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jeudi 10 juillet 2008

Tricastin : un très brutal avertissement !


Non fonctionnement d'une cuve de rétention, délai dans le signalement de l'incident, absence de chiffre précis sur la radioactivité : bien des questions se posent au lendemain de l'annonce de rejets d'uranium à l'extérieur du site nucléaire de Tricastin, à Bollène, dans le Vaucluse.


Cela aurait pu être bien plus grave, mais c’est déjà très grave : la SOCATRI, filiale d’AREVA, déjà rappelée à l’ordre par la très tolérante ASN (Autorité de sureté nucléaire), dans son rapport de 2007, rendu public en mai 2008 , n’a pu empêcher une fuite d’effluents uranisés , à raison de 12 grammes d’uranium par litre !

Mardi 8 juillet, les premiers calculs aboutissaient au chiffre de 260 kg d'uranium déversés dans les rivières de la Gaffière et du Lauzon, puis, en fin de course, dans le Rhône. Le lendemain, cette évaluation a été ramenée à 224 kg, pour 74kg parvenus jusqu'aux rivières.


À Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône, pêche, baignade et irrigation restent interdites. La consommation d'eau issue de captage privé est interdite sur les trois communes, tout comm
e l'irrigation issue des trois cours d'eau, et même les activités nautiques. Un luxe de précautions qui serait inutile si aucun risque ne subsistait, comme déjà on veut nous le faire accroire !

Marie-Claude Bompard, le maire de Bollène, a dénoncé le manque d'information et s'est dite "soucieuse" si un incident plus grave devait se produire. Par ailleurs, le président de la Région, Michel Vauzelle s'est déclaré "très préoccupé" par les risques encourus par la population. Mais cela suffit-il ?

L'incident pourrait être classé comme anomalie, au niveau 1 de l'échelle Inès, qui évalue la gravité des évènements touchant les installations nucléaires et qui compte sept niveaux. Cet incident n'a donné lieu à aucun commentaire de la part des autorités de tutelle. Pas de réaction ministérielle, pas de déplacement sur les lieux. Motus. Si l'on suit cette échelle Inès, dès qu'il y a rejet dans l'environnement, un tel accident doit au moins être classé de niveau 3, selon Yannick Rousselet, responsable Énergie de Greenpeace-France.

Surprenant : le PCF, dans un communiqué, en profite pour rappeler son attachement à l’industrie nucléaire : « Bien évidemment, les exigences de réponse à nos besoins énergétiques et de lutte contre l’effet de serre rendent l’énergie nucléaire incontournable en France. Nous avons besoin du nucléaire comme nous devons parallèlement prendre le parti de la diversification et donc du développement des énergies propres et renouvelables » écrit-il. En pareilles circonstances, cette clarification, sans guère de précaution (autre qu’un appel au maintien de la gestion publique des centrales), permet de dire que la rupture idéologique avec les écologistes est consommée !

Retour au créneau des pronucléaires d’un côté, y compris « à gauche », minimisation des risques de l’autre, mais on peut faire mieux encore : dans le contexte du moment, pour continuer à promouvoir le nucléaire, il faut accuser ceux par qui le doute a ressurgi dans l’opinion. La SOCATRI va donc en faire les frais. Le 11 juillet, la presse annonce que : "L'ASN a décidé de l'arrêt de l'envoi de nouveaux effluents dans l'unité où l'incident a été signalé". Ceci signifie que cette installation sera probablement rapidement démantelée", a précisé Philippe Ledenvic, délégué à Lyon de l'ASN, lors d'une conférence de presse.

L'ASN a précisé que ses constats donneront lieu à l'établissement d'un procès-verbal qui sera transmis au procureur de la République de Carpentras. Le parquet de Carpentras a ouvert jeudi une instruction judiciaire pour pollution. Démantèlement de l’installation mal gérée, mal exploitée, saisine de la justice. Les sanctions tombent. On peut continuer…

Pour Sortir du Nucléaire « il est incroyable qu'il ait fallu un accident nucléaire pour que l'ASN s'aperçoive subitement que l'état de l'usine Socatri nécessite l'arrêt de son fonctionnement : l'ASN a-t-elle été incompétente en ne détectant pas cette situation, ou bien a-t-elle fait preuve d'une coupable permissivité ? En tout état de cause, s'il est évident que la Socatri-AREVA est coupable, il en est certainement de même pour l'ASN dont les responsabilités doivent être sanctionnées ».

Sources :

http://www.laprovence.com/articles/2008/07/10/510720-A-la-une-Tricastin-un-rapport-qui-accuse.php
http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200828/tricastin-des-ecarts-deja-signales-_132149.html




Après les fuites radioactives apparues dans une centrale nucléaire, au Japon, le 14 juin 2008, suite à un tremblement de terre, et en dépit des normes de constructions parasismiques, après les fuites constatées aussi, en Allemagne, le 25 juin 2008, dans la mine de sel de Basse Saxe recevant les déchets nucléaires, allons-nous finir par comprendre, avertissement après avertissement, qu’un nouveau Tchernobyl est statistiquement probable et qu’il est tant de protéger l’Europe tout entière d’une menace de moins en moins bien maîtrisée. Il y va de notre avenir.


La France, avec ses 58 centrales, la seule au monde à produire 80% de son électricité par le nucléaire, est enfermée dans une logique dangereuse et rendant très difficile le passage aux énergies de l’avenir, renouvelables. Le pari que l’automobile électrique va supplanter l’automobile à carburant pétrolier est à peu près aussi insensé que l’idée selon laquelle les agrocarburants pourraient remplacer l’essence ou le gasoil. La sortie de l’ère du tout pétrole et du tout nucléaire est inéluctable ; le temps des sources d’énergies multiples s'est ouvert, trop timidement, mais de façon irréversible.

Nous voici avertis de nouveau : s’enfoncer dans l’impasse nucléaire peut coûter très cher à l’humanité, un coût qui, au-delà de l’échec financier, peut conduire à une catastrophe historique.

Pierrette Borgne et Jean-Pierre Dacheux

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