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vendredi 21 août 2009

Vous avez dit autonomie politique?

Le texte qui suit n'engage que son auteur.


Ont toujours eu tort ceux qui, en politique, ont eu raison trop tôt.
René Dumont

Vraies divergences ou fausses ruptures?
Ce n'est pas moi qui qui pose la question! C'est, page 8, dans sa rubrique la rentrée politique, le quotidien Le Monde qui titre ainsi sa double interview de Vincent Peillon (pour le PS) et Daniel Cohn Bendit (pour Europe-Écologie).

Le matin même, à l'occasion de l'ouverture des Journées d'été des Verts, à Nîmes, le quotidien Libération, concluait son éditorial par l'étonnante et sibylline phrase suivante: "c'est en verdissant son post matérialisme que que Martine Aubry bâtira des alliances durables".

Bref, les grandes manœuvres politiciennes ont recommencé. Les médias s'en mêlent car, comme l'écrit Patrick Roger, du Monde, : "derrière le combat des régionales, c'est la présidentielle de 2012 qui déjà se prépare".

Ecologie, autonomie, solidaritéL'autonomie politique des écologistes lors des précédentes élections régionales, en 2005, a connu des hauts et des bas. En Ile de France, l'alliance PS-Verts, dès le premier tour, a connu un succès net, de même que l'autonomie des Verts dans la région Rhône-Alpes. Autrement dit, autonomie ou pas, les listes de gauche, unies au premier ou second tour, ont permis que la quasi totalité des régions sauf l'Alsace soient gérées par le PS avec le concours de ses alliés.

C'était au temps où s'opposaient ceux qui croyaient possible l'affirmation politique directe de l'écologie politique et ceux qui pensaient qu'il fallait entrer dans les exécutifs pour peser sur les politiques publiques, quitte à se fondre dans les listes qu'ouvrait le PS. La calamiteuse élection présidentielle a renforcé considérablement le camp des "réalistes" et, pour les élections municipales de 2007, les alliances PS-Verts de premier tour ont encore augmenté.

Puis vint "la crise". Puis vint la guerre intestine affaiblissant, à l'évidence, le PS. Puis vint la mise à la mode de l'écologie ( par les films et brillants shows médiatiques d'Al Gore, Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand, entre autres...), après la révélation du drame planétaire que causait, inexorablement, une activité humaine illimitée. Puis vint Dany Cohn-Bendit et son coup de poker génial des élections européennes...

Et revoici réapparue, donc, l'autonomie politique chez les Verts. Le succès électoral franc mais relatif, avec une énorme abstention, aux Européennes autorise-t-il les Verts à faire cavalier seuls? "Pas question de faire le jeu de la droite" s'exclame dans Libération Serge Morin, le Vice-Président Vert de la région Poitou-Charentes, au mieux avec Ségolène Royal. La mécanique à construire des alliances binaires n'est pas cassée et s'est remise en route. Le premier, Sarkozy l'a bien compris qui, à présent, racle les fonds de tiroir, à droite, en ouvrant sa majorité à De Villiers et aux Chasseurs, après avoir vidé le tiroir des ralliés possibles, à gauche.

Dilemme pour le PS : le succès des Verts, élargis en réseau est-il structurel ou conjoncturel? Dans le premier cas, il faut, coûte que coûte, faire avec eux une alliance de premier ou second tour, mais une alliance de projets autant que de candidats. Dans le second, il faudra limiter les ambitions de ces impudents quitte à "verdir le postmatérialisme", (c'est-à-dire le post-marxisme résiduel du socialisme historique).


Nous allons avoir droit à des mois de faux débats. Il ne sera question, en réalité que de sauver des places, soit au prix de concessions (pour ceux qui, dans la gauche ancienne, étaient des acharnés productivistes) soit au prix de limitations des ambitions (pour ceux, tels les Verts et le PCF, qui ne peuvent espérer, dans les Régions, pour ceux qui y occupent déjà des fonctions dirigeantes, mieux que ce que permet la situation actuelle).

Vraies divergences ou fausses ruptures? En effet! La chance du PS est que le choix n'est pas encore vraiment fait, chez les écologistes : se démarquer du PS et s'unir à lui, tout à la fois, leur est une nécessité électorale. La rupture idéologique publique aurait des effets dévastateurs. Le renoncement à l'affirmation de la spécificité politique de l'écologie, tout autant.

Le calme temporaire qui est apparu, cet été, dans la conjoncture économique (mais au prix d'une aggravation dramatique du chômage) permet ces jeux traditionnels où excellent les états-majors des partis. Les journées d'été sont les derniers festivals de vacances où les vedettes remontent sur scène.

Dany Cohn-Bendit "qui n'est plus candidat à rien", qui ne se veut que "l'animateur d'Europe-Écologie", qui pense "réseau" et non parti, qui parle de "changer la gauche", a une plus grande marge de manœuvre, et il sait que casser le premier et fragile élan produit par les Européennes renverrait tous les écologistes à leur marginalisation précédente. Alors, quitte ou double, et vive l'autonomie : là se situe la motivation réelle de cette stratégie.

Ce qui est de nouveau clair, autonomie ou pas, c'est que la prolongation du débat ouvert avant, pendant et après les élections européennes va continuer à faire la politique. Il y a une vraie divergence avec le PS : elle porte sur la croissance. Il y a une vraie rupture à effectuer avec la gauche : elle n'est pas à changer; il faut en changer! Seuls les écologistes ont les outils intellectuels pour cela : non pas changer la gauche, mais changer de gauche. La gauche qui n'est plus identifiée par ses électeurs comme la gauche, n'est plus elle-même depuis qu'elle a rallié, peu ou prou, le productivisme capitaliste, abandonné l'internationalisme (comprendre la solidarité entre tous les peuples) et occupé des sphères de pouvoir comme on gère des entreprises ou des rentes. Cette gauche-là a fini son cycle historique. S'en est ouvert un autre.

Chacun sait que l'UMP n'existe que comme un agrégat d'opposants à un mythe fondateur. Ce mythe est actuellement vidé de son espérance. Face à ce rien, le peu s'impose et occupe toute la place. Cela ne saurait durer. Il ne peut y avoir de gauche, désormais, qu'écologique c'est-à-dire qui conteste le capitalisme à sa racine pas en le détruisant par la force mais en le privant de ce dont il se nourrit dans tous les domaines : le culte du moi.

Le débat sur l'autonomie va maintenant se placer là : pas seulement par rapport au PS (ce serait lui laisser le rôle déterminant de la référence obligée), mais par rapport à tout ce qui fut la gauche, de ses extrêmes jusqu'à son centre mou : oserons-nous placer le partage avant l'avoir pour que l'avoir se partage dans une mondialisation sans domination? Seul le retour à une telle utopie fondatrice peut animer une gauche entiérement nouvelle, assise sur l'initiative permanente des Terriens, où économie et écologie ne seront plus que l'envers et l'endroit d'une même action citoyenne.

http://mamilitance.blog.lemonde.fr/files/fouras_018_1.jpg

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