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Notre prochain débat citoyen aura lieu le samedi 09 Février à 17h00
Maison de la Challe à ERAGNY

Les circuits courts alimentaires
Les jardins partagés


mercredi 24 septembre 2008

EDF et son industrie nucléaire s'installent en Grande-Bretagne

Après 7 mois de négociations et une première tentative cet été, EDF a finalement réussi à racheter British Energy, qui lui permet de mettre la main sur la plus grande partie du parc des centrales nucléaires britanniques ainsi que sur les meilleurs terrains pour en construire de nouvelles. Le montant de la plus grosse acquisition de l’histoire de l'électricien tricolore s’élève à 15,6 milliards d’euros. Selon les modalités de cet accord, EDF rachètera la totalité des actions de British Energy, dont les 35,2% détenus par l'Etat britannique.



Puis, dans quelques mois, il devrait revendre 25% du capital au gazier Centrica.


En rachetant BE, qui possède 8 des 10 centrales nucléaires du pays, EDF, qui exploite déjà 58 centrales en France, accède à un marché nucléaire prometteur, que le gouvernement britannique a décidé, en janvier, de relancer. D'ailleurs, le gouvernement britannique, premier actionnaire de BE avec 35,2% du capital, était favorable au rapprochement entre BE et EDF.

Le Premier ministre Gordon Brown s'est réjoui que "le renouveau du nucléaire devienne une réalité" et le ministre britannique des Entreprises John Hutton a indiqué qu'EDF avait l'intention de construire 4 nouveaux réacteurs au Royaume-Uni.

Déjà présent au Royaume-Uni à travers sa filiale EDF Energy, EDF pourrait même davantage encore s'y implanter, car il est candidat, avec le groupe nucléaire français Areva, à la construction de réacteurs de troisième génération EPR outre-Manche.

Grâce à cette opération, Pierre Gadonneix, le P-DG, efface ses échecs récents à l’étranger. "Pour EDF, ceci représente une étape historique dans nos développements stratégiques en Europe", a-t-il ainsi déclaré. Ses dernières tentatives en Espagne et en Belgique avaient, en effet, échoué. Plus récemment, son partenaire, Constellation Energy a choisi d’être racheté par Warren Buffett pour 3,2 milliards d’euros, et non pas par le groupe français qui avait pourtant fait une meilleure offre aux actionnaires.

En fin de séance, le titre EDF prenait 2,09%, à 51,200 euros, dans un marché en recul de 0,61% à la Bourse de Paris.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Source : http://www.challenges.fr/actualites/entreprises/20080924.CHA6675/edf_porte_en_bourse_par_le_rachat_de_be.html

mardi 23 septembre 2008

Forêts : la campagne de Greenpeace

Greenpeace lance une campagne de pétitions en urgence.
Nous pouvons nous y associer!



"Vous êtes près d'un demi million à avoir visionné la vidéo Forest Love... et déjà 90 000 à avoir signé la pétition pour demander à l'Union européenne de réglementer le commerce de bois.


Mais quand il s'agit de protéger les forêts et de lutter contre la déforestation illégale, la Commission européenne traîne encore les pieds ! En effet, le vote qui doit déterminer si l'Europe sera dotée à l'avenir d'une règlementation sur le commerce de bois est sans cesse repoussé.

Puisque la Commission européenne ne semble pas voir la protection des forêts comme une priorité, nous avons besoin de vous pour les convaincre de lutter contre la déforestation.

Nous devons récolter 100 000 signatures d'ici le 28 septembre.
Aidez-nous à atteindre cet objectif !

Vous n'avez pas encore signé la pétition? Allez, un petit effort, montrez que, vous aussi, vous aimez la forêt !

Vous avez déjà signé la pétition, faites la circuler auprès de vos amis ! "


http://www.greenpeace.org/france/getinvolved/act/urgent-petition-m-barroso
http://www.greenpeace.org/france/campaigns/forets

lundi 22 septembre 2008

Chasse-Marée et peau de chagrin.


Le terme ancien de "Chasse-marée", désigne à l'origine le métier de mareyeurs et routiers qui acheminaient le poisson vers les lieux de consommation. Le poisson de Boulogne était emmené à Paris par des chasses-marées, tirés par des chevaux de trait de race boulonnaise. Les chasse-marée ont disparu en août 1848 lors de la mise en service de la ligne de train Boulogne-sur-Mer-Paris.

Dans un lointain passé, Éragny et ses bois étaient déjà traversés par des véhicules, des voitures à cheval transportant rapidement le poisson de mer : les chasse-marée.

Depuis les années 1970, il a poussé plus d’arbres en la ville qu’au temps où commune n’était encore qu’un village. Jusqu’à ce jour, le bois des Chasse-Marée, davantage fréquenté donc - et par une population qui a été multipliée par quatre-, étoffé par la pousse des essences à développement rapide -et notamment les robiniers-, est resté un espace naturel vivant, habité par des animaux discrets -renards et écureuils notamment- et peuplé par plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux.

