Actualité

Notre prochain débat citoyen aura lieu le samedi 09 Février à 17h00
Maison de la Challe à ERAGNY

Les circuits courts alimentaires
Les jardins partagés


mercredi 30 avril 2008

En mai, ramène ta fraise


D'ici à la mi-juin, la France aura importé d'Espagne plus de 83 000 tonnes de fraises. Enfin, si on peut appeler «fraises» ces gros trucs rouges, encore verts près de la queue car cueillis avant d'être mûrs, et ressemblant à des tomates. Avec d'ailleurs à peu près le goût des tomates...

Si le seul problème posé par ces fruits était leur fadeur, après tout, seuls les consommateurs piégés pourraient se plaindre d'avoir acheté un produit qui se brade actuellement entre deux et trois euros le kilo sur les marchés et dans les grandes surfaces, après avoir parcouru 1500 km en camion. À dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 16 000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz d'échappement. Car la quasi-totalité de ces fruits poussent dans le sud de l'Andalousie, sur les limites du parc national de Doñana, près du delta du Guadalquivir, l'une des plus fabuleuses réserves d'oiseaux migrateurs et nicheurs d'Europe.

Il aura fallu qu'une équipe d'enquêteurs du WWF-France s'intéresse à la marée montante de cette fraise hors saison pour que soit révélée l'aberration écologique de cette production qui étouffe la fraise française (dont une partie, d'ailleurs, ne pousse pas dans de meilleures conditions écologiques). Officiellement, 60% de ces cultures seulement sont autorisées; les autres sont des extensions «sauvages» sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes.

Les fraisiers destinés à cette production, bien qu'il s'agisse d'une plante vivace productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner des fraises hors saison, les plants produits in vitro sont placés en plein été dans des frigos qui simulent l'hiver, pour avancer leur production. À l'automne, la terre sableuse est nettoyée et stérilisée, et la microfaune détruite avec du bromure de méthyl et de la chloropicrine. Le premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la couche d'ozone, signé en 1987 (dernier délai en 2005) ; le second, composé de chlore et d'ammoniaque, est aussi un poison dangereux : il bloque les alvéoles pulmonaires.

Qui s'en soucie? La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient une main-d'oeuvre marocaine, des saisonniers ou des sans-papiers sous-payés et logés dans des conditions précaires, qui se réchauffent le soir en brûlant les résidus des serres en plastique recouvrant les fraisiers au coeur de l'hiver. Un écologiste de la région raconte l'explosion de maladies pulmonaires et d'affections de la peau.

Les plants poussent sur un plastique noir et reçoivent une irrigation qui transporte des engrais, des pesticides et des fongicides. Les cultures sont alimentées en eau par des forages dont la moitié ont été installés de façon illégale. Ce qui transforme en savane sèche une partie de cette région d'Andalousie, entraîne l'exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu'une trentaine dans la région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de disparition. Comme la forêt, dont 2000 hectares ont été rasés pour faire place aux fraisiers. La saison est terminée au début du mois de juin. Les cinq mille tonnes de plastique sont soit emportées par le vent, soit enfouies n'importe où, soit brûlées sur place...

Et les ouvriers agricoles sont priés de retourner chez eux ou de s'exiler ailleurs en Espagne.

Source :
Programme de Réduction des Pesticides et des Biocides
SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement

FOD Volksgezondheid, Veiligheid van de Voedselketen en Leefmilieu
Eurostation II,Place Victor Horta 40 - bte 10, 1060 Bruxelles, 02/524.72.13


Jean-Pierre Dacheux et Ghislaine Thorion

lundi 28 avril 2008

Le yoyo du pétrole... qui monte plus vite qu'il ne descend.




"Si la monnaie américaine continue de chuter, le baril de pétrole risque d'atteindre les 200 dollars". La déclaration du président de l'Opep, Chakib Khalil, ministre algérien de l'Energie et des mines, au quotidien algérien
El Moudjahid, lundi 28 avril, a de quoi inquiéter.

"Le prix du baril est désormais indexé à la hausse ou à la baisse du dollar". Chakib Khalil explique qu'une "baisse de 1% du dollar, provoque une hausse de 4 dollars par baril". En sens inverse, "dans le cas d'une hausse de 10% du dollar, il y a fort à parier que le prix du baril chutera de 40 dollars", a-t-il ajouté. (1)

Faut-il vraiment que le prix du baril reste indexé sur le dollar ?
La cause du renchérissement du pétrole n'est-elle due qu'à la récession américaine ?
Peut-on continuer à dire qu'il n'y aura plus de pétrole, ou très peu, sur Terre, à la fin du siècle ?
Affoler et rassurer tour à tour est-il crédible ?
Et surtout, qui ment ?


Le 16 août 2006, Libération titrait, dans sa rubrique économie :
la demande fera baisser le prix du pétrole brut en 2008 - Et de préciser : "les prix du pétrole baisseront sans doute sensiblement en 2008 aux Etats-Unis, /.../ suivant une enquête Reuters. Cette première enquête Reuters pour les prix prévisibles en 2008 dégage un consensus de 56,11 dollars le baril, soit une baisse de plus de huit dollars sur l'année précédente "(2). Nous voici parvenus à... 120 dollars le baril.

De qui se moquent les "experts" ?


(1) Source :http://www.challenges.fr/20080428.CHA0909/lopep_nexclut_pas_un_baril_a200_dollars.html.
(2) http://www.liberation.fr/actualite/reuters/reuters_economie/198917.FR.php.

Jean-Pierre Dacheux et Ghislaine Thorion

samedi 26 avril 2008

25 avril : c'est aussi la Journée mondiale contre le paludisme




De journée mondiale en anniversaire, de semaine de commémoration en année privilégiée, quand ce n'est pas la décennie de telle ou telle cause, on finit par mettre tout sur le même plan. Quelle erreur. Il faut hiérarchiser les célébrations! Et s'il est une menace terrible pour les hommes : c'est toujours la malaria, autrement dit le paludisme. Le peuple du Burkina-Faso, où nous comptons tant d'amis, en souffre particulièrement.

Commémorée le 25 avril, la Journée mondiale contre le paludisme est organisée par le Partenariat « Faire reculer le paludisme ». C'est une journée de mobilisation qui a pour but de rassembler un large public autour de l'action menée pour combattre le paludisme partout dans le monde. Cette journée offre l'occasion aux pays qui ne sont pas touchés par la maladie de prendre conscience des conséquences désastreuses du paludisme, et aux nouveaux donateurs de s'engager dans un partenariat mondial contre le paludisme. Elle offre aussi la possibilité aux chercheurs et au monde universitaire d'attirer l'attention des experts et du grand public sur les progrès scientifiques qu'ils ont réalisés.

Chaque année entre 350 et 500 millions de personnes sont atteintes du paludisme et plus d'un million de personnes décèdent du paludisme dans le monde (estimations OMS). Plus de 60 % des cas de paludisme et 90 % des décès liés à la maladie sont recensés en Afrique.

Le paludisme en chiffres :

- Le paludisme à falciparum tue plus d’un million de personnes par an dont près de 90% en Afrique.

- Le paludisme tue 1 enfant africain de moins de cinq ans toutes les 30 secondes.

- Le paludisme est la quatrième cause de mortalité des enfants en Afrique, devant le sida.

- Fin 2004, 107 pays et territoires comptaient des zones où il y avait un risque de transmission du paludisme. Environ 40% de la population mondiale vit dans des zones à risque.

- Environ 60% des cas dans le monde, quelque 75% des cas de paludisme à falciparum et plus de 80% des décès par paludisme se produisent en Afrique subsaharienne.

