotechnologies continuent d’affirmer, contre toute évidence, que les plantes GM réduisent l’utilisation des pesticides et jouent un rôle dans la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde.

(3) Les données du Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis montrent que de 1994 à 2005, les plantes RoundUp Ready de Monsanto ont provoqué une multiplication par 15 des quantités utilisées de glyphosate. Rien qu’en 2006, les quantités utilisées pour le soja ont fait un bond de 28% pour atteindre presque 44 000 t. L’an dernier une étude d’une Agence gouvernementale brésilienne révélait que l’utilisation de glyphosate avait augmenté de 79,6% de 2000 à 2005, ce qui est beaucoup plus rapide que l’expansion des surfaces plantées en soja RR

(4) Au niveau mondial, on dénombre 58 études attestant de l’apparition d’herbes résistantes au glyphosate, se développant sur 3 251 sites couvrant une surface totale d’un millions d’hectares. Les spécialistes sont d’accord sur le fait que ces résistances sont dues à la culture en continue de plante tolérantes au RoundUp et à une sur-utilisation du glyphosate. En Argentine, en 2007, une adventice résistante, appelée herbe de Johnson, infestait 120 000 ha. On estime qu’il faudra utiliser 25 millions de litres d’autres herbicides que le glyphosate, pour arriver à bout de cette adventice, ce qui augmentera les coûts de 160 à 950 millions de dollars par an.

(5) En Afrique du Sud, depuis l’adoption du coton Bt, le nombre de petits producteurs s’est effondré de 3229 en 2001/2002 à, à peine 853 en 2006/2007. En Inde, le coton Bt n’apporte aucune réponse à des problèmes comme l’augmentation des semences et des intrants mais au contraire contribue à la spirale de l’endettement. Rien que pour l’année 2007 (jusqu’en octobre), 942 cas de suicides de paysans ont été répertoriés. On a eu connaissance de nombreux conflits entre les grands propriétaires terriens et les communautés villageoises y compris l’assassinat par balle d’un paysan au Brésil, par un membre d’une milice liée à Syngenta. Au Paraguay, l’expansion du soja est associée à l’accroissement de la pauvreté rurale. 90% du soja cultivé est GM et près de 40% de la population vivant dans les zones rurales vivent en dessous du seuil de pauvreté.

(6) Le soja RoundUp Ready de Monsanto – la plante GM la plus plantée au monde – n’a pas de rendement supérieur au soja conventionnel. En fait, de nombreuses études montrent même une baisse moyenne comprise entre 5 et 10% par rapport aux variétés conventionnelles à haut rendement. Le coton insecticide Bt contre certains insectes n’a pas de rendement supérieur à des cotons conventionnels : aux Etats-Unis, en Argentine, en Colombie et en Australie les rendements globaux sont restés les mêmes. En Inde et en Chine, l’augmentation des rendements est principalement due aux conditions climatiques et à des facteurs de productions non liés aux biotechnologies. En Chine, par exemple, le Xingjiang, la province avec la production la plus élevée de coton et le rendement moyen le plus élevé, cultive majoritairement du coton conventionnel pas des variétés GM, Bt.

(7) Une seule plante GM est plantée dans l’Union Européenne, il s’agit du maïs Bt de Monsanto (le MON810), maïs qui a été manipulé génétiquement pour produire un insecticide. Les industriels des biotechnologies ont annoncé une augmentation de 77% de la surface cultivée en plantes GM dans l’UE pour 2007. Cela amène la surface totale cultivée de 1%, à un peu moins de 2%. Le pays qui montrait le plus d’intérêt pour ce maïs, la France vient d’annoncer sa suspension pour des raisons sanitaires et environnementales.

(8) Les Amis de la Terre / Friends of the Earth Europe ont rassemblé un certain nombre de documents provenant de sources scientifiques ou gouvernementales http://www.amisdelaterre.org/-Val-d-Oise.


Source : http://www.notre-planete.info/actualites/lireactus.php?id=1559

dimanche 10 février 2008

Vente de semences : Kokopelli condamné puis approuvé!