Bien que peu ou pas entretenu, le bois est à peu près respecté et les décharges dites sauvages n’y sont pas trop nombreuses. Même les traversées pétaradantes de quelques motards en quête de sensations n’ont pas trop dégradé les chemins de traverse. Chaque jour, des propriétaires de chiens s’y retrouvent pour échanger d’aimables banalités et offrir un temps de liberté à leur animal de compagnie.

Cette situation va-t-elle durer, peut-elle durer ?

Dans les années qui viennent, trois causes de mise à mal du bois d’Éragny vont se surajouter : avant tout, le passage éventuel de la Francilienne, couverte ou pas, qui entraînerait une large éventration du bois dont il ne resterait alors pas grand chose, ensuite l’élargissement programmé du passage sous la ligne à haute tension nécessitant le maintien d’un passage d’engins de débroussaillage, d’élagage et d’abattage, enfin la lente extension de la zone pavillonnaire rognant sur les marges.

On peut encore espérer que la Francilienne ne sera pas prolongée de sitôt, les restrictions budgétaires et les exigences écologiques aidant. On peut même obtenir des entreprises assurant la sécurité des installations électriques, comme par le passé, une « gestion douce » de l’accès aux lignes et un renoncement à l’élargissement de l’emprise. Le grignotage du bois par l’habitat est tout aussi dangereux si ce n’est plus…

Le 7 juillet 2008 a été délivré un permis de construire pour 10 pavillons à bâtir par Bouygues-Immobilier, le long de la rue de Flore. Une nouvelle parcelle boisée va disparaître. Quand bien même l’autoroute ne serait pas réalisée, l’appétit des promoteurs, devant cet espace alors libéré, ne manquerait pas de les inciter à mordre plus encore dans ce bois qui n’est pas très protégé bien qu’appartenant au patrimoine communal.

On pourrait se demander s’il n’y a pas quelque contradiction, voire quelque provocation, à laisser construire de nouveaux pavillons à proximité du passage possible de la Francilienne ! Car de deux choses l’une, ou l’autoroute passe (et bâtir dans les marges de la voie est insoutenable), ou bien l’autoroute ne passe pas (et prendre les précautions qui empêcheront l’abandon puis le sabotage du bois doit être pensé dès à présent). Dans les deux cas, la responsabilité de la municipalité est engagée.

Il est urgent d’engager une politique de boisement du territoire communal et de renouvellement des espèces végétales, accompagnée par une valorisation du Bois des Chasse-Marée, depuis la rue de la Marne jusqu’à la rue de l’Ambassadeur, tout en assurant un prolongement ou une continuité avec le Bois des Hautes Roches à Conflans Sainte Honorine.

Oui, le bois d’Éragny peut se transformer rapidement en une peau de chagrin. La Peau de chagrin est un roman d’Honoré de Balzac publié dans les Romans et contes philosophiques. Il y est démontré, au travers d’une histoire symbolique, que plus s’élargissent nos désirs immédiats plus rétrécissent l’espace et le temps d’une vie simple et maîtrisée ! L’écologie, dont tout le monde se réclame sans en comprendre les exigences, conduit à la recherche des équilibres, dans chaque cité, entre ce que produit l’homme et ce que renouvelle la nature dont nous avons besoin pour mieux vivre.

Le Bois des Chasse-Marée, pour qui sait voir, écouter et observer, est une présence vivante au cœur de la commune. Le protéger nous protège. L’entretenir nous enrichit. Pourquoi est-ce si difficile à comprendre ?

lundi 15 septembre 2008

C'est le transport routier qui pollue le plus

Le transport routier reste la plus importante source de pollution de l’air en Europe



Le transport routier reste la plus importante source de pollution de l’air en Europe

Malgré de réels progrès depuis 1990, les émissions des voitures et des poids lourds constituent toujours la principale source de polluants atmosphériques nuisibles à la santé, selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (EEA).

Publié le lundi 28 juillet 2008, le rapport indique que le transport routier reste la principale source d'oxydes d'azote (NOx), de monoxyde de carbone (CO) et de composés organiques volatils non méthaniques (NMVOC) en Europe.

Il s’agit également de la deuxième source d’émissions de particules fines en suspension (PM10 et PM2,5) après le secteur du bâtiment et le secteur résidentiel. Ces émissions peuvent provoquer des maladies respiratoires chez l’homme.

Les industries manufacturières ainsi que le bâtiment, le secteur résidentiel (avec les particules en suspension) et l’agriculture (surtout avec l’ammoniaque) constituent d’autres sources importantes de pollution atmosphérique. C’est ce que révèle le rapport, qui rassemble des données soumises par les 27 Etats membres de l’UE entre 1990 et 2006.

Le rapport indique que depuis 1990, la tendance générale des émissions de polluants atmosphériques est à la baisse partout en Europe et qu’en 2006 les émissions d’oxydes d’azote enregistrées ont diminué de plus de 35 % et de près de 70 % dans le cas du dioxyde de souffre.
Toujours selon le rapport, le polluant acide SOx a enregistré la plus importante réduction d’émissions : une baisse de 70 % en 2006 par rapport aux niveaux de 1990. Avec 58,4 % des émissions, l’électricité publique et la production de chaleur sont responsables de la majeure partie de la pollution dans le secteur de l’énergie.