- Dans les pays d’endémie africains, il est à l’origine de 25% à 35% des consultations ambulatoires, de 20% à 45% des hospitalisations et de 15% à 35% des décès à l’hôpital, faisant ainsi peser une lourde charge sur des systèmes de santé déjà fragiles.

- L’OMS estime que 90% des décès liés au paludisme touchent les enfants.

- Chaque année, le paludisme grève la croissance économique de l’Afrique de 12 milliards de dollars, affectant le quotidien de millions d’individus qui privés de leur travail s’enfoncent encore plus avant dans la pauvreté.

- Le partenariat mondial «Faire reculer le paludisme» a chiffré à 3,2 milliards de dollars par an les fonds nécessaires pour lutter efficacement contre le paludisme dans les 82 pays endémiques les plus touchés.

Source : Rapport mondial sur le paludisme, OMS mai 2005



La moustiquaire est l'un des meilleurs moyens de prévention avec l'assainissement des eaux usées, près des lieux de vie des familles.

Source : http://www.luttercontrelepaludisme.fr/index.php

Ghislaine Thorion et Jean-Pierre Dacheux

jeudi 24 avril 2008

22 ans après Tchernobyl : la menace reprend!



Réseau "Sortir du nucléaire"
. Communiqué de presse du jeudi 24 avril 2008 (extrait) :


A l'occasion du 22ème "anniversaire" de la catastrophe de Tchernobyl, samedi 26 avril 2008, le Réseau "Sortir du nucléaire" (France) coordonne, en hommage aux milliers de victimes du plus grave accident industriel de l’histoire, mais aussi à toutes les victimes de l’atome civil et militaire, la première Journée internationale de mobilisation contre le nucléaire, intitulée “Chernobyl Day”. Un site web spécifique a été créé à cette occasion : http://chernobyl-day.org.

Deux décennies plus tard, la catastrophe de Tchernobyl est toujours d’actualité. Et elle le restera encore, hélas, pendant des siècles. Si le lobby nucléaire et les élus qui le soutiennent prétendent que, 22 ans après, Tchernobyl est désormais de l’histoire ancienne, il ne faut au contraire surtout pas oublier ce drame :
- parce que les risques d’une nouvelle catastrophe nucléaire restent présents tant qu’une seule centrale sera en fonctionnement quelque part sur la planète ;
- parce que, loin d’être une affaire classée, la catastrophe de Tchernobyl voit ses conséquences sanitaires s'aggraver d'année en année, avec son lot de cancers chez les adultes et les enfants, et de malformations génétiques. Partout en Europe, les cancers de la thyroïde sont en augmentation.

Aujourd'hui encore, des millions des gens continuent de vivre dans les zones les plus touchées et consomment des produits agricoles contaminés, en particulier par le césium. En Ukraine, en Russie et en Biélorussie, l'espérance de vie diminue, contrairement à ce qui se passe dans le reste de l'Europe (cf "Rapport mondial sur le développement humain 2006", du Programme des Nations-unies pour le développement - PNUD).

Les 435 réacteurs nucléaires actuellement en service sur la planète sont vieillissants et devront être fermés dans les prochaines années. Au lieu d’en construire de nouveaux pour les remplacer et perpétuer ainsi le péril atomique, il faut au contraire profiter de cette conjoncture pour hâter la fin de l'industrie nucléaire et pour investir massivement, partout dans le monde, dans les économies d'énergie et dans les énergies renouvelables.


Republié sous la responsabilité de Jean-Pierre Dacheux et Ghislaine Thorion.

lundi 21 avril 2008

Les ékolos belges nous mettent en garde contre les puces.



Communiqué de presse du
Grappe. Lundi 21 avril 2008

« La révolution industrielle a réalisé la volonté de tout transformer en machine. Après les outils, il est question aujourd’hui des animaux domestiques avec le marquage électronique. Vient le tour du cheptel humain. Déjà, il est question de bornes biométriques dans les cantines, de fichier ADN, de cartes d’identités biométriques,... Ce puissant processus de mécanisation du monde vivant est en train de détruire tout ce qui fait que l’humain n’est pas seulement une construction biologique usinable à merci (1). »

L’identification par puces à radiofréquences ou "radiofrequency identification devices" (RFID) ne peut en aucun cas se généraliser.

L’utilisation de cette technologie pose manifestement des problèmes essentiels qui touchent au respect de la vie privée, à la protection des données, à la sécurité de l’information, aux libertés publiques, à la protection de l’environnement et de la santé.

Les dispositifs RFID (radiofrequency identification devices) sont des puces munies d’un processeur, d’une mémoire et d’un émetteur-récepteur radioélectrique (2). Ils sont miniaturisés pour être apposés ou intégrés à des objets ou des êtres vivants. Lorsqu’il s’agit d’objets, l’usage actuel a lieu essentiellement dans la logistique pour faciliter la gestion des stocks.

Le système RFID sert également à la sécurisation d’objets (antivol) ; les clés des voitures mises actuellement sur le marché en sont munies. Mais ces usages évoluent vers le couplage avec identifiant personnel où la carte munie d’une puce à radiofréquences permet d’identifier son détenteur.

Certains hypermarchés ont déjà testé ce système qui permet à la grande distribution d’accélérer les opérations commerciales et d’accroître le « confort » de la clientèle mais signifie aussi le fichage de cette même clientèle, le ciblage publicitaire et le profilage…à son insu.

Un usage déjà répandu de l’identifiant RFID est celui de la carte de transport ou d’accès qui autorise la personne qui en est pourvue à pénétrer dans son lieu de travail, à fréquenter l’un ou l’autre service public (bibliothèque, installation sportive…), ou à utiliser les transports en commun (Londres). Cet usage peut s’accompagner d’un traçage des déplacements, aisément réalisable si la puce émettrice a une portée suffisante. Ainsi, le contrôle du personnel dans l’entreprise à son insu est possible de même que le contrôle des allées et venues des usagers du métro.

Une utilisation plus problématique encore est celle où la puce identifiante permet de stocker des données biométriques (photos, empreintes digitales, iris) ; c’est déjà le cas à ce jour avec le passeport européen, lequel ne présente par ailleurs pas de garantie de sécurité : la possibilité de piratage a été dénoncée par plusieurs spécialistes.

On voit que la logique sous-jacente vise à intégrer les êtres humains (et, plus largement les êtres vivants) dans un système technique de plus en plus organisé et robotisé. Cette logique est dangereuse en ce qu’elle conduit à une déshumanisation générale, l’être humain se voyant réduit au statut de rouage plus ou moins conscient d’une machine économique omniprésente et prétendument à son service.

Que cette évolution soit non seulement considérée comme inéluctable mais comme bénéfique pour la société est pour le moins inquiétant. C’est pourtant le discours tenu par la Commission européenne et par l’intelligentsia politique européenne, comme le révèle la communication de la Commission européenne à destination du parlement européen et du Conseil européen (3) sans que cela suscite de réaction critique. En effet, la Commission considère l’identification par radiofréquences (RFID) comme la passerelle vers une nouvelle phase de développement de la société de l’information à même de constituer un nouveau facteur de croissance et d’emploi. La Commission propose donc d’adopter des mesures de suivi afin « de lever les obstacles à l’adoption généralisée de la RFID et d’en faire bénéficier la société et l’économie, tout en prévoyant des mesures appropriées de protection de la vie privée, de la santé et de l’environnement. »

Ces mesures de suivi font l’objet d’un projet de recommandation actuellement soumis à consultation publique et intitulé « Recommandation RFID sur la vie privée, la protection des données et la sécurité » ; cette consultation se termine le 25 avril 2008, la recommandation devant être adoptée avant l’été 2008 !