L'information est décisive. Nous devons la répercuter. Elle révèle qu'au plus près de nos vies, dans nos jardins, nous pourrions produire une part de notre alimentation sans être placés sous la contrainte des semenciers! C'est important pour la biodiversité mais aussi pour la lutte contre la marchandisation du vivant! Mais, comme toujours, le succès définitif dépend de la pression de l'opinion informée. J-P D.
__________________

Les récentes condamnations de l'association Kokopelli, pour vente de semences non inscrites au catalogue officiel, ne sont pas passées inaperçues. Lors du controversé débat sur le projet de loi OGM, au Sénat, le nom de cette association a été cité à plusieurs reprises par quelques Sénateurs se prononçant en faveur d'une solution pour remédier à sa situation.

En effet, en vendant des variétés anciennes non-inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés, Kokopelli se place dans l'illégalité alors que, la Secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, reconnaît que cette association ... "contribue à la biodiversité". A ce titre, même si la Secrétaire d'Etat considère que "ces variétés n'ont pas vocation à être cultivées de manière commerciale", elle estime, à juste titre, qu'il est nécessaire de renouveler leur stock (1). Aussi, pour elle, l'association Kokopelli ..."remplit une mission de service public et sa condamnation pose problème".

Pour mettre fin à cette "situation absurde", pour reprendre les propos de N. Kosciusko-Morizet au Sénat, une évolution de la législation serait envisagée afin de permettre l'inscription gratuite d'une partie des semences diffusées par l'association.

Si pour Raoul Jacquin, porte-parole de l'association, la mobilisation des adhérents et sympathisants commence à porter ses fruits, tout en demeurant "plus que jamais nécessaire et indispensable", la surprise est réelle face à la "déclaration encourageante de Nathalie Kosciusko-Morizet, alors qu'aucun retour n'a été fait aux demandes de rendez-vous effectuées auprès du gouvernement... Ajoutant que "le libre accès de tout un chacun, particulier comme professionnel, aux semences anciennes, reproductibles, en voie d’érosion génétique, n’est pas négociable", R. Jacquin renouvelle publiquement sa demande de rendez-vous auprès du Ministre de l'écologie et de ses homologues de l'agriculture et des finances.

De son côté, le GNIS (2) dans un communiqué de ce jour, souligne que le catalogue officiel des espèces et variétés a été créé par l'Etat en 1932, à la demande des agriculteurs. Pour le groupement des professionnels de la semence, la polémique actuelle, autour de Kokopelli, empêche de se pencher sur les vrais problèmes et notamment le fait que "l'Etat s’est largement reposé sur les semenciers et l’Inra (3) et n'a jamais mis les moyens nécessaires dans la conservation et la caractérisation des ressources génétiques".

En matière d'inscription de variétés anciennes de légumes, la gratuité à... un coût! Raoul Jacquin, preuve à l'appui avec les récépissés de lettres recommandées expédiées dans la main, note que l'association n'a jamais eu de réponses aux demandes qu'elle a effectuées pour se mettre en conformité en inscrivant ses variétés.

Bref, une clarification législative serait assurément la bienvenue, ne serait-ce que pour la notion de gratuité de l'inscription au catalogue. Celle-ci apparaît en effet toute relative, le tarif 2007 indiquant un coût de 246,79 € par variété à inscrire...

1- Dans un mode de conservation classique, toutes les semences ont une aptitude à la germination qui se réduit avec le temps. Par ailleurs, à l'heure du changement climatique, seule une conservation par culture peut permettre aux variétés de s'adapter aux modifications du climat.
2- Groupement National Interprofessionnel des Semences. Le Gnis représente l'ensemble des professionnels de la filière semences.
3- Institut National de la Recherche Agronomique.

Source : texte de
Pascal Farcy . Voir : http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2976

mercredi 6 février 2008

À bas les experts et le cabillaud! Vive la science!

C'est à peine drôle, mais il y du vrai dans ce billet d'humour : la biodiversité dépend aussi de la consommation et surtout ce qu'on propose aux consommateurs dont on "fabrique" le goût! J-P D

"Ah les experts ! Espérons qu’ils en viendront aux mains et rapidement à l’assassinat, amenant à terme la disparition des experts de la planète, qui constituent un plus grand danger que l’effet de serre. La science set tellement belle quand elle se contente de contribuer à l’accroissement du savoir de cet Homo qui n’est sapiens que parce qu’il sait. Sur la même page du
Monde, une information sur le cabillaud menacé de disparition. On propose – c’est une coutume – de contingenter la pêche (réduction de 18% des prises). Quel dommage de ne pas frapper plutôt les restaurateurs pour manque d’imagination ! Peut-on me citer un seul restaurant où l’on ne trouve sur la carte le fameux dos de cabillaud, facile à congeler et à cuisiner sans talent ni originalité ? Je le dis sans hésitation : à bas le cabillaud ! Dans la guerre sans arêtes et sans goût, l’autre envahisseur est le saumon (élevage et petit coût) au goût désastreux de fraîchin. Dégoûter le consommateur de manger du poisson n’est-il pas, in fine, la meilleure façon de protéger les espèces menacées et de respecter la biodiversité ?"