Les émissions des trois principaux polluants atmosphériques à l’origine de la formation d’ozone nuisible au niveau du sol ont également baissé au cours de cette période. Le rapport indique que les émissions de CO ont chuté de 53 %, les émissions de NMVOC de 44 % et les émissions de NOx de 35 %.

Selon la Commission européenne, les Européens vivent en moyenne huit mois de moins à cause des particules fines en suspension dans l’atmosphère. Barbara Helfferich, porte-parole du commissaire à l’Environnement Stavros Dimas, a indiqué que dans certaines zones plus polluées de l’Europe, l’espérance de vie pouvait baisser de 36 mois.

En avril, le Conseil des ministres a approuvé une nouvelle directive sur la qualité de l’air qui fixe des normes d'émission contraignantes pour les particules fines dans l'UE.
Dans une déclaration annexée à la directive, la Commission a annoncé un certain nombre de nouvelles propositions législatives qu’elle projette de présenter en 2008 afin d’améliorer encore plus la qualité de l’air en Europe. Il s’agit notamment de mesures visant à réduire les émissions liées au ravitaillement des voitures à essence dans les stations services ou à réduire la teneur en solvant des peintures et des vernis.

Le rapport de l’AEE a été publié dans le cadre des engagements de l’UE sous la Convention C.E.E. sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance de 1979, gérée par la Commission économique pour l'Europe des Nations unies (CEE-ONU).

http://www.notre-planete.info/services/membres/lettres.php?id=59


mardi 9 septembre 2008

Non à EDVIGE petite sœur de CRISTINA

EDVIGE comme CRISTINA sont des fichiers de police permettant la mise en surveillance de tous les citoyens, délinquants ou pas! Refusons cette tutelle politique et signons l'appel qui suit.



Pour l'abandon du fichier EDVIGE...

...instituant le fichage systématique et généralisé, dès l’âge de 13 ans, par la police des délinquants hypothétiques et des militants syndicaux, politiques, associatifs et religieux.

Sans débat public préalable, le gouvernement, par un décret publié au Journal officiel du 1er juillet 2008, a considérablement accru les capacités de fichage de nos concitoyens. Ce fichage sera assuré, à l’avenir, par la Direction centrale de la sécuritépublique (fusion des Renseignements Généraux et de la DST).

A cette fin, un nouveau fichier policier sera mis en place sous le nom d’EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale). Il recensera, de manière systématique et généralisée, toute personne « ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». Sans exception, toutes les personnes engagées dans la vie de la cité sont donc visées.

En outre, ce fichage vise à permettre la collecte de renseignements identitaires sur les « suspects » (personne mais également groupe) simplement considérés, par la police, comme susceptibles, à l’avenir et de manière totalement hypothétique, de porter atteinte à « l’ordre public ».

Il permettra de compiler toutes les notes de renseignements telles que : état civil, photographie mais aussi fréquentations, comportement, déplacements, appartenance ethnique, vie sexuelle, opinions politiques, philosophiques, religieuses, appartenances syndicales et associatives … La police sera autorisée à consulter ce fichier en cas d’enquêtes administratives pour l’accès à certains emplois.

Les mineurs ne seront pas épargnés puisque fait sans précédent dans notre République et particulièrement choquant, leur fichage sera autorisé dès l’âge de 13 ans et cela sans qu’aucune infraction n’ait été commise et sur la seule base de leur dangerosité présumée.

Cette initiative gouvernementale, porteuse à l’évidence de nombreuses dérives, s’inscrit résolument dans le cadre de la mise en place d’une politique sécuritaire ouvertement revendiquée. Le gouvernement est passé outre aux réserves émises par la Commission nationale Informatique et Libertés concernant ce fichier qui, dès sa parution, a suscité les plus vives réprobations de multiples organisations associatives, syndicales et politiques.

C’est pourquoi les organisations et les personnes signataires de cet appel :

– exigent le retrait du décret autorisant la mise en place du fichier EDVIGE qui institue un niveau de surveillance des citoyens totalement disproportionné et incompatible avec une conception digne de ce nom de l’état de droit,
– sollicitent le soutien et la signature de tous nos concitoyens et de toutes les organisations attachées aux libertés publiques, au respect de la vie privée et des droits de l’enfant,
– s’engagent à se constituer, dès le mois de septembre 2008, sous forme de Collectif afin de prendre toute initiative utile visant à obtenir des pouvoirs publics qu’ils renoncent à la mise en place du fichier EDVIGE.

Appel "Non à Edvige !" - C/o Ligue des Droits de l'Homme, 138 rue Marcadet, 75018 Paris.
http://nonaedvige.ras.eu.org/petitions/?signe=oui

lundi 8 septembre 2008

ATTAC : les quatre crises

ATTAC prend nettement un virage écologique. Dans son discours de Clôture de l’Université citoyenne d’Attac, à Toulouse, le 26 août 2008, Jean-Marie Harribey, co-président d'ATTC-France, appelle à "Prendre le risque de l’altérité". Voici un extrait de ce discours qui donne matière à réflexion politique.

Beaucoup l’ont dit : la crise est multiple et globale. Elle présente de ce fait un caractère systémique qui montre vraiment que le capitalisme tente de faire sauter les barrières qui s’opposent à l’achèvement de la marchandisation du monde.