Le Grappe considère que les mesures préconisées par la Commission ne sont pas à la hauteur des défis que pose l’utilisation généralisée de la RFID. Elles se contentent en effet d’accompagner un développement technologique dont le caractère potentiellement intrusif à la fois dans la vie privée de chacun et dans la société humaine mérite un débat politique préalable. Ce débat n’a pas eu lieu, le clergé technoscientifique et ses fidèles ayant décidé en notre nom que ce développement était positif.

Le Grappe renvoie à l’étude conduite par le STOA en 2006 (4) qui met en évidence les dérapages constatés dans les nombreuses applications étudiées et attire l’attention sur les risques liés à l’interconnexion présentée comme positive par la Commission européenne.

Le Grappe s’adresse à toutes les associations soucieuses du respect des droits de l’homme et de la dignité humaine, aux syndicats et aux partis politiques pour qu’ils réclament un vaste débat public à ce sujet. La question du pourquoi et donc du sens d’un tel développement doit être posée.

Le Grappe considère en tout état de cause comme irresponsable de préconiser une utilisation généralisée de la RFID. Il propose une approche radicalement différente : la RFID ne peut être utilisée que pour des objets et techniques à l’exclusion de tout couplage avec un identifiant personnel. Toute exception éventuelle devrait être conditionnée par une évaluation d’impact préalable à la fois sur l’environnement, la santé, les relations sociales, les libertés publiques, les droits de la personne et une information claire des usagers.

Paul Lannoye et Georges Trussart, administrateurs du Grappe (5).

(1) Extrait de « Pourquoi nous refusons le marquage électronique des brebis » écrits par des bergères et bergers opposé-e-s à la mécanisation de la vie. Contact : Groupe nord ouest : bergerouest@no-log.org . Voir : http://grappebelgique.be/article.php3?id_article=558
(2) Selon l’usage et l’objectif poursuivi, les puces émettent dans la gamme des ondes UHF (faible portée) ou des micro-ondes (plus longue portée).
(3) COM (2007) 96 final
(4) RFID and Identity management in everyday life – Study –IPOL/A/STOA/2006-22.( STOA, pour « Scientific Technology Options Assessment », est l’organe scientifique et technologique du Parlement européen).

(5) http://www.grappebelgique.be/

Cité par Ghislaine Thorion et Jean-Pierre Dacheux

vendredi 18 avril 2008

Pire qu'une guerre : la crise alimentaire!

D'abord comprendre...



Tempête sur les grains


On entend beaucoup parler de la crise financière ces jours-ci, mais n’oublions pas qu’une autre crise mondiale est en cours, et qu’elle concerne beaucoup plus d’hommes et de femmes. Il s’agit de la crise alimentaire.


Par Paul Krugman (1)

Au cours des dernières années, les prix du blé, du maïs, du riz et d’autres denrées alimentaires de base ont doublé, voire triplé, et la majeure partie de ces augmentations ont eu lieu uniquement durant ces derniers mois. Si les prix plus élevés des produits alimentaires sont une gêne pour les Américains, même relativement aisés, ils ont un impact réellement dévastateur dans les pays pauvres, où la nourriture compte souvent pour plus de la moitié des dépenses d’une famille.

Il y a déjà eu des émeutes de la faim dans le monde. Les pays producteurs, de l’Ukraine à l’Argentine, limitent leurs exportations pour tenter de protéger leurs consommateurs nationaux, ce qui conduit à des protestations de la part des agriculteurs en colère - et aggrave encore la situation des pays qui ont besoin d’importer des produits alimentaires.

Comment est-ce arrivé ? La réponse tient en une combinaison de tendances à long terme, de circonstances défavorables - et de politiques inadaptées.

Commençons par les circonstances que l’on ne peut attribuer à une faute de quiconque.

Tout d’abord , il y a la progression du nombre de chinois consommateurs de viande, le nombre croissant de personnes dans les économies émergentes qui sont pour la première fois suffisamment riches pour commencer à se nourrir comme les Occidentaux. Il faut environ 700 calories de nourriture animale pour produire 100 calories de viande bovine, et ce changement de régime alimentaire entraîne une augmentation de la demande globale de céréales.

Deuxièmement , il y a le prix du pétrole. L’agriculture moderne est très intensive en énergie : elle en consomme une grande quantité pour la production d’engrais, l’usage des machines agricoles, sans oublier le transport des produits de la ferme au consommateur. Avec la persistance du pétrole au-dessus de 100 dollars par baril, les coûts de l’énergie sont devenus un facteur important poussant à la hausse des prix agricoles.

Le prix élevé du pétrole, soit dit en passant, a également beaucoup à voir avec la croissance de la Chine ainsi que des autres économies émergentes. Directement et indirectement, la croissance de ces puissances économiques entre en concurrence avec le reste du monde pour s’approprier les ressources rares dont font partie le pétrole et les terres agricoles, ce qui entraîne une hausse des prix des matières premières de toutes sortes.

Troisièmement , il y a eu une série de conditions climatiques défavorables dans les principales régions de production céréalière. En particulier, l’Australie, qui est normalement le deuxième plus grand exportateur de blé, a été atteinte par une sécheresse dramatique.

J’ai écrit que ces différents facteurs à l’origine de la crise alimentaire ne sont imputables à quiconque, mais ce n’est pas tout à fait vrai. L’essor de la Chine et des économies émergentes est la principale force motrice des prix du pétrole, mais l’invasion de l’Irak - qui allait selon ses partisans amener un pétrole bon marché - a aussi réduit l’approvisionnement en pétrole à un niveau inférieur à ce qu’il aurait été sans cela.

Et les mauvaises conditions météorologiques, en particulier la sécheresse en Australie, sont probablement liées aux changements climatiques. Donc les hommes politiques et les gouvernements qui ont contrecarré l’action contre les gaz à effet de serre portent aussi une certaine responsabilité dans ces pénuries alimentaires.

Toutefois, là où les effets d’une mauvaise politique sont manifestes, c’est dans la croissance de ces « diables » qui ont pour noms éthanol biocarburants.

Les subventions accordées à la conversion des cultures vers les biocarburants étaient censées promouvoir l’indépendance énergétique et contribuer à limiter le réchauffement de la planète. Mais cette promesse était, comme le magazine Time l’a carrément écrit, une « escroquerie ».

C’est particulièrement vrai dans le cas de l’éthanol produit à partir du maïs : même en se basant sur des estimations optimistes, la production d’un litre d’éthanol à partir de maïs nécessite d’utiliser la majeure partie de l’énergie que contient ce litre. Mais il se trouve que même des politiques apparemment « bonnes » en faveur des biocarburants, comme celle du Brésil prônant l’utilisation de l’éthanol produit à partir de la canne à sucre, ont pour résultat d’accroître le rythme du changement climatique, en accélérant celui de la déforestation.

Dans le même temps, les terres consacrées aux cultures de biocarburants de synthèse ne sont plus disponibles pour les cultures vivrières, ce qui fait que les subventions aux biocarburants sont un facteur majeur dans la crise alimentaire. On pourrait décrire les choses de cette façon : les gens meurent de faim en Afrique afin que les hommes politiques américains puissent gagner des voix dans les Etats agricoles des USA.

Et au cas où vous vous posiez la question, sachez que tous candidats restant en course pour la présidentielle ne valent guère mieux sur cette question.

Une dernière chose : l’une des raisons pour laquelle la crise alimentaire a pris aussi rapidement des proportions si dramatiques c’est parce que les principaux acteurs du marché des céréales ont fait preuve d’un coupable laisser aller.

