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vendredi 25 janvier 2008

Biodiversité : l’autre choc, l’autre chance

Un sénateur qui parle clair: Claude Saunier! Peu me chaut que je ne partage pas tous ses choix politiques. Ce qu'il dit, écrit et fait mérite l'examen. Mieux, cela fait partie des "infos décisives". J-P D.

Le Grenelle de l’environnement a eu le mérite de faire entrer les enjeux environnementaux dans le débat politique. Mais l’absence de mesures budgétaires dans le Projet de Loi de Finances pour 2008, tout comme la précipitation à terminer des projet autoroutiers, donnent un signal négatif aux citoyens. Malgré les interrogations actuelles sur les suites du Grenelle, nous devons continuer à approfondir le travail déjà réalisé.

C’est notamment le cas pour la biodiversité. Les conclusions du Grenelle se sont concentrées sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en minimisant la crise de la biodiversité.

Dans le cadre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, avec le sénateur Pierre Laffitte, je viens de publier un rapport ("La biodiversité : l’autre choc, l’autre chance" (1)), qui fait suite à une étude sur le changement climatique et la crise énergétique. Elle aborde le thème de la biodiversité, moins présent dans l’opinion publique, mais tout aussi important pour l’avenir de la planète.

Chaque année, des milliers d’espèces animales ou végétales disparaissent. En 2050, le rythme de disparition pourrait être de cent à mille fois supérieur au rythme naturel. La destruction des forêts tropicales humides se poursuit, aggravant le changement climatique, qui lui-même aggrave la crise de la biodiversité. Les pressions exercées par l’Homme sont en cause.

Le rapport propose dix grandes mesures. Sur le plan international, nous devons créer une organisation onusienne comparable au GIEC (pour le climat) afin d’unifier le droit international et d’appuyer les pays en développement (2). Nous devons protéger la forêt tropicale en l’insérant dans les mécanismes de Kyoto (dans sa deuxième phase), comme cela est évoqué dans l’accord de Bali. Sur le plan européen, nous demandons un moratoire sur la progression de l’utilisation des biocarburants après 2012. L’objectif de 5,75% d’ici cette date a des effets pervers sur la biodiversité en conduisant à une dégradation des sols. La deuxième génération de biocarburants pourrait ensuite lever ce moratoire.

La France doit faire porter ses efforts sur l’Outre-mer en accentuant les mesures de protection. Elle doit mettre fin aux excès de l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie et en Guyane. D’autre part, notre pays doit s’engager davantage dans la lutte contre l’étalement urbain, et instituer une éco-conditionnalité dans toutes les opérations d’aménagement du territoire.

Nous devons nous garder de basculer dans une vision pessimiste face à l’enjeu que représente la biodiversité. C’est le sens des mesures fiscales que nous proposons, qui visent à insérer les services rendus par les écosystèmes dans le calcul économique. Dans cette optique, nous devons instaurer progressivement une taxe pollueur-payeur assise en partie sur la production de produits chimiques, d’engrais et de produits phytosanitaires. C’est également une taxe internationale sur le transport de produits non-certifiés qui est sollicitée.

Si la résolution de la crise de la biodiversité passe par des efforts accrus en matière de conservation, cette contrainte peut se transformer en opportunité économique. Cela nécessite un véritable débat démocratique entre politiques, scientifiques et citoyens. Une valorisation durable de la biodiversité serait l’un des ressorts d’une nouvelle révolution industrielle et une nouvelle frontière de développement durable pour notre société.

(1) Le rapport est accessible en intégralité sur le site du Sénat : www.senat.fr/noticerap/2007/r07-131-notice.html
(2) Quatre-vingts spécialistes de la biodiversité - rassemblés au sein du comité de pilotage d’IMoSEB (Mécanisme mondial d’expertise scientifique sur la biodiversité) - ont appelé les gouvernements à se joindre à un mécanisme international d’expertise créé sur le modèle du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution climatique), à l’issue d’une réunion qui s’est tenue, du jeudi 15 au samedi 17 novembre, à Montpellier (Voir Le monde du 20 novembre 2007)

Claude Saunier, sénateur des Côtes d’Armor, conseiller de VivAgora
Source : http://www.vivagora.org:80/spip.php?article215

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