Déjà, l’an dernier, lorsque la crise a éclaté aux Etats-Unis, nous avions eu l’intuition et nous avions annoncé que cette crise s’étendrait à la planète entière et surtout qu’elle gangrènerait toutes les formes d’activité, financière et bancaire, mais aussi productive, qu’elle pénaliserait d’abord les plus pauvres en les empêchant même de se nourrir, qu’elle aiguiserait encore davantage les tensions géopolitiques dans le monde et qu’elle soulignerait l’incapacité définitive du capitalisme à résoudre la crise écologique. Mais, à peine formulées, il faut immédiatement questionner nos propres affirmations sur la nature de cette crise. Je vous propose de réfléchir à deux points.

Premièrement, nous disons qu’il y a quatre crises : financière, sociale, alimentaire et écologique. Déjà, plusieurs d’entre nous l’ont à juste titre fait remarquer, il y aussi une crise d’ordre géopolitique qui renforce les risques de guerre et conduit les gouvernements vers des politiques sécuritaires et anti-démocratiques. Mais le problème essentiel n’est pas de savoir si l’on a dressé la liste exhaustive des crises. Le problème essentiel est de les caractériser d’une façon qui ne nous mette pas en contradiction avec notre posture altermondialiste.

Ainsi, nous disons qu’il y a une crise sociale et une crise alimentaire. Le « et » ne va-t-il pas nous gêner rapidement ? Car la crise alimentaire qui frappe les pays pauvres ne serait-elle pas de nature sociale, c’est-à-dire propre à détruire un peu plus leurs sociétés ? Le social ne concernerait-il que les « acquis sociaux » au sein des pays du Nord ? Certainement pas, alors ne conviendrait-il pas d’ores et déjà de dire que la crise sociale revêt deux aspects : elle brise la condition des travailleurs en chaque endroit du monde et elle atteint les sociétés les plus démunies dans ce qu’elles ont de plus vital : la capacité de se nourrir.

Ce déplacement de perspective est certes minuscule. Mais nous devons rester vigilants pour ne pas faire du social l’apanage des pays du Nord. Il y va de l’avenir des forums sociaux dont Pierre Khalfa, Eric Toussaint et d’autres disaient hier que l’une de leurs avancées était d’avoir élargi le périmètre des forces sociales qui y étaient impliquées.

Deuxièmement, Geneviève Azam a parfaitement expliqué combien la crise écologique nous faisait toucher du doigt la question des limites. Je voudrais enfoncer le clou. Le danger que fait courir le productivisme est de rendre irréversible la destruction des conditions de vie sur la terre, pas seulement les conditions matérielles, mais aussi les conditions du vivre ensemble, au fur et à mesure que les bornes sont franchies. Mais ce danger est surmultiplié par le fait que, abandonné à sa plus grande pente, le capitalisme

- ou bien continue de bafouer tout principe de précaution, et, à ce moment-là, il détruira à long terme tout ce qu’il se sera approprié, c’est-à-dire l’habitat humain, et à court terme il expropriera définitivement de celui-ci une grande partie de l’humanité ;

- ou bien le capitalisme, dans un éclair de lumière ou de conscience, comprend qu’il a intérêt à ne pas trop tirer sur la corde environnementale, et alors il cherchera à en faire payer le prix à ceux qu’il domine : l’écologie contre le social. S’extraire des contraintes d’une limite en faisant reculer une autre limite, celle du socialement acceptable.

Cela, nous l’avons aujourd’hui compris. Mais cela nous place devant une difficulté majeure. Puisque la crise est globale, nous ne pouvons pas la résoudre par petits bouts. Il n’y a pas un temps pour résoudre la crise sociale, puis un temps pour résoudre la crise écologique, bien que le temps du social soit le court terme, tellement il existe d’urgences à parer, et que le temps de l’écologie soit le très long terme, tellement les évolutions de la biosphère sont lentes.

Texte intégral. : http://www.france.attac.org/spip.php?article8853&decoupe_recherche=universit%E9%20Toulouse

samedi 6 septembre 2008

L'énergie solaire photovoltaïque sort de la marginalité. Enfin!

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L'énergie solaire photovoltaïque est en phase de décollage (extraits)

La 29e Conférence de l'énergie solaire photovoltaïque, qui doit s'achever, vendredi 5 septembre, à Valence, a réuni plus de 4 000 chercheurs et un millier d'exposants. duite par les panneaux solaires.

L'énergie photovoltaïque est sortie de la marginalité. Et les perspectives sont plus qu'encourageantes : les analystes financiers voient le marché passer à 5 000 MWc en 2008, 7 000 en 2010, et jusqu'à 20 000 en 2012.

Mais, avec la maturité, pourrait survenir la première crise : "On peut aller vers une situation où l'on produit plus que le marché ne peut absorber", avertit Winfried Hoffmann, vice-président de l'European Photovoltaic Industry Association (EPIA).