Les gouvernements et les vendeurs de céréales du secteur privé maintenaient habituellement des stocks importants, pour le cas où une mauvaise récolte aurait provoqué une pénurie soudaine. Au fil des ans, toutefois, on a autorisé ces stocks de précaution à diminuer, principalement parce que tout le monde en était venu à imaginer que les pays souffrant de mauvaises récoltes pourraient toujours importer la nourriture dont ils avaient besoin.

Cet état de fait a rendu l’équilibre des ressources alimentaires mondiales très vulnérable à une crise affectant de nombreux pays à la fois - de la même façon que la commercialisation de titres financiers complexes, censée répartir les risques, a rendu les marchés financiers mondiaux très vulnérable aux chocs systémiques.

Que faut-il faire ? Le besoin le plus immédiat c’est d’aider davantage les familles en détresse : le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies a lancé un appel désespéré pour obtenir des fonds.

Nous avons également besoin de prendre des mesures de limitation contre les biocarburants, qui s’avèrent avoir été une terrible erreur.

Mais il difficile d’apprécier l’impact que pourraient avoir de telles mesures. Les produits alimentaires bon marché, comme le pétrole bon marché, appartiennent peut-être au passé.

Publié le lundi 14 avril 2008

(1) Paul Robin Krugman est un économiste américain, et tient une tribune depuis 2000 au New York Times.

Comment allons-nous nous y prendre, à l’horizon 2050, pour nourrir près de neuf milliards d’individus, alors qu’actuellement 800 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim, 2 milliards souffrent de carence en minéraux ou en vitamines et 2,8 milliards vivent avec moins de 2 euro par jour?



Sources : http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article6441
et http://terresacree.org (SOS-Planete, le site de l'association Terre sacrée).




Ghislaine Thorion et Jean-Pierre Dacheux

lundi 14 avril 2008

L'A65, symbole des luttes en cours contre les autoroutes.

Une partie de bras de fer, qui rappelle nos luttes contre l'A104, se joue actuellement en Aquitaine. On y observe l'étonnante convergence d'élus de différentes sensibilités politiques, d'Alain Juppé à François Bayrou, en passant par Alain Rousset, (tous favorables à la réalisation de l'autoroute!), et qui font, par ailleurs, assaut de discours écologiques! Quelques extraits d'un récent article du Monde, à ce sujet, démontrent que le Grenelle de l'environnement, pour ce qui est des transports, est au plus mal.


"À Escaudes, dans les Landes, en France, un pays qui s'est engagé à interrompre, en 2010, l'érosion de la biodiversité sur son sol et à diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, plus de 30 hectares ont été défrichés le long du parcours de ce qui est le plus grand chantier actuel d'autoroute en France : le projet A65, 150 km de Pau à Langon, en Gironde.


Une liaison essentielle pour la région aquitaine, disent les élus, majoritairement favorables. Un projet destructeur et inutile, affirment les opposants, de plus en plus entendus. Le président du conseil régional d'Aquitaine Alain Rousset a adressé début avril au ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, une lettre cosignée par Alain Juppé, François Bayrou, Henri Emmanuelli : les élus de la région demandent que le chantier ne prenne pas de retard. Cela influencera-t-il le Conseil d'État ? Celui-ci doit examiner, lundi 14 avril, le recours formé par dix associations régionales contre le décret d'utilité publique du projet, pris en décembre 2006.

L'A65 apparaît comme le symbole des luttes en cours contre les autoroutes, alors qu'après le Grenelle de l'environnement le ministre responsable de l'écologie et des équipements, Jean-Louis Borloo, avait affirmé : "C'est fini, on n'augmentera plus les capacités routières." La déclaration d'utilité publique de l'A65 a certes été signée avant le Grenelle. Mais le dossier n'en cristallise pas moins l'opposition aux nombreux projets disséminés aux quatre coins de la France.

Avec 10 950 km d'autoroutes, la France a déjà le réseau le plus important d'Europe.

L'A65 montre que la question des nouvelles autoroutes n'est plus seulement écologique, mais aussi économique. Hormis les élus locaux favorables à "leur" autoroute, on trouve peu de partisans déclarés de l'extension du réseau français".
_____________________

Le pôle de vigilance que constitue SÉSAME suit, avec attention, la politique autoroutière car, même si l'État se désengage, le lobbie du tout à la route a encore les moyens financiers et politiques de faire progresser sa cause. La réalisation de l'A104 est loin d'être abandonnée.

Extrait de l'article d'Hervé Kempf paru dans l'édition du Monde datée du 12.04.08

Ghislaine Thorion et Jean-Pierre Dacheux

samedi 12 avril 2008

L'écologie atomique à la française!




Il faudra bien choisir!

Ou bien le nucléaire remplacera les énergies fossiles (encore que l'uranium soit d'origine fossile!) ou bien les énergies renouvelables remplaceront, progressivement, l'énergie nucléaire.

Vouloir associer les centrales nucléaires avec les éoliennes, les hydroliennes, la biomasse et l'énergie solaire est un choix politique monstrueux que recommande pourtant "l'association des écologistes pour le nucléaire" ou AEPN
(1), à laquelle le Premier Ministre français ne devrait pas manquer d'adhérer!
Avec François Fillon, nous savons, en tout cas, à quoi nous en tenir : la France se porte en tête du peloton des pronucléaires
. L'information qui suit est, à cet égard, éclairante (2).

ROKKASHO (AFP) — Le Premier ministre français François Fillon a plaidé, au deuxième jour de sa visite au Japon, pour que les deux pays soutiennent ensemble, au G8, la cause du nucléaire civil, seule voie selon lui pour répondre aux besoins d'énergie des pays émergents.

La France et le Japon doivent être "les porte-parole au niveau mondial d'une utilisation raisonnée de l'énergie nucléaire", a-t-il lancé en visitant à Rokkasho (nord) un centre de retraitement inspiré de celui de La Hague (ouest de la France).

Le ministre de l'Economie japonais, Akira Amari, qui l'accompagnait, a affirmé que cette déclaration était "un message extrêmement important" sur les "défis difficiles" que sont l'énergie et le climat, les deux dossiers-phares du prochain sommet du G8, sur l'île japonaise de Hokkaido.

La réunion aura lieu du 7 au 9 juillet, et M. Fillon a "espéré" samedi que Paris et Tokyo sauront proposer d'ici là aux autres membres du G8 "une action commune" en faveur du nucléaire civil.

Dans une nouvelle déclaration écrite vendredi, ils affirment partager "la même vision du rôle prépondérant qu'aura l'énergie nucléaire pour la prospérité et le développement durable au XXIe siècle". Un thème que M. Fillon a développé samedi à Rokkasho, un site né d'une association entre Japan Nuclear Fuel et le français Areva.

Refuser aux pays émergents l'accès au nucléaire civil, a-t-il lancé à la presse, serait "une faute politique" provoquant "l'instabilité à terme du monde".

"Si on n'est pas capable de trouver, grâce à la science, le moyen d'apporter à ces habitants l'énergie dont ils ont besoin pour leur développement, alors nous nous préparons des jours extrêmement sombres", a-t-il encore prévenu.

La France a signé, ces derniers mois, des accords de coopération nucléaire civile avec l'Algérie, la Libye et les Emirats arabes unis. Ceux-ci sont vus comme une première étape avant l'étude de centrales nucléaires.

Areva a, pour sa part, conclu un accord avec Mitsubishi Heavy Industries pour développer un réacteur nucléaire adapté aux pays émergents.

Le chef du gouvernement français a également insisté au Japon sur l'intérêt du nucléaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

"Si l'on prend en compte la totalité des centrales nucléaires européennes, l'économie de rejet de CO2 dans l'atmosphère, c'est l'équivalent de la totalité du parc automobile européen", a-t-il encore souligné samedi.

