Il est des écrits anciens d'une surprenante actualité! Buffon (1) fut un géant de la pensée, celui qui effectua l'une des plus célèbres et immenses approches scientifiques de la nature (2). Et voici que son propos nous rattrape! Notre rapport à l'animal est malsain explique-t-il. Nous lui faisons la guerre. Nous sommes le plus dangereux des prédateurs. Et tout cela par ignorance, excès et intempérance. À lire et relire absolument. Nous voici re-prévenus. Mais cette fois nous arrivons presque au terme du processus : "l'homme se détruit lui-même".
Buffon (1707-1788)
"L'homme sait user en maître de sa puissance sur les animaux, il a choisi ceux dont la chair flatte son goût, il en a fait des esclaves domestiques, il les a multiplié plus que la nature ne l'aurait fait, il en a formé des troupeaux nombreux, et par les soins qu'il prend de les faire naître, il semble avoir acquis le droit de les immoler; mais il étend ce droit bien au-delà de ses besoins,car indépendamment de ces espèces qu'il s'est assujetties et dont il dispose à son gré, il fait aussi la guerre aux animaux sauvages, aux oiseaux, aux poissons, il ne se borne pas même à ceux du climat qu'il habite, il va chercher au loin, et jusqu'au milieu des mers, de nouveaux mets, et la nature entière semble suffire à peine à son intempérance et à l'inconstante variété de ses appétits.
L'homme consomme, engloutit lui seul plus de chair que tous les animaux ensemble n'en dévorent, il est donc le plus grand destructeur et c'est plus par abus que par nécessité; au lieu de jouir modérément des biens qui lui sont offerts, au lieu de les dispenser avec équité, au lieu de réparer à mesure qu'il détruit, de renouveler lorsqu'il anéantit, l'homme riche met toute sa gloire à consommer, toute sa grandeur à perdre en un jour à sa table plus de biens qu'il n'en faudrait pour faire subsister plusieurs familles, il abuse également et des animaux et des hommes dont le reste demeure affamé, languit dans la misère et ne travaille que pour satisfaire à l'appétit de cet homme , qui détruisant les autres par la disette, se détruit lui-même par les excès."
Extrait de l’article sur le bœuf dans les Œuvres de Buffon, parues dans Bibliothèque de la Pléiade chez Gallimard. Tome V, Quadrupèdes. Animaux domestiques. Le bœuf. p. 41. Cité dans Le Monde du 16.03.2007 et réédité sur Agora au Canada (3).
(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges-Louis_Leclerc,_comte_de_Buffon
(2) http://www.buffon.cnrs.fr/
(3) http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Consommation--La_gloire_de_consommer_par_Buffon
Ce texte nous a été remis en mémoire par Paruss, une association amie.
Consultez son site :
http://www.paruss.net/
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