"Le problème est que le marché est concentré sur cinq pays, l'Allemagne, les Etats-Unis, l'Espagne, le Japon et l'Italie, observe Ernesto Macias, président de l'EPIA. Et si l'Europe assure 75 % de la consommation, elle ne couvre que 24 % de l'approvisionnement. Les autres pays devraient faire des efforts pour développer leurs marchés." Clairement visée, la Chine, qui s'assure une part grandissante de la production de panneaux solaires - Suntech est ainsi devenue en quelques années une des premières firmes du secteur -, mais dont la consommation reste très faible, avec 100 MW en 2007.

Ainsi, en Espagne, le marché devrait se contracter à la suite de la décision du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero de limiter l'aide au photovoltaïque à 300 MWc installés en 2009. Mais d'autres marchés pourraient décoller, notamment la France, qui a adopté un tarif de rachat de 57 centimes par kilowattheure (kWh) : "EDF est dépassée par le succès, observe Jean-Louis Bal, de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Elle traite 800 raccordements d'installations solaires au réseau chaque mois."

Si le solaire doit traverser une crise de croissance, celle-ci ne devrait être que passagère. C'est que la ressource est immense : "Elle est dix mille fois supérieure à la consommation électrique actuelle de l'humanité, observe le chercheur Jean-François Guillemoles. Et c'est une quantité inépuisable pour des millions d'années."

Daniel Lincot, président du comité scientifique du congrès de Valence, complète : "En moyenne, en France, un mètre carré de sol reçoit chaque année 1 mégawattheure. Si on récupère 10 % de cette énergie, cela représente 16 litres de pétrole ; 5 000 km2 assureraient toute la consommation électrique du pays, soit 540 terawattheure." Pour ses promoteurs, le solaire est l'énergie de l'avenir. Selon Hans-Josef Fell, député au Bundestag, "le photovoltaïque a la capacité de remplacer dans quelques décennies l'énergie nucléaire en Allemagne".

Ces perspectives appartiennent cependant encore au domaine du rêve : le coût de production de l'électricité photovoltaïque reste très élevé, allant, selon les pays, de 30 à 60 centimes d'euros par kWh. Les experts estiment cependant que la "parité avec le réseau", c'est-à-dire l'égalité entre le coût de production d'un kWh par une maison équipée et le prix facturé par le réseau pour fournir ce kWh à la maison, sera atteinte d'ici 2020.

Si le photovoltaïque a vocation à équiper les toits des bâtiments, il peut aussi passer par des centrales qui occupent une très grande surface au sol. Mais il faudra démontrer que c'est le meilleur usage qu'on puisse faire de celui-ci.

Les acteurs du solaire assurent que leur souci est altruiste : "Il y a un caractère d'urgence qui donne une particularité à cette communauté, affirme Daniel Lincot. Nous voulons résoudre un problème collectif, pas simplement produire plus de choses, comme d'autres secteurs tels l'automobile ou les écrans plats."


Références

Une énergie propre : le solaire a l'avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre et de ne pas produire de déchets.

Elle peut être récupérée selon deux méthodes : dans le solaire passif, l'énergie solaire vient réchauffer un fluide dont la chaleur est utilisée pour le chauffage ou pour faire tourner une turbine ; dans le solaire photovoltaïque, l'énergie solaire vient exciter un matériau conducteur, produisant ainsi de l'électricité.

Une place encore marginale : la capacité photovoltaïque installée dans le monde est de l'ordre de 10 000 megawatt-crête et fournit moins de 1 % de la production électrique mondiale.


vendredi 5 septembre 2008

Prix 2008 de l'AJIS : "Les nomades du nucléaire"





Alexandra Colineau auteure de l'article.

Primée par l'association des journalistes de l'information sociale.

On les appelle les « nomades du nucléaire ». Ils parcourent la France de centrales en centrales pour effectuer les travaux de maintenance dans les zones les plus radioactives. En quinze ans, leurs conditions de travail et de vie se sont dégradées. Et les experts craignent pour le bilan sanitaire des années à venir. Enquête sur ceux qui se surnomment « les esclaves du nucléaire »

« Le nucléaire ne m’intéresse plus, mais j’ai pas le choix. Faut bien gagner sa vie. » Philippe Caens a 41 ans, dont 20 passées au chevet des centrales nucléaires françaises. Electricien, il exerce son métier aux cotés des agents EDF, dont il partage les difficultés. Mais pas le confortable statut. Son employeur, la société Clemessy, est moins prodigue en avantages sociaux, moins généreuse en salaire.

Désormais attaché à la centrale de Flamanville (Manche), Philippe a aussi connu, pendant quatre ans, « les grands déplacements » à travers la France, de centrales en centrales. De 40 à 60 000 kilomètres parcourus chaque année au gré des arrêts de tranche, ces périodes où les réacteurs sont arrêtés pour maintenance. « Je suis divorcé, comme la plupart de mes collègues ».

Comme Philippe, ils sont 22 000 en France, chaudronniers, électriciens, soudeurs, robinetiers, employés par des sous-traitants. On les appelle les « nomades du nucléaire ». Beaucoup sont nés à proximité d’une centrale, dans des régions où, comme le Nord, le chômage dépasse largement la moyenne nationale. Ils connaissent par cœur les 58 réacteurs nucléaires français, répartis dans 19 centrales. Des milliers de kilomètres de câbles et de tuyaux à vérifier et à réparer dans les zones les plus radioactives.