Il est temps de ressaisir l'opinion et chaque parti politique sur cette orientation qui est incompatible avec l'écologie politique véritable. À quelques jours de l'anniversaire du drame de Tchernobyl (le 26 avril 1986), alors que sortir du Nucléaire atteint sa 10e année d'existence, la lutte anti-nucléaire est bel et bien relancée.

SÉSAME a décidé de réadhérer au réseau Sortir du Nucléaire.

(1) AEPN : http://www.ecolo.org (ou http://aepn.blogspot.com/). Il faut consulter ces site et blog pronucléaires bien faits et les comparer à celui de l'association Sortir du Nucléaire (www.sortirdunucleaire.org/) qui répond aux arguments des tenants du nucléaire comme moyen de lutter contre l'effet de serre, avec clarté et précision.

(2) Source AFP - http://afp.google.com/article/ALeqM5jiy6CMD3udD15fgayZHeGuzKhWNQ

Ghislaine Thorion et Jean-Pierre Dacheux

jeudi 10 avril 2008

Les députés entérinent le "délit de fauchage".


Les députés ont entériné le "délit de fauchage" de cultures OGM et la peine de deux ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende correspondante, prévue dans le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM).

L'Assemblée nationale a donc achevé ses travaux sur le projet de loi sur les OGM, dont l'examen, commencé le 1er avril, a été une course d'obstacles -suspension pour l'annonce du plan d'économies des dépenses publiques, passage de la flamme olympique, motion de censure...- et a nécessité deux jours supplémentaires de débats, avant le vote solennel mercredi.

L'article 4 du texte - qui fixe ces dispositifs, introduits en février par des sénateurs - a été adopté, en dépit de l'opposition de élus de gauche et au terme d'un vif débat dans l'hémicycle.

Il stipule que "le fait de détruire ou de dégrader une parcelle de culture" OGM est "puni de deux ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende". La peine est portée à "trois ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende" quand il s'agit d'une parcelle servant à la recherche.

L'article prévoit en outre une peine de six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende pour entraves au travail des agents chargés de contrôler "la coexistence" des cultures.

Un groupe de "faucheurs volontaires" du collectif anti-OGM, dont le leader altermondialiste José Bové, assistait au débat dans les tribunes du public.

Les députés de gauche, mais aussi l'UMP François Grosdidier, ont défendu en vain des amendements, qui visaient à supprimer ce délit spécial et replacer le fauchage OGM dans le droit commun, au titre de la "destruction du bien d'autrui", comme pour les cultures conventionnelles et biologiques.

Pour Yves Cochet (Verts), cet article veut punir "ceux qui sont entrés en résistance pour s'opposer à la fatalité irréversible des OGM". Citant les mots du mahatma Gandhi, il a conclu: "renoncer à la désobéissance civique c'est mettre la conscience en prison".

"Le 14 juillet 1789, quand nos ancêtres ont pris la Bastille, ils ne se sont pas demandés si c'était légal. Il y a quelque chose de plus fort que la légalité, il y a ce qui est juste, ce qui est légitime. Sur l'affaire du fauchage c'est bien là qu'on en est", a affirmé Jean-Pierre Brard (PCF).

A droite, Patrick Ollier (UMP) a présenté ces sanctions comme "une contrepartie de la transparence". "Lorsqu'on sait exactement où se trouvent les parcelles, il faut qu'il y ait une sanction de l'acte illégal de fauchage", a fait valoir le président de la commission des Affaires économiques.

Philippe Folliot (NC) s'est dit "choqué" par les propos de M. Brard, y voyant une "attaque sur le fondement même de la République".

L'échange le plus vif a opposé le "faucheur volontaire", Noël Mamère (Verts), à l'ancien ministre de l'Agriculture Christian Jacob (UMP). "Ces dispositions sont une espèce de folie idéologique. Les délinquants ne sont pas du côté que l'on croit", a affirmé l'élu Verts.

"M. Mamère, vous manquez de courage! Ayez l'honnêteté d'avouer que c'est votre propre amnistie que vous voulez obtenir. Vous êtes indigne, M. Mamère, indigne!", a lancé M. Jacob.

"Je ne peux pas accepter ces outrages. Je ne demanderai jamais d'amnistie en tant que législateur! C'est une provocation!", a répliqué M. Mamère.

Source : http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/ecologie/actu.asp?id=469620


Le faucheur a dit la vérité,
Il doit être exécuté.
(D'après la chanson de Guy Béart)

Jean-Pierre Dacheux et Ghislaine Thorion

mercredi 9 avril 2008

Le bras de fer sur les OGM gagné par l'UMP?




La loi sur les OGM a été votée par l'Assemblée nationale, aujourd'hui même, et renvoyée vers le Sénat, pour un nouvel examen du texte, le 16 avril. C'est la plus courte majorité enregistrée au cours d'un scrutin depuis le début de la mandature!


Une nouvelle violation de Grenelle de l'environnement est en cours. Les pro-OGM de l'UMP sont allés jusqu'à mettre en cause Nathalie Kosciusko-Morizet qui, désavouée par François Fillon, dénonce le "concours de lâcheté et d'inélégance" entre Jean-François Copé et Jean-Louis Borloo dans le débat à l'Assemblée nationale. La crise s'est conclue par des excuses de la ministre qui n'ont convaincu personne.

Le "droit à produire et consommer sans OGM" s’éloigne de plus en plus au fil des débats parlementaires. L’Assemblée nationale a en effet emboîté le pas du Sénat, qui avait fixé le 8 février dernier un seuil de contamination autorisé à 0,9%. "Le sans OGM pourra contenir jusqu'à 0,9% d'OGM. Ce n'est donc pas sans OGM ! déplore Greenpeace. Ce seuil, qui est le seuil d' étiquettage européen, ne correspond à aucune nécessité juridique ou rationalité scientifique. Sans OGM, ça doit être véritablement sans OGM, c'est-à-dire moins que le seuil de détection (de 0,01 à 0,1%)". La question de la coexistence des cultures pose problème. Autoriser la coexistence revient à autoriser la contamination des cultures conventionnelles ou biologiques.

Deux amendements ont certes été adoptés pour protéger les zones d’AOC et les parcs naturels, mais leurs conditions d’application relativisent leur portée. En réalité, les parcs naturels ne pourront interdire les OGM qu’ "avec l'accord unanime des exploitants agricoles concernés", et "sous réserve que cette possibilité soit prévue par leur charte ». Une véritable « supercherie » pour Greenpeace, car l’unanimité « est évidemment impossible à atteindre. Il suffit d’un agriculteur, que les promoteurs des OGM n’auront sans doute aucun mal à convaincre, pour saboter toute tentative de protection des espaces naturels ». Quant aux zones d'AOC, elles pourront seulement "proposer des mesures de protection renforcées" à l'administration, mais rien n’indique que l’administration soit tenue de les appliquer. « Globalement, les amendements ont tout l’air de pilules destinées à faire digérer aux français un texte fondamentalement inacceptable compte tenu de leurs préoccupations et des risques potentiels des OGM », conclut Arnaud Apoteker de Greenpeace.

Ce débat parlementaire est exemplaire. Il révèle que les lobbies qui soutiennent la politique du Gouvernement dans son ensemble ont les moyens d'interdire les quelques exceptions écologiques qui avaient été mises en exergue par Jean-Louis Borloo. Il n'y a pas d'écologie véritable qui puisse être mise en pratique dans un régime ultra libéral.

mardi 8 avril 2008

Bien avant que nous ne manquions de pétrole, nous allons manquer d’atmosphère




Le prix Nobel de Chimie Mario Molina, le premier a avoir alerté l’opinion publique sur le trou dans la couche d’ozone, s’alarme des risques de basculement soudain et irréversible du climat terrestre.

