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lundi 22 septembre 2008

Chasse-Marée et peau de chagrin.


Le terme ancien de "Chasse-marée", désigne à l'origine le métier de mareyeurs et routiers qui acheminaient le poisson vers les lieux de consommation. Le poisson de Boulogne était emmené à Paris par des chasses-marées, tirés par des chevaux de trait de race boulonnaise. Les chasse-marée ont disparu en août 1848 lors de la mise en service de la ligne de train Boulogne-sur-Mer-Paris.

Dans un lointain passé, Éragny et ses bois étaient déjà traversés par des véhicules, des voitures à cheval transportant rapidement le poisson de mer : les chasse-marée.

Depuis les années 1970, il a poussé plus d’arbres en la ville qu’au temps où commune n’était encore qu’un village. Jusqu’à ce jour, le bois des Chasse-Marée, davantage fréquenté donc - et par une population qui a été multipliée par quatre-, étoffé par la pousse des essences à développement rapide -et notamment les robiniers-, est resté un espace naturel vivant, habité par des animaux discrets -renards et écureuils notamment- et peuplé par plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux.

Bien que peu ou pas entretenu, le bois est à peu près respecté et les décharges dites sauvages n’y sont pas trop nombreuses. Même les traversées pétaradantes de quelques motards en quête de sensations n’ont pas trop dégradé les chemins de traverse. Chaque jour, des propriétaires de chiens s’y retrouvent pour échanger d’aimables banalités et offrir un temps de liberté à leur animal de compagnie.

Cette situation va-t-elle durer, peut-elle durer ?

Dans les années qui viennent, trois causes de mise à mal du bois d’Éragny vont se surajouter : avant tout, le passage éventuel de la Francilienne, couverte ou pas, qui entraînerait une large éventration du bois dont il ne resterait alors pas grand chose, ensuite l’élargissement programmé du passage sous la ligne à haute tension nécessitant le maintien d’un passage d’engins de débroussaillage, d’élagage et d’abattage, enfin la lente extension de la zone pavillonnaire rognant sur les marges.

On peut encore espérer que la Francilienne ne sera pas prolongée de sitôt, les restrictions budgétaires et les exigences écologiques aidant. On peut même obtenir des entreprises assurant la sécurité des installations électriques, comme par le passé, une « gestion douce » de l’accès aux lignes et un renoncement à l’élargissement de l’emprise. Le grignotage du bois par l’habitat est tout aussi dangereux si ce n’est plus…

Le 7 juillet 2008 a été délivré un permis de construire pour 10 pavillons à bâtir par Bouygues-Immobilier, le long de la rue de Flore. Une nouvelle parcelle boisée va disparaître. Quand bien même l’autoroute ne serait pas réalisée, l’appétit des promoteurs, devant cet espace alors libéré, ne manquerait pas de les inciter à mordre plus encore dans ce bois qui n’est pas très protégé bien qu’appartenant au patrimoine communal.

On pourrait se demander s’il n’y a pas quelque contradiction, voire quelque provocation, à laisser construire de nouveaux pavillons à proximité du passage possible de la Francilienne ! Car de deux choses l’une, ou l’autoroute passe (et bâtir dans les marges de la voie est insoutenable), ou bien l’autoroute ne passe pas (et prendre les précautions qui empêcheront l’abandon puis le sabotage du bois doit être pensé dès à présent). Dans les deux cas, la responsabilité de la municipalité est engagée.

Il est urgent d’engager une politique de boisement du territoire communal et de renouvellement des espèces végétales, accompagnée par une valorisation du Bois des Chasse-Marée, depuis la rue de la Marne jusqu’à la rue de l’Ambassadeur, tout en assurant un prolongement ou une continuité avec le Bois des Hautes Roches à Conflans Sainte Honorine.

Oui, le bois d’Éragny peut se transformer rapidement en une peau de chagrin. La Peau de chagrin est un roman d’Honoré de Balzac publié dans les Romans et contes philosophiques. Il y est démontré, au travers d’une histoire symbolique, que plus s’élargissent nos désirs immédiats plus rétrécissent l’espace et le temps d’une vie simple et maîtrisée ! L’écologie, dont tout le monde se réclame sans en comprendre les exigences, conduit à la recherche des équilibres, dans chaque cité, entre ce que produit l’homme et ce que renouvelle la nature dont nous avons besoin pour mieux vivre.

Le Bois des Chasse-Marée, pour qui sait voir, écouter et observer, est une présence vivante au cœur de la commune. Le protéger nous protège. L’entretenir nous enrichit. Pourquoi est-ce si difficile à comprendre ?

2 commentaires:

jcjuillard a dit…

Comme je vous rejoins !
Mais, qu'attendre d'une municipalité qui multiplie les panneaux publicitaires encourage la laideur de toute sorte et déclasse impunément les derniers espaces verts protégés jusqu'à lors ?

Sincèrement,
JC juillard
01 30 10 40 54

jcjuillard a dit…

Comme je vous rejoint, mais qu'attendre d'une municipalité qui multiplie les panneaux publicitaires, encourage la laideur de toute part et déclasse impunément de derniers "espaces classés" ?

Sincèrement,
JC JUILLARD
0130104054