Ces employés sont payés au Smic, auquel s’ajoutent les primes journalières, de 54 à 60 euros pour couvrir les frais de logement et de nourriture. « On essaie de faire de la marge sur les primes », raconte Philippe, qui avec ses 20 ans d’ancienneté, émarge à 10,50 euros de l’heure. Pour le logement, les plus vieux ont pu investir dans une caravane ou un camping-car. D’autres choisissent les hôtels bon marché, à plusieurs dans une chambre. Il y a aussi la solution du gîte, « c’est le moins désagréable, mais en période de vacances les prix explosent ». Il y aussi ceux qui dorment dans leur voiture, sur le parking de la centrale. « Ceux-là n’aiment pas trop en parler parce qu’ils ont honte, confie Philippe. Je me souviens d’un arrêt de tranche où le responsable des prestataires passait à 6H30 le matin sur le parking pour réveiller les gars ».

Autour des centrales, une petite économie locale s’est formée. Dans les campagnes ont fleuri les gîtes, et le long des routes, les marchands de kebab.

Au début des années 90, les sous-traitants assuraient 50 % des activités de maintenance des centrales nucléaires. Ce chiffre s’élève aujourd’hui à 80%. Une dizaine de grands groupes se partagent le marché. Parmi eux, Vinci, Areva, ou Suez. Ces multinationales disposent chacune de plusieurs dizaines de filiales. Pour un seul arrêt de tranche, 30 à 70 sociétés différentes sont amenées à coopérer. Cela représente plusieurs milliers de prestataires, et jusqu’à cinquante conventions collectives différentes à gérer.


La politique du moins disant

La direction d’EDF affirme appliquer « la politique du "mieux disant". » « Nous on dit que c’est au « moins disant », ironise Yves Adelin, ancien cadre d’EDF, responsable CGT. En fait EDF fixe officieusement un prix. Aux sociétés de proposer moins ».
Et quand le contrat d’une société n’est pas renouvelé, des salariés se retrouvent sur le carreau. C’est ce qui s’est produit en février à la centrale de Cruas (Ardèche). La société CIME qui employait 71 salariés a perdu son contrat au profit de la société Essor. Cette dernière s’était engagée à reprendre tous les employés. Mais au début du chantier, la promesse n’est tenue que pour 45 d’entre eux. Le 14 février, installés dans des caravanes devant l’entrée de la centrale, neuf prestataires ont entamé une grève de la faim pour sauver leur emploi. Elle a duré dix jours. Ils ont finalement obtenu gain de cause.

Pour chaque contrat, EDF paie au forfait. A la société sous-traitante de gérer sa productivité, parfois à la limite de la légalité. Selon une enquête réalisée par le Centre de recherche en gestion de l’école Polytechnique publiée en 2004, « les glissements de planning et des imprévus nécessitent des rattrapages qui peuvent se faire qu’en faisant passer la durée du travail de 8 à 10 heures par jour, en décalant le travail de jour en travail de nuit ainsi qu’en prolongeant le travail dans la semaine pendant le week-end. » Selon l’étude, 80% des prestataires interrogés en ont fait l’expérience.

En 1990 un arrêt de tranche durait entre 2 à 3 mois. Aujourd’hui les plus longs durent un mois et demi. « Pour les arrêts simples, certains battent des records à 18 jours » précise Yves Adelin. EDF réplique : « la diminution de la durée des arrêts s’inscrit dans le cadre d’une volonté d’améliorer la disponibilité des centrales nucléaires d’EDF.

Pour Yves Adelin, « en clair, 24 heures d’arrêt de tranche c’est une perte d’1 million d’euro pour EDF. Il y a 58 tranches par an en France. Faites le calcul. Sur toute la France si vous gagnez une journée d’arrêt de tranche, c’est 58 millions d’euros de gagné pour EDF. C’est pas des petites sommes ».

« Rien n’est calculé pour nous »

Marc Duboile, marié, un enfant, a 45 ans. Il est magasinier, salarié de la société Techman. Il travaille depuis huit ans dans le nucléaire : « Rien n’est calculé pour nous. On n’a pas toujours de place sur les parkings. Souvent, le premier jour du contrat on attend des heures que nos autorisations d’accès soient validées parce que pour plusieurs milliers de gars, il n’y a que deux ou trois guichets mis à disposition. Et puis, vous venez de faire 800 Km depuis chez vous et on vous dit qu’il n’y a pas de casiers prévus pour vous changer. Sans parler du matériel, on attend encore des heures avant de pouvoir travailler parce que EDF ne nous donne pas les outils ».

En 2006, l’inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection, mandaté par EDF, alerte la direction : « J’ai été surpris, écrit-il dans son rapport, en arrivant sur certains sites en début d’arrêt de tranche de rencontrer des prestataires qui déploraient le manque d’outillages en zone nucléaire. Les marchés nationaux existent, et je m’interroge donc sur l’origine de cette carence qui donne dès le départ une piètre idée de l’organisation logistique des sites ».