Au-delà d’un réchauffement de la planète de 2,5 degrés celsius, il y aurait des “conséquences presque irréversibles” a alerté le Prix Nobel 1995. Cette année là, ses travaux avaient permis de mettre en évidence la menace que représentaient les gaz CFC sur la couche d’ozone.

“Les choses sont en train de changer, et il n’y a aucun doute que c’est à la suite des activités humaines” a-t-il affirmé. “Bien avant que nous ne manquions de pétrole, nous allons manquer d’atmosphère”.

Lors d’une réunion annuelle de la Banque inter-américaine de développement, à Miami, Molina a affirmé que l’augmentation de l’intensité des ouragans faisait partie des changements inquiétants que les scientifiques liaient à un réchauffement climatique rapide survenu au cours des 30 dernières années”.

Le scientifique n’a pas déterminé les effets spécifiques de l’élévation de la température terrestre survenue jusqu’à présent, qui a été légèrement inférieure à 1 degré Celsius au cours du dernier siècle, mais il explique que des “points critiques” peuvent être atteints si la température continue d’augmenter. Ces niveaux impliquent des changements irréversibles de l’environnement planétaire.

Moliano a expliqué à l’agence Reuters qu’il existait de grandes incertitudes sur l’étendue de la capacité de la planète à supporter un réchauffement supplémentaire, avant d’atteindre un tel niveau critique.

“Vous ne cessez de changer la température graduellement, mais soudain, les choses changent dramatiquement”, prévient-il. “Tenter de limiter (le réchauffement) au-dessous de deux degrés (celsius) signifie que nous voulons maintenir le changement tout au plus à deux ou trois fois ce qui a déjà été changé. Et c’est parce qu’il est irréaliste d’attendre un changement moindre, à cause de ce qui a déjà été fait” dit Molina.

“L’idée de conserver le changement de température en-dessous de 2,5 (degrés celsius) vise précisément à réduire la possibilité d’atteindre ces points de basculement.” Au delà, le réchauffement représenterait “un risque qui n’est pas acceptable pour la société.”

Source : Reuters. 7 Avril 2008.

lundi 7 avril 2008

Les poissons d'avril : des requins

Quand le dernier arbre sera abattu,
La dernière rivière empoisonnée,
Le dernier poisson pêché,

Alors vous découvrirez

Que l'argent ne se mange pas.


Proverbe indien.



"Les seigneurs de la mer", version française de Sharkwater, est un plaidoyer fort pour la protection des requins. Le film est soutenu par Sharkalliance (1).

Il nous livre un film accablant qui, pour la première fois, essaie de toucher le grand public par le biais du cinéma.

Sortie le 9 Avril 2008 sur les écrans

"100 millions de requins sont tués chaque année. Dans 5 ou 10 ans, de nombreuses espèces de requins auront disparu", s'alarme le réalisateur du film, Rob Stewart, Rob Stewart, biologiste et photographe sous-marin. Un comble pour un animal apparu il y a plus de 400 millions d'années, bien avant les dinosaures, et qui a survécu aux cinq crises majeures d'extinction des espèces.

"Au début, je voulais juste faire un joli documentaire sous-marin", ajoute-t-il. Par la suite, il rejoint les membres de la Sea Shepherd Conservation Society, fondée par Paul Watson, un ex de Greenpeace, et embarque avec eux sur l'Ocean Warrior pour une campagne contre la pêche illégale de requins au large du Costa Rica et de l'Equateur. Le documentaire se transforme alors en un film d'action, avec une rocambolesque course-poursuite entre pêcheurs et écologistes en plein océan Pacifique.

Les cadrages serrés s'attardent sur les requins qu'on hisse à bord, les pêcheurs qui leur tranchent les nageoires et les rejettent à l'eau, encore vivants, pour quelques heures ou quelques jours d'agonie. Incapables de nager, se vidant de leur sang, les animaux meurent de mort lente en s'asphyxiant. "L'aileron rapporte beaucoup d'argent - 4 à 500 dollars le kilo - mais la chair du requin, en comparaison, ne vaut pas grand-chose", explique Rob Stewart. L'aileron de requin est une délicatesse populaire en Asie -- particulièrement la Chine, où elle est typiquement servie en potage à l'occasion de mariages.

Les requins ne sont pas protégés par la réglementation internationale, s'indigne-t-il. Les éléphants et les crocodiles qui tuent chaque année plus de personnes dans le monde que les requins, sont protégés, souligne Rob Stewart. En 2007, les attaques de requins ont provoqué la mort d'une seule personne dans le monde, le plus faible niveau en 20 ans, selon l'Université de Floride. "J'ai passé des milliers d'heures sous l'eau avec des requins et je n'ai jamais été attaqué", s'insurge Rob Stewart, dénonçant l'image que des films comme Les Dents de la Mer ont donné de cet animal.

Difficile, selon lui, d'imaginer la planète sans les requins qui ont un rôle crucial dans l'équilibre des écosystèmes marins.

D'après l'AFP.

(1) http://www.sharkalliance.org/

samedi 5 avril 2008

Non à l'écocide. Manifeste pour les grands singes.

Protégeons les grands singes.
Nous sommes des grands singes.
Dis moi comment tu traites les singes; je te dirai comment tu traites les hommes.




Voici le texte intégral du Manifeste pour les grands singes et la nature, défendu par la primatologue Emmanuelle Grundman. Par ailleurs, la chercheuse est également auteure d'un très beau livre "L'Homme est un singe comme les autres", paru en mars 2008, chez Hachette publications, où portraits d'humains et de primates se font face dans une étonnante ressemblance.
L'anthropomorphisme n'est pas un fait nouveau, mais c'est toujours impressionnant de voir couchée sur le papier la part de singe qui est en nous.

Les forêts tropicales disparaissent à un rythme effréné et avec elles les dernières populations de grands singes. Tous les spécialistes sont unanimes: si nous n’entreprenons rien, gorilles, chimpanzés et bonobos auront disparu d’ici le milieu du 21e siècle. Pour les orangs-outans, la situation est encore plus dramatique; dans vingt ans ceux-ci pourraient bien ne plus vivre que dans des zoos.

Il est aujourd’hui urgent de se mobiliser pour stopper cet Ecocide! Sauver les grands singes, c’est sauver les forêts tropicales, un écosystème essentiel pour la planète. La disparition à grande échelle de ces forêts, résultant d’une exploitation effrénée et sans aucune limite met en péril non seulement la survie de cet écosystème et de sa biodiversité associée, mais aussi celle des peuples indigènes en dépendant et pose de graves problèmes environnementaux. La déforestation est aujourd’hui une cause majeure d’émissions de gaz à effet de serre et donc du réchauffement climatique. La disparition de la forêt tropicale sera immanquablement le prélude à celle d’Homo sapiens sapiens, l’Homme moderne. Le temps est venu de réagir et d’agir … avant qu’il ne soit trop tard!

Nous, citoyens de la Terre, demandons à nos gouvernements et aux instances internationales d’accepter comme devoir suprême de sauvegarder et protéger les primates et de tout mettre en œuvre pour

1. Exiger une gestion durable et respectueuse de l’environnement des forêts tropicales, habitats des grands singes
2. Interdire toute importation de bois tropicaux non reconnus comme provenant d’un commerce respectueux de l’environnement répondant aux critères établi par la certification FSC.
3. Contribuer à la mise en place d’exploitation de ressources minières (or, pétrole, diamant, coltan, fer…) respectueuses de l’environnement et des populations locales
4. Faire cesser le braconnage de grands singes ainsi que le trafic de ‘viande de brousse’ associé et celui de jeunes individus vendus comme ‘animaux de compagnie’
5. Réaliser des contrôles sévères afin de respecter les points 2, 3 et 4 de ce manifeste auprès des entreprises travaillant en zone tropicale, notamment celles dont le siège social est établi dans nos pays occidentaux respectifs
6. Engager des moyens financiers importants pour la mise en application des clauses 1. à 5., en développant notamment des projets de gestion durable avec les populations locales.

http://environnement.blogs.liberation.fr:80/noualhat/2008/04/manisfeste-pour.html

http://terresacree.org/grandssinges3.htm


vendredi 4 avril 2008

Vers l'avion sans kérosène?




