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lundi 8 septembre 2008

ATTAC : les quatre crises

ATTAC prend nettement un virage écologique. Dans son discours de Clôture de l’Université citoyenne d’Attac, à Toulouse, le 26 août 2008, Jean-Marie Harribey, co-président d'ATTC-France, appelle à "Prendre le risque de l’altérité". Voici un extrait de ce discours qui donne matière à réflexion politique.

Beaucoup l’ont dit : la crise est multiple et globale. Elle présente de ce fait un caractère systémique qui montre vraiment que le capitalisme tente de faire sauter les barrières qui s’opposent à l’achèvement de la marchandisation du monde.

Déjà, l’an dernier, lorsque la crise a éclaté aux Etats-Unis, nous avions eu l’intuition et nous avions annoncé que cette crise s’étendrait à la planète entière et surtout qu’elle gangrènerait toutes les formes d’activité, financière et bancaire, mais aussi productive, qu’elle pénaliserait d’abord les plus pauvres en les empêchant même de se nourrir, qu’elle aiguiserait encore davantage les tensions géopolitiques dans le monde et qu’elle soulignerait l’incapacité définitive du capitalisme à résoudre la crise écologique. Mais, à peine formulées, il faut immédiatement questionner nos propres affirmations sur la nature de cette crise. Je vous propose de réfléchir à deux points.

Premièrement, nous disons qu’il y a quatre crises : financière, sociale, alimentaire et écologique. Déjà, plusieurs d’entre nous l’ont à juste titre fait remarquer, il y aussi une crise d’ordre géopolitique qui renforce les risques de guerre et conduit les gouvernements vers des politiques sécuritaires et anti-démocratiques. Mais le problème essentiel n’est pas de savoir si l’on a dressé la liste exhaustive des crises. Le problème essentiel est de les caractériser d’une façon qui ne nous mette pas en contradiction avec notre posture altermondialiste.

Ainsi, nous disons qu’il y a une crise sociale et une crise alimentaire. Le « et » ne va-t-il pas nous gêner rapidement ? Car la crise alimentaire qui frappe les pays pauvres ne serait-elle pas de nature sociale, c’est-à-dire propre à détruire un peu plus leurs sociétés ? Le social ne concernerait-il que les « acquis sociaux » au sein des pays du Nord ? Certainement pas, alors ne conviendrait-il pas d’ores et déjà de dire que la crise sociale revêt deux aspects : elle brise la condition des travailleurs en chaque endroit du monde et elle atteint les sociétés les plus démunies dans ce qu’elles ont de plus vital : la capacité de se nourrir.

Ce déplacement de perspective est certes minuscule. Mais nous devons rester vigilants pour ne pas faire du social l’apanage des pays du Nord. Il y va de l’avenir des forums sociaux dont Pierre Khalfa, Eric Toussaint et d’autres disaient hier que l’une de leurs avancées était d’avoir élargi le périmètre des forces sociales qui y étaient impliquées.

Deuxièmement, Geneviève Azam a parfaitement expliqué combien la crise écologique nous faisait toucher du doigt la question des limites. Je voudrais enfoncer le clou. Le danger que fait courir le productivisme est de rendre irréversible la destruction des conditions de vie sur la terre, pas seulement les conditions matérielles, mais aussi les conditions du vivre ensemble, au fur et à mesure que les bornes sont franchies. Mais ce danger est surmultiplié par le fait que, abandonné à sa plus grande pente, le capitalisme

- ou bien continue de bafouer tout principe de précaution, et, à ce moment-là, il détruira à long terme tout ce qu’il se sera approprié, c’est-à-dire l’habitat humain, et à court terme il expropriera définitivement de celui-ci une grande partie de l’humanité ;

- ou bien le capitalisme, dans un éclair de lumière ou de conscience, comprend qu’il a intérêt à ne pas trop tirer sur la corde environnementale, et alors il cherchera à en faire payer le prix à ceux qu’il domine : l’écologie contre le social. S’extraire des contraintes d’une limite en faisant reculer une autre limite, celle du socialement acceptable.

Cela, nous l’avons aujourd’hui compris. Mais cela nous place devant une difficulté majeure. Puisque la crise est globale, nous ne pouvons pas la résoudre par petits bouts. Il n’y a pas un temps pour résoudre la crise sociale, puis un temps pour résoudre la crise écologique, bien que le temps du social soit le court terme, tellement il existe d’urgences à parer, et que le temps de l’écologie soit le très long terme, tellement les évolutions de la biosphère sont lentes.

Texte intégral. : http://www.france.attac.org/spip.php?article8853&decoupe_recherche=universit%E9%20Toulouse

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