Jean-Didier Vincent. Décembre 2007.
Source : http://blog.fondapol.org/la-science-et-lhomme-le-blog-de-jean-didier-vincent/blog-post/les_experts_du_climat.html

mardi 5 février 2008

Nous dépendons tous de la biodiversité

Si l'on commence à entrevoir les effets du réchauffement climatique, on connaît beaucoup moins l'impact que pourrait avoir l'appauvrissement de la biodiversité sur notre vie.*

- Pourquoi la biodiversité disparaît-elle?
Comme tout ce que produit la nature est gratuit, l'homme se sert sans se soucier de la gestion des stocks. Il a inventé le gaspillage. Il agit dans la nature comme il n'oserait jamais le faire chez lui. Pour augmenter le rendement, il n'hésite pas à faire de la monoculture intensive, à polluer, à créer des OGM, à couper des forêts.

- On parle beaucoup des forêts, qu'en est-il de nos océans?
S'il est un lieu où se concentrent aujourd'hui des pratiques désastreuses pour l'avenir de la planète, c'est l'océan. On a tous en tête des images de la forêt amazonienne. Le pillage des océans, lui, se fait hors de notre vue. C'est une véritable zone de non-droit.

- Est-ce encore en notre pouvoir d'infléchir le cours des choses?
Nous n'avons plus le choix. Les gouvernements reconnaissent aujourd'hui l'importance de l'enjeu. Alerter, l'opinion publique est aussi déterminant. Le problème de la vie sur notre planète nous touche tous. Personne ne peut vivre hors sol.

Pour en savoir plus :
* Jean-Christophe Vié, Vice-président de l'Union mondiale pour la nature, Le jour où l'abeille disparaîtra, Ed. Arthaud, Paris, 2008.
Extrait de l’intreview recueillie par Christine Bouchardy, et parue le 4 février 2

vendredi 1 février 2008

L'Anthropocène : l'univers où se détruit homo sapiens

Encore une info décisive : l'homme ne connaît plus le monde qu'il transforme. Plus que la menace atomique -qui n'a pourtant pas disparu!-, une "anthropisation" de la planète peut nous être fatale. J-P D.

En 1885, le congrès international de géologie avait adopté le terme holocène (ère entièrement nouvelle) pour qualifier le cycle à peu près stable de 10 000 ans commencé après la dernière glaciation.

Mais c’était oublier les gigantesques bouleversements terrestres d’origine humaine qui allaient survenir ces deux derniers siècles, depuis le début de l'ère capitaliste. C’est pourquoi Paul Joseph Crutzen, Prix Nobel de chimie en 1995, reconnu pour ses travaux sur l’altération de la couche d’ozone, préfère parler, depuis l’année 2000, d’anthropocène, ou modification de la biosphère par l’espèce homo sapiens.

La population qui est la nôtre utilise, en effet, 50 % des ressources mondiales en eau douce, respire 15 % de l’oxygène de photosynthèse, émet 30 % du dioxyde de carbone, et comptera 9 milliards d'individus en 2050. Par son activisme sans limites et sans contrôle, le climat est bouleversé, la biodiversité est en péril et les ressources s’épuisent.

La bonne option, que Crutzen appelle « mitigation », viserait à atténuer considérablement l’influence humaine sur la Biosphère. Mais Crutzen envisage le pire, une société qui se refuse à changer ses habitudes ("business as usual").

Alors, il faudrait aller jusqu’au bout des sauts technologiques, mettre en place de la géo-ingénierie pour transformer l’atmosphère et nous protéger du réchauffement climatique. Il faudrait imiter les volcans et envoyer chaque année par fusée des millions de tonnes de soufre dans la stratosphère pour réduire l’entrée des rayons solaires... ! Et ce ne sont pas des rêves! Les apprentis sorciers vont-ils encore encore frapper! Les faux savants cherchent, avant tout, à préserver l’illusion d’une humanité maîtresse des éléments et capable d'un développement durable, celui de la richesse sélective…

Source à chercher sur biosphere.ouvaton.org.