Attention, ça décoiffe...

L’Agence Spatiale Européenne étudie l’idée d’un avion hypersonique baptisé A2, propulsé par un moteur à hydrogène, et qui pourrait voler à la vitesse de Mach 5! L’A2 serait capable de rallier Bruxelles à Sydney en 4,6 heures (16.700 km quand même). Et il serait même question d’un moteur capable de propulser catapulter l’avion à Mach 8, soit 9792km/h!! (à comparer avec les 953 km/h de l’Airbus A380 et les 2 405 km/h du défunt Concorde). L’avion serait 2 fois plus grand qu’un A380 et pourrait embarquer 300 passagers, et les ingénieurs s’emploient à le rendre suffisamment rentable pour pouvoir vendre des billets au tarif des classes affaires actuelles.

Un avion hypersonique qui n’engloutit pas des tonnes de kérosène, en voilà une chouette nouvelle, mais
il ne volera pas avant 25 ans.
Source :
www.miwim.fr/blog/a2-un-avion-hypersonique-a-hydrogene-1036 - 35k -

Et pourtant...

Le constructeur aéronautique américain Boeing a annoncé jeudi, 2 avril, en Espagne, avoir fait voler, début 2008, un avion propulsé par une pile à hydrogène.


"Pour la première fois de l'histoire de l'aviation, Boeing a fait voler un un avion habité propulsé par une pile à hydrogène", a déclaré John Tracy, directeur de recherche de Boeing, lors d'une conférence de presse au centre de recherche du groupe américain à Ocaña (centre de l'Espagne). Il s'agit "d'une réussite technologique historique de Boeing", a ajouté John Tracy, soulignant que cette avancée était "pleine de promesses pour un futur plus vert".

Boeing "n'envisage pas que les piles à combustible puisse fournir l'énergie primaire pour de gros avions de transports de passagers, mais la compagnie va continuer à explorer leur potentiel, tout comme d'autres sources d'énergie durables qui augmentent la performance environnementale", a-t-il ajouté.

L'appareil à hélice expérimental, d'une envergure de 16,3 mètres, a réalisé un vol d'une vingtaine de minutes à une altitude d'environ 1.000 mètres avec un pilote à son bord, selon un communiqué diffusé lors de la conférence de presse.

Le petit appareil de couleur blanche, qui "ne fait pas de bruit" a décollé en se servant à la fois d'une batterie et d'une pile à hydrogène, jusqu'à atteindre l'altitude de 1.000 mètres. Le pilote a ensuite coupé la batterie. "Il a volé tout droit à une vitesse de 100 km/h pendant environ 20 minutes en se servant uniquement de la pile à combustible", selon le communiqué de Boeing.

Dans moins de 20 ans, porté par la crise du pétrole et le réchauffement climatique, l'hydrogène pourrait devenir une source d'énergie presque ordinaire dans notre vie quotidienne, du téléphone portable au chauffage des bâtiments en passant par les transports, selon les experts.

L'hydrogène peut être produit à partir d'une grande variété de sources dont le gaz naturel, le charbon, l'eau ou la biomasse. Il présente notamment l'avantage de ne pas produire de gaz à effet de serre.

Dans deux à trois ans, estiment les spécialistes, les téléphones portables commenceront à être équipés de piles à combustible, l'électricité produite grâce à l'hydrogène permettra de chauffer des bâtiments, et des flottes de voitures commenceront à rouler régulièrement avec cette source d'énergie.

Les recherches sur l'hydrogène comme future source d'énergie sont largement avancées dans des pays comme le Japon, l'Allemagne, la France et les Etats-Unis.

General Motors prédit la production de véhicules compétitifs, performants et non-polluants fonctionnant avec des piles à combustible à l'horizon 2010-2012.

Ces progrès, notent les experts, ne doivent pas faire oublier que les obstacles à un développement industriel sont encore nombreux, aussi bien pour réduire les coûts de production que pour créer des infrastructures de transport, de stockage et de distribution.

Le 3 avril 2008 . Ocana (Espagne) AFP

Source : http://afp.google.com/article/ALeqM5h2qga4KXLqxn4k0V9phjpCUUbMnw

mercredi 2 avril 2008

La politique des faux culs : le calendrier pro-OGM.




... et nous sommes faits de ce que nous mangeons.

Le 19 décembre 2007 : le Gouvernement a déclaré l'urgence sur le projet de loi "relatif aux organismes génétiquement modifiés".

Le 8 février 2008 : le Sénat a commencé l'examen
du projet de loi. Plusieurs amendements le mettent en contradiction avec un engagement central du Grenelle de l'environnement. Le texte fut finalement voté.

Le 1er avril 2008 : la semaine du développement durable a commencé... Ah bon...

Le 2 avril 2008 : examen à l'Assemblée Nationale du texte voté en première lecture et qui, sans modifications profondes par les députés, avalisera, de fait, la coexistence entre cultures conventionnelles et cultures OGM.

Donc ils peuvent l'être.
Donc le "principe de précaution" constitutionnel ne s'applique pas.

La liberté et le droit de produire et consommer sans OGM devient la liberté de produire et consommer avec ou sans OGM.
Donc cohabiteront les productions agricoles avec et sans OGM.
Donc la contamination -inévitable, quoi qu'on dise- sera légalisée.

Le 3 avril 2008 : le 62e congrès de la FNSEA, où dominent les pro-OGM et où les semenciers sont influents, s'ouvre à Nantes, par un discours de Nicolas Sarkozy, (une première pour un président de la République!).

Le 8 avril 2008 : sera débattue et soumise au vote la motion de censure du PS contre le gouvernement Fillon, la première du quinquennat de Nicolas Sarkozy, portant sur la politique militaire en Afghnistan. Aussitôt après, sera votée la loi sur les OGM "dans le respect des principes de précaution, de prévention, d’information et de responsabilité inscrits dans la Charte de l’environnement et dans le respect des prescriptions communautaires". Faux culs!

Conservera-t-on l'
amendement du sénateur-rapporteur Jean Bizet (UMP) qui instaure un "délit de fauchage" et prévoit deux ans de prison et 75 000 euros d'amende, en cas de destruction ou de dégradation d'une parcelle de culture de plantes transgéniques? (avec circonstances aggravantes lorsque la destruction porte sur un essai de recherche, la peine pouvant alors être portée à trois ans de prison et 150 000 euros d'amende) ? S'opposer en conscience à un danger, avec l'appui de scientifiques de renom, serait devenu un délit.

Un faucheur volontaire anti-OGM dans un champ de maïs, le 04 août 2007 à Paillet.



Le "pôle écologique du PS" existe. Je l'ai rencontré!

Tout est possible : même qu'un socialiste devienne écologiste...Ce n'est pas la première fois que des socialistes s'essaient à l'écologie. Cette fois, c'est sérieux parce que c'est inévitable en politique, désormais. Ne croyons pas que le PS tout entier s'est converti! Il y a seulement une sensibilité socialiste-et-écologique au sein du PS. Certains des signataires du "texte fondateur du pôle écologiste" sont sincères, d'autres opportunistes, comme souvent. Mais, il ne faut pas l'ignorer. J-P D.

