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dimanche 16 mai 2010

Le papillon, la grenouille, le nénuphar et le colibri.

Le papillon qui déclenche des tempêtes !

Le  battement d'ailes du papillon

Il est imprévisible qu'un battement d'aile de papillon ait, ou n'ait pas, un effet météorologique. La complexité du réel n'autorise ni le catastrophisme ni le doute sur la possibilité qu'un événement infime déclenche un bouleversement majeur. Les calculs mathématiques les plus sophistiqués, avec l'aide des ordinateurs les plus puissants, ne permettent aucune prévision sûre. C'est ce qu'explique, en 1972, le météorologue Edward Lorenz au cours d'une conférence intitulée ( à son insu !) : « Predictability: Does the Flap of a Butterfly's Wings in Brazil Set off a Tornado in Texas? », qui se traduit en français par : « Prédictibilité : le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ».

Et Lorenz d'expliquer que si un seul battement d'ailes d'un papillon peut avoir pour effet le déclenchement d'une tornade, alors, il en va ainsi également de tous les battements précédents et subséquents de ses ailes, comme de ceux de millions d'autres papillons, pour ne pas mentionner les activités d'innombrables créatures plus puissantes, en particulier de notre propre espèce. En outre, si le battement d'ailes d'un papillon peut déclencher une tornade, il peut aussi l'empêcher.

Ne reste de la métaphore (hormis les très nombreux films et ouvrages exploitant ce thème) qu'une évidence troublante : le moindre de nos gestes peut avoir des conséquences insoupçonnables. La responsabilité humaine est faite de myriades de décisions qui s'enchaînent et dont nous ne pouvons connaître la portée et tous les effets, nuls, faibles ou, en une circonstance rarissime,... immenses !


Le nénuphar qui étouffe toute vie sur l'étang où il se développe.



L'histoire est connue : dans un étang, un nénuphar double de surface tous les jours. S'il recouvre et étouffe l'étang en trente jours, combien de jours met-il à recouvrir la moitié de l'étang ?

Si le modèle du nénuphar peut nous éclairer, parce qu'il explique ce qu'est un mode de croissance exponentielle. Qu'est-ce à dire ? La courbe de la croissance du nénuphar est caractéristique de toute croissance exponentielle : pendant longtemps, cette courbe se traîne au ras de zéro. En effet, le nénuphar a beau doubler chaque jour, cela ne se voit pas, car ce doublement porte sur des valeurs tellement faibles qu'elles restent invisibles à l'œil nu (au vingtième jour, par exemple, il ne recouvre qu'à peine un millième de l'étang). Ce n'est que lorsque les valeurs ont fini par grandir suffisamment pour se montrer un peu, vers le 25ème jour que tout explose, et que la courbe commence à grimper de manière de plus en plus vertigineuse.

Pour toute croissance exponentielle, la courbe se comporte ainsi : après une période de latence plus ou moins longue selon la valeur de départ et le taux d'accroissement, on assiste à cette explosion. La difficulté d'une prise de conscience claire des limites physiques de la planète tient à ce caractère de la croissance exponentielle, à ce long temps de latence où rien ne se montre, comme pendant l'incubation d'une maladie. Si le nénuphar étouffe l'étang en trente jours, le 29éme jour, il ne recouvre que la moitié ; la veille, le quart... ; le 25éme jour, 1/32éme, c'est-à-dire 3,125% seulement. Oui, à cinq jours de l'échéance, il n'y a que 3% de contaminé, presque rien. Que nous soyons le 25 ou le 27, il est donc facile de voir que la coupe est loin d'être pleine. Pourtant, alors qu'on ne voit pas clairement le danger, il ne reste au mieux que trois ou quatre jours pour réagir.


La grenouille qui ne saute pas de la casserole dont on chauffe l'eau peu à peu !

C'est une histoire; ce n'est pas une expérience ! Le propos est douteux; ce n'est qu'une fable ! On entend souvent cette métaphore de la grenouille, comme dans le film Une Vérité Qui Dérange d’Al Gore qui y déclare : "Une grenouille plongée dans une casserole d’eau bouillante réagit et parvient à s’échapper, alors qu’immergée dans de l’eau tiède, elle se laisse endormir et meurt à petit feu. Il faut sauver la grenouille. Que faut-il à l’humanité pour commencer à réagir ?" Cette petite histoire veut simplement montrer que, lorsqu’un changement négatif s’effectue de manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite, la plupart du temps, pas de réaction, pas d’opposition, pas de révolte.


La part du colibri

Un jour, dit la légende, il y eu un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? - Je sais, répond le colibri, mais je fais ma part." (Légende amérindienne. D’après Pierre Rabhi).

Ce qu'il y a de commun à ces quatre paraboles écologiques, c'est que ce que nous faisons pèse, peu ou beaucoup et qu'il n'est pas nécessaire d'attendre d'en être sûr pour agir. Plus encore : la non-action est une action négative, et subir, en se laissant conditionner, manipuler, paralyser conduit -on ne sait quand, mais sûrement- au pire des drames.

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