La direction d’EDF reconnaît qu’aujourd’hui encore « des difficultés ponctuelles peuvent exister sur certains sites. »


Plus de 80% des prestataires veulent arrêter

Depuis 1996, le centre de recherche en gestion de l’école Polytechnique effectue, à la demande d’EDF, une enquête annuelle sur le moral des nomades du nucléaire. Ces enquêtes sont confidentielles. Une seule a été présentée aux syndicats, en 2005. Elle établissait que 84 % des prestataires interrogés souhaitaient quitter l’industrie du nucléaire. La direction d’EDF confirme ce chiffre, mais s’en défend : « D’autres études montrent au contraire un fort taux de satisfaction de la part des entreprises prestataires du secteur nucléaire. Mais lorsque l’on demande de consulter ces enquêtes, la direction est gênée : « Elles ne sont malheureusement destinées à un usage externe. »

En 1993, 18% de ces « intermittents du nucléaire » présentaient une symptomatologie dépressive. En 1998 ils étaient 25%. Autre symptôme inquiétant, en 2003, la mutuelle de la centrale de Paluel (Seine-Maritime) remarquait que 80% des feuilles d’assurance-maladie traitées prescrivaient des calmants.

« Pour les prestataires, c’est une souffrance sociale, observe Yves Adelin. Ils ont le sentiment d’être dévalorisés par rapport aux agents EDF. Pour les agents EDF c’est une souffrance psychologique. Ils ont honte de ce que fait subir la direction aux sous-traitants »


« On est là où cela crache »

A ces conditions de travail s’ajoute un autre problème majeur, sanitaire cette fois : l’exposition aux rayons radioactifs.
Le 4 décembre 1990, le conseil de l’Union européenne adopte la directive Euratom qui impose de diminuer la dose toxique reçue par les travailleurs du nucléaire, de 5 rems par an à 2 rems par an. Seulement quelques mois plus tard, en 1991, EDF publie le « Rapport NOC ». Ses auteurs préconisent de « généraliser la sous-traitance à toutes les activités qui peuvent l’être ». Simple coïncidence ? La direction d’EDF affirme qu’« il n’y a aucun lien ».
Pour Yves Adelin, de la CGT, « EDF avait tout intérêt à sous-traiter les postes les plus exposés. L’entreprise se dédouanait de sa responsabilité par rapport aux pathologies médicales à long terme ».

Les prestataires du nucléaire reçoivent 80 % de la dose collective d’irradiation subie dans l’industrie française du secteur. Cette dose est contrôlée sur chaque prestataire grâce à un film et à un badge dosimétriques qu’ils portent sur eux. Quand la limite est atteinte, c’est « la mise au vert », c’est-à-dire le chômage, en attendant que la dose redescende. « Alors pour garder leur boulot, il arrive que des gars dissimulent leur film et leur badge quand ils sont dans des zones où ça crache » confie Philippe Caens.

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) effectue régulièrement des inspections dans les centrales, « mais le suivi des doses dépend de l’employeur. A chaque société de contrôler ses salariés », explique Evangelia Petit, de l’ASN.

« La loi impose aux employeurs de fournir une attestation d’exposition à leurs salariés, précise Michel Lallier, membre du Conseil supérieur de la sûreté et de l’information nucléaires. Le problème c’est que les prestataires changent constamment de centrale et de société, du coup il y a une énorme confusion sur qui doit délivrer ces attestations. On s’aperçoit aujourd’hui que la plupart des gars qui partent à la retraite n’ont pas d’attestation sur la dose toxique qu’ils ont reçue durant leur carrière. Dans 10 ou 15 ans, quand les premiers cancers apparaîtront, ces employés ne pourront pas faire reconnaître leur pathologie en maladie professionnelle. »

A ce jour, aucune étude n’a été réalisée en France sur les risques cancérologiques qu’encourent les prestataires du nucléaire. « Je crains le pire, affirme Michel Lallier. Il n’est pas improbable qu’on se retrouve dans quelques années face à un problème comparable à celui de l’amiante » L’amiante a tué près d’un millier d’agents EDF. 5000 sont contaminés.

http://www.ajis.asso.fr/article.php3?id_article=1188

mardi 2 septembre 2008

Une histoire belge pas drôle du tout...


http://www.lexpress.fr/reuters/monde/2008-08-29T120428Z_01_NOOTR_RTRIDSP_3_OFRWR-BELGIQUE-FUITE-NUCLEAIRE-20080829.jpg

BRUXELLES - Le ministre belge de l'Energie Paul Magnette a réclamé mardi des "sanctions sévères" à l'égard des responsables d'un laboratoire médical où s'est produit une fuite d'iode radioactif il y a dix jours, estimant qu'ils avaient commis "des erreurs effarantes".

L'incident, le plus grave de ce type jamais survenu en Belgique, s'est produit vendredi 22 août à l'Institut national des Radioéléments (IRE) de Fleurus, près de Charleroi (sud). Une "erreur de manipulation" a provoqué un rejet dans l'atmosphère d'iode radioactif, a précisé Paul Magnette.