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"Des changements climatiques à l’érosion massive de la biodiversité, nous traversons une crise majeure, sans précédent dans l’histoire de l’humanité. C’est l’espèce humaine elle-même, qui, à terme, est menacée par sa propre action. Ce sont d’abord les populations les plus fragiles qui sont et seront les premières et les plus lourdement touchées : celles qui ont un accès insuffisant à l’eau ou à une alimentation de qualité, celles qui pourraient rapidement devenir des réfugiés climatiques, celles qui, partout, sont victimes des pollutions locales de l’air et du réchauffement global. Plus le prix du carbone augmente, plus elles paient, plus nous payons tous un prix global toujours plus élevé pour les inconséquences d’un monde qui n’a pas préparé l’avenir.

Parce que :

- nous croyons que la finalité de la gauche est de promouvoir une société de libération et de solidarité, nous voulons que le PS porte le droit pour tous à la satisfaction de ses besoins, dans la justice sociale et environnementale ;

- nous pensons que le capitalisme est destructeur et le marché aveugle lorsque il s’agit de prendre des décisions qui engagent le long terme, nous demandons au PS de porter clairement, haut et fort, l’ambition de nouvelles régulations publiques nationales et globales ;

- nous considérons que le temps est venu d’intégrer totalement le social et l’écologie dans un nouveau modèle de développement, nous estimons indispensable que le PS place cette double exigence sur le même plan, afin l’une ne soit plus sacrifiée à l’autre.

Le Parti socialiste, s’il en manifeste la volonté et s’il y travaille, est le mieux à même de relever le défi du développement solidaire et écologique. Mais les écarts qui subsistent en son sein entre le constat et l’action, le discours et la décision, légitiment les doutes. Le temps de la reconstruction est aussi celui de l’action, pas seulement de l’introspection. Nous n’attendrons pas une rénovation qui tarde à venir, nous la construisons. Ceci suppose la prise en compte sans ambiguïté, ni réserve, de quatre premiers sujets fondamentaux.

Préparer le pays, son économie, sa société à sortir du carbone

La lutte contre le changement climatique va de pair avec la préparation de notre société aux conséquences du renchérissement et de la disparition progressive des énergies carbonées. Une modification rapide de nos comportements, fondée à la fois sur la sobriété énergétique, la maîtrise énergétique et l’encouragement des technologies propres, est nécessaire. Plus précoce sera le changement, moins il sera douloureux.

De ce point de vue, la question de la taxe carbone est essentielle : elle corrige l’aveuglement du marché en internalisant les coûts externes ; elle donne une vraie lisibilité sur le long terme ; elle s’applique, de façon simple, à l’ensemble des opérateurs et, au contraire d’autres instruments économiques ou réglementaires, a des coûts de gestion ou de bureaucratie modestes ; elle adresse un signal sans ambiguïté aux opérateurs ; raisonnablement fixée, elle est d’une grande efficacité.

C’est pourquoi nous souhaitons que le Parti socialiste se prononce en faveur d’une taxe carbone et mette en cohérence ses propositions économiques avec cette exigence. Sur ces bases, il lui revient de définir les mesures économiques et sociales garantissant la compatibilité de cette disposition avec la réduction des inégalités et la poursuite du progrès social.

Faire le choix de la sobriété, de l’efficacité et de la diversification énergétique

La priorité doit être de construire un nouveau modèle énergétique fondé sur les économies d’énergies, la décentralisation des choix et le développement des énergies renouvelables, seuls à même de conjuguer l’écologie, le social et la démocratie. Ceci suppose un investissement massif dans l’isolation de tous les logements, de nouvelles infrastructures de transports propres, le développement des énergies alternatives, un urbanisme et un aménagement du territoire renouvelés.

C’est dans ce contexte que doit s’apprécier la question de l’implantation dans notre pays de réacteurs nucléaires EPR. Quelle que soit l’appréciation qui peut être faite de l’avenir du nucléaire dans le monde, avec des problèmes qui restent entier (prolifération, sécurité des installations, gestion des déchets, utilisation des matières premières,…), ce choix est contradictoire avec la nouvelle politique énergétique que nous proposons. Notre pays constitue déjà une exception avec 85% de la production d’électricité assurée par 58 tranches nucléaires et l’équivalent de 10 centrales nucléaires travaillant pour l’exportation. Il est décisif de consacrer les 3 Mds d’euros que coûterait chaque centrale nucléaire EPR aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables.

Aussi, nous souhaitons que le Parti socialiste confirme et revendique haut et fort la priorité aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables, et donc le choix de ne pas poursuivre aujourd’hui l’implantation en France de la filière de réacteur EPR de troisième génération.

Faire du principe de précaution un levier de créativité et d’innovation

Le principe de précaution vaut bien mieux que les déformations de ses détracteurs qui le considèrent comme un principe de « réaction » ou d’interdiction, un frein au progrès, à la recherche ou à la connaissance. Au contraire, il met en débat l’acceptabilité du risque, fondée sur l’évaluation, son champ d’application, sur la durée et l’étendue des mesures restrictives envisagées et la nécessité d’engager les travaux nécessaires pour améliorer le champ de la connaissance. Il permet de fonder des réponses appropriées au plus grand nombre de questions possibles posées par les transformations technologiques. C’est avant tout un levier pour la recherche, une puissante incitation à l’innovation et au développement des éco technologies.

Aussi, nous proposons que le principe de précaution soit pour les socialistes le levier d’une conception renouvelée du progrès. Une fois ce choix assumé, les socialistes pourront à nouveau, avec audace, regarder l’avenir et participer pleinement aux débats de société sur les voies à emprunter pour assurer la satisfaction des besoins humains dans le souci de la justice et du respect des éco systèmes.

Changer, enfin, de conception de la croissance

Il est vain de porter le double combat de la justice sociale et environnementale si nous n’acceptons pas de sortir de nos œillères traditionnelles en matière d’économie et de croissance. Il s’agit d’adopter l’objectif d’un nouveau mode de développement qui satisfasse les besoins de tous en permettant la régénération des éco systèmes, qui privilégie la valeur d’usage, les circuits courts, le caractère recyclable des produits, le pouvoir d’intervention des travailleurs et des citoyens sur leur mode de vie et de travail. Ceci passe par une réinvention des régulations publiques, de nouveaux développements démocratiques et la lutte contre les nouvelles formes d’inégalités et de violence civiles et sociales. Il faut abandonner le fétichisme actuel d’une croissance mesurée par un PIB qui n’incorpore aucune donnée relative à la destruction des ressources naturelles, à la santé humaine et à la pauvreté. « La vraie question n’est pas ce qu’on met dans nos comptes mais ce qui compte vraiment dans nos vies ». Changer de vision facilitera la découverte d’autres chemins.

Nous voulons que le Parti socialiste renonce au fétichisme des chiffres de la croissance et mette en cohérence son projet, sur le plan des idées, des politiques, des pratiques et des comportements, en intégrant vraiment la portée de ce nouveau mode de développement.

Nous demandons que, dans le cadre de ses prochaines échéances, le Parti Socialiste mette au cœur de ses débats les quatre points ci-dessus, et les tranche clairement. Pour accompagner la mutation que nous souhaitons, nous décidons, aujourd’hui, la création du « pôle écologique » du Parti socialiste.

Dans les semaines et les mois à venir, le pôle écologique agira et prendra des initiatives pour que la convergence du socialisme et de l’écologie devienne l’axe stratégique du PS lors de son prochain Congrès.

Voir : http://poleecologiquedups.typepad.fr/