Ce n'est que le lundi 25 août, lorsque le système de sécurité a lancé une nouvelle alarme, que l'IRE a informé l'agence belge de contrôle nucléaire (AFCN), et encore avec plusieurs heures de retard. D'abord jugé inoffensif par l'AFCN, l'incident a été requalifié le 28 août par les autorités, qui ont alors demandé aux riverains de ne pas consommer les fruits et légumes de leur jardin.

L'incident et les hésitations en matière de communication des différentes autorités ont causé un vif émoi chez les riverains de l'IRE. Des tests effectués lundi sur près de 1.000 personnes, en majorité des enfants, vivant dans les alentours de l'institut n'ont cependant pas révélé de contamination à l'iode radioactif.

(©AFP / 02 septembre 2008 13h58)

http://info.rsr.ch/fr/news/Fuite_d_iode_radioactif_en_Belgique.html?siteSect=2010&sid=9628711&cKey=1220024120000

lundi 1 septembre 2008

Cessons de nous morfondre!

Article signalé par Élina Corvin : à la mi-juillet, paraissait cet article qui donne à penser que ce que peuvent faire les souris blanches, les hommes en seront capable! L'humanité commence, lentement, à s'adapter à un environnement planétaire nouveau. Ne perdons pas espoir. Cesssons de nous morfondre.



Nous sommes tous des souris blanches !


On espère que les chercheurs en sciences humaines sont dans les starting-blocks, dopés comme des bêtes de compétition olympique. Prêts à bondir et à faire chauffer des neurones qu'on imagine musculeux. Car la période est plus qu'excitante d'un point de vue intellectuel et scientifique - qui permettra peut-être de mettre de côté les éternels débats commémoratifs (méfiez-vous : les 50 ans de Mai 68 arrivent dans neuf ans et neuf mois) et les polémiques sans fin (vous êtes plutôt Siné ou Val ?). Voici un monde qui évolue, qui tourne, à une vitesse phénoménale, entraîné, secoué, par les crises énergétique et environnementale.

Sur ces sujets, les climatologues (A quel moment va-t-on commencer à bouillir ?), les océanologues (A quelle vitesse les mers vont-elles nous recouvrir ?), les géologues (Quelles réserves de pétrole ?), les biologistes (Combien d'espèces Homo sapiens sapiens extermine-t-il chaque jour ?), les économistes (Un baril à 250 dollars, comment ça marche ?), les géostratèges (Qui sera le futur roi du monde postpétrolier ?) s'en donnent à coeur triste, décrivant et annonçant les catastrophes les unes après les autres.

Un brin déprimant, certes. Mais la période nous offre également la possibilité d'assister à d'étonnantes expériences de laboratoire, comme pourraient en rêver les adeptes de la psychologie sociale ou les amoureux de la sociologie. Soit une planète - avec son système économique, ses rapports sociaux, ses organisations urbaines - sur laquelle pèsent de nouvelles contraintes. Soit, par exemple, un baril à 150 dollars, pour commencer doucement, puis à 200, 250, 300 dollars - comme si on augmentait la température dans un bocal.

Observez les petites souris blanches que nous sommes modifier leur comportement. D'abord l'insouciance - tout ça va bien finir par s'arranger. Puis les premières inflexions - prendre ou ne pas prendre sa voiture, telle est la question. Et des arbitrages difficiles - une maison individuelle, vraiment ? Les premiers signes de changement sont fragiles, mais visibles : 15 milliards de kilomètres de moins parcourus par les automobilistes américains au mois de mai, 20 milliards en juin. En pourcentage, c'est évidemment moins spectaculaire : le trafic diminue seulement de 3 % ou 4 % aux Etats-Unis. Assez toutefois pour contribuer à la chute de la demande d'essence, donc du baril de pétrole, et... redonner de l'espoir aux petites souris qui voudraient continuer à faire tourner leurs roues comme si rien n'avait changé !

Avec le réchauffement climatique, les enjeux sont plus lointains, ou du moins ne touchent pas encore directement au portefeuille. Mais nous voilà devant des transformations, sans doute difficiles à vivre, mais palpitantes à disséquer. Une occasion unique, au fond, d'ouvrir la boîte noire de la vie en société. Quels comportements allons-nous faire évoluer ? Quels choix volontaires dictés par le désir d'être des Terriens responsables ? Quelles décisions contraintes par l'urgence, par les pouvoirs publics, par le portefeuille ? Quels gagnants ? Quels perdants ? Quels effets secondaires ?

Les attentes sont fortes. Parce que tout le monde perçoit les prémices de nouveaux comportements - à commencer par ses propres pratiques. Le retour du local après des décennies d'abolition des distances ? Un urbanisme repensé qui mette fin à l'éparpillement du siècle passé ? Une adaptation des entreprises pour nous vendre du 'durable jetable' ? Des modes de consommation alternatifs ? De nouveaux flux migratoires ? Ensevelies par les océans, bouillies par le réchauffement climatique, submergées par les catastrophes naturelles, les petites souris en sauront beaucoup plus sur elles-mêmes. On se rassure comme on peut.

Courriel : bronner@lemonde.fr
Luc Bronner
Article paru dans l'édition du Monde du 19.08.08.

http://www.lemonde.fr:80/opinions/article/2008/08/18/nous-sommes-tous-des-souris-blanches-par-luc-bronner_1